Dès les premières lignes du texte qui accompagne l’exposition, on nous le rappelle : lors de son élection, Donald Trump a recueilli 80% des voix des évangéliques blancs. Dans cette Bible belt, à l’écart des grandes villes et de l’intelligentsia, la religion est centrale, mais surtout multiple. Si la plupart des Américains se déclarent chrétiens, nombreuses sont les Églises qui ne dépendent d’aucune obédience classique et chacune rivalise d’originalité pour attirer les fidèles. En partant à la rencontre de ces communautés, Cyril Abad a croisé la route de croyants pas tout à fait comme les autres.
Pasteur-nomade
“Thank you for not clothing” (Merci de ne pas vous habiller). Le message est clair dans cette première image qui ouvre l’exposition. Dans cette petite communauté à moins de deux heures de Richmond (Virginie), on se présente dans son plus simple appareil pour célébrer la parole de Dieu. Nombreux sont les pasteurs qui ont su faire preuve de créativité pour rassembler leurs brebis égarées à l’heure où les églises se vident. Pour parer à cela, l’Église des disciples du Christ en Floride propose depuis 63 ans une messe à l’emplacement d’un ancien cinéma en plein air. En lieu et place du grand écran, le pasteur et un pain de messe surdimensionné, visible des paroissiens confortablement installés dans leur voiture climatisée.
Moderne, l’Église se veut aussi mobile comme l’a compris cet ancien cycliste professionnel qui sillonne le Maryland sur son Cross-Bike à néons (« vélo-croix ») et qui confie au photographe vouloir prêcher la bonne parole auprès des jeunes fêtards ou comme ce pasteur-nomade qui officie dans sa chapelle à roulette.
Résurrection
Assister à la Passion du Christ ou se balader dans l’Arche de Noé, c’est désormais possible grâce à ces parcs d’attractions 100% bibliques qui fleurissent un peu partout aux États-Unis. «L’offre religieuse protestante se réinvente en adoptant les codes du libéralisme» explique le photographe qui immortalise la foule contemplant la crucifixion du Christ au pied d’une colline en carton-pâte ou cette Arche de Noé monumentale, nouveau temple du créationnisme. Une starification de la Bible qui séduit les foules, mais qui inquiète également les associations de protection de l’enfance qui attaquent régulièrement en justice le parc créationniste. En attendant, les fidèles affluent et pose fièrement aux côtés d’un Jésus, méticuleusement choisi et aux gestes étudiés, devant l’objectif de Cyril Abad.
Par Coline Olsina
Cyril Abad, “In God We Trust”
Du 31 août au 15 septembre 2019
Couvent des Minimes, 12 Rue Louis Bausil, 66000 Perpignan