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Donner son œil aux chats

Donner son œil aux chats

Pendant soixante-quinze ans, Walter Chandoha a photographié des félins. Pas moins de 200.000 clichés dont une partie est réunie dans un vaste catalogue publié chez Taschen.

L’une des œuvres les plus célèbres du photographe, intitulée à juste titre “La Mafia”, se caractérise par la présence de félins à l’air inquiétant. New Jersey, 1961. © 2019 Walter Chandoha

Un cri qui change une vie. Un petit cri dans la nuit à New York au fond d’une ruelle enneigée. Nous sommes en 1949 et un homme tend ses oreilles tandis qu’il passe par ici. Là, dans un recoin, se tient un chat abandonné qui hurle de famine. L’homme le prend dans ses bras, le recueille chez lui et lui donne à manger. C’est Walter Chandoha et son destin bascule ce jour-là : il deviendra le plus grand photographe de chats que l’histoire a connu. Des milliers et des milliers d’images, des centaines de couvertures de magazines, des dizaines d’ouvrages publiés sur le sujet… Une vie dédiée à la prise de vue du félin sous toutes ses coutures. 


Des badauds devant l’animalerie “Fabulous Felines”. New York, 1961. © 2019 Walter Chandoha

Quatre pattes 

La photographie accompagnait déjà Walter Chandoha quand ce chat a surgi dans la nuit. Adolescent, il était passionné par les livres consacrés à l’image et pendant la Seconde Guerre mondiale, jeune adulte, il sera envoyé dans le Pacifique pour couvrir les actions des soldats américains. « La guerre m’a appris à être réactif, à m’adapter, à improviser et à bricoler avec l’équipement disponible pour obtenir le cliché voulu », raconte-t-il en introduction du livre Cats publié chez Taschen. Une leçon qui lui servira toute sa vie pour attraper la silhouette filante de ces compagnons à quatre pattes. Car Walter Chandoha a développé au fil de sa vie un talent inouï pour fixer l’image de ces animaux langoureux et changeants, aux caractères parfois capricieux. 


Le fougueux Loco. Un chat Bleu Russe errant récupéré d’une rue enneigée de New York par Walter Chandoha et qui allait lancer son travail photographique sur les chats. Astoria, 1951. © 2019 Walter Chandoha

Six projecteurs

Le photographe pouvait compter sur sa femme qui savait apaiser les chats à force de caresses et les préparait pour la prise de vue. Avant une séance photo, elle passait du temps en leur compagnie, puis elle finissait par dire à Walter que les bêtes étaient prêtes. La plupart du temps, il les photographiait en studio, sous la lumière de six projecteurs. Il utilisait des appareils photo qu’il estimait les mieux faits pour « contrôler l’image en permanence », comme il l’a expliqué, par exemple un Hasselblad, un RB67 ou un Nikon. L’important était de pouvoir capter les mouvements parfois extrêmement vifs des chats et parvenir à en rendre une image nouvelle et fidèle à leur nature. Le sujet des félins a ouvert chez Walter Chandoha « un horizon infini de possibilités » comme il aimait le souligner. L’horizon d’un beau livre qui lui rend hommage. 


​​​​​​Persian, New Jersey, 1961. © 2019 Walter Chandoha

Chatons siamois, New Jersey, 1962. © 2019 Walter Chandoha

Par Jean-Baptiste Gauvin

Walter Chandoha. Cats. Photographs 1942-2018

Walter Chandoha, Susan Michals, Reuel Golden 

Relié, 226 pages

40 € 

https://www.taschen.com

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