Cette série de photographies oscille avec fluidité entre portrait et photographie de nature. Les sujets de Tomas, souvent placés en étroite relation physique ou symbolique avec des éléments tels que l’eau, le feuillage ou la lumière, sont représentés dans des moments d’immobilité qui suggèrent le mouvement, la transformation ou l’introspection.
Une image peut représenter une silhouette partiellement immergée dans un ruisseau, la tension superficielle reflétant l’expression contemplative de la personne. Une autre peut montrer des membres étendus dans une végétation dense, où la forme humaine et la vie végétale se chevauchent dans la composition et la texture. « Mes images témoignent des expériences que je vis avec les sujets que je photographie », explique Ruben Tomas. « Ces images resteront alors là pour l’éternité, pour se souvenir de tous ces moments… Dans mon cœur, dans mon âme, avec tout mon amour. »

Tout au long de l’exposition, Ruben Tomas utilise une palette de tons naturels et discrets qui attirent l’attention sur les qualités tactiles : cheveux mouillés, écorce texturée, lignes subtiles de la peau sous une lumière douce. Les photographies ne semblent pas mises en scène au sens traditionnel du terme, mais elles sont le fruit d’une mise en scène précise. Comme le décrit Tomas, il visualise souvent des gestes ou des poses spécifiques avant la prise de vue, travaillant à une image pré-imaginée qui capture ce qu’il appelle des moments « véridiques ».
« J’ai des visions lorsque je fais des portraits », dit-il. « Je les vois d’une manière spécifique, dans une pose particulière, avec leurs mains et leurs bras dans une certaine position, et effectuant un mouvement particulier. C’est ainsi que je les vois, alors je les dirige et j’obtiens l’image que j’avais en tête. C’est comme un tourbillon de créativité qui s’approfondit, révélant des images toujours plus vraies. C’est ainsi que je m’efforce d’être le plus honnête possible. »
Cette intentionnalité transparaît dans le rythme de la série. Le flux des images – des scènes forestières denses aux espaces ouverts minimalistes – suggère une chorégraphie délibérée. Plutôt que de présenter des œuvres isolées, l’exposition se lit comme un essai visuel sur la coexistence et l’identité au sein du monde naturel.

Né à Valence, en Espagne, Ruben Tomas mène une carrière pluridisciplinaire mêlant photographie, théâtre et mannequinat. Son travail a été exposé à Los Angeles, Bruxelles et Anvers, et a paru dans de nombreuses publications mode et culture. Dans « Symbiosis », Tomas canalise sa mémoire personnelle et son intuition esthétique dans une œuvre qui cherche à refléter non seulement ce qu’il voit, mais aussi ce qu’il ressent.
L’évènement est organisé par Squadra, un collectif de galeries fondé en 2022 par Julien Alamo, Carla de la Matta et Emmanuel Barbault. Squadra vise à soutenir un large éventail de talents artistiques et s’appuie sur les ressources de Picto et de la plateforme photographique Photographize. La collaboration entre ces entités s’inscrit dans l’objectif de Squadra de créer un espace pour les artistes émergents et confirmés. Cette exposition en est un exemple : elle invite les visiteurs à s’intéresser à une pratique photographique qui met l’accent sur l’observation silencieuse, la connexion sensorielle et la frontière floue entre l’humain et son habitat.
« Symbiosis » de Ruben Tomas , est à voir du 23 mai au 22 août 2025 à Picto New York, à Brooklyn.