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Les scènes de genre de Catherine Balet

Les scènes de genre de Catherine Balet

Les derniers travaux de Catherine Balet sont actuellement exposés à la galerie Thierry Bigaignon. Étonnant comme l’espace confidentiel de cette galerie entre en résonance avec les scènes d’intérieurs présentés par l’artiste. Collage, peinture ou photographie ? L’exposition « Moods in a Room » défie notre regard jusqu’au 30 mars prochain.

Moods in a Room #34 (2019). © Catherine Balet. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon.

Catherine Balet était peintre. Au tournant des années 2000, elle décide de se consacrer exclusivement à la photographie, de tout recommencer, de tout réapprendre. Sa rigueur de peintre l’oblige à tout connaître de son nouveau médium : appareils, techniques de tirages, types de papier, maîtrise de la lumière. Elle s’exerce à tous les styles, notamment grâce à sa série “Looking for the Masters in Ricardo’s Golden Shoes” dans laquelle elle recrée des scènes iconiques de l’histoire de la photographie.

« Moods in a Room » illustre ce passage. Cette transition radicale de la peinture à la photographie. Depuis sa reconversion – 20 ans donc –  Catherine Balet construit ces images comme on compose un tableau : dans le temps et la durée. Aux antipodes de l’instantané photographique, elle pratique la photographie à la manière d’un peintre. Ce qu’elle fût et demeure, malgré tout.


Moods in a Room #21 (2019). © Catherine Balet. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon.

Observatoire

On regarde les images de Catherine Balet comme on observe une scène de vie derrière une vitre. De l’extérieur. On perçoit d’ailleurs difficilement ce qui s’y joue, comme si on n’était pas derrière une vitre mais plusieurs, et qu’un jeu de reflet et de superposition brouillait notre vue. En voyeur-invité, comme au théâtre, on assiste à des moments de vie quotidienne : une jeune fille qui pianote sur son laptop, une autre qui sort du bain, un chien qui se balade sur le carrelage, une soirée canapé devant la télévision…

Pourtant chez chacun de ces personnages pensifs et passifs, on perçoit une grande solitude. L’artiste représente des instants de vie banals mais symboliques. Ceux qui caractérisent nos mode de vies actuels comme l’explique la commissaire de l’exposition Fannie Escoulen : “Isolés, face à eux-mêmes ou aliénés à leurs écrans, ces figures hiératiques évoluent dans un monde contemporain, celui de la modernité, de la technologie”.


Moods in a Room #08 (2019). © Catherine Balet. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon.

Superposer

A l’origine, il n’y a pas de page blanche ni de toile à remplir. A l’origine, il y a les images. Celles qu’elle a peintes, celles qui constituent ses souvenirs, celles qu’elle a photographié, et puis il y a celles qu’on connaît tous et celles qu’elle a glané sur internet. Jour après jour, année après année, elle accumule cette matière qui lui permettra de composer ses tableaux photographiques. À la manière d’un Léonard de Vinci, elle les superpose par couches successives tantôt transparentes, tantôt opaques. Ajoutant ici un glacis, là une touche de lumière. Un travail au long court qui lui permet d’expérimenter et de confronter les limites de la peinture et de la photographie.


Moods in a Room #36 (2019). © Catherine Balet. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon.

Déjà-vu

Ses scènes ne nous sont pas seulement familière par leur banalité. Une étrange sensation de déjà-vu s’immisce dans notre visite. Cette femme au sortir du bain ne serait-elle pas la Grande Baigneuse d’Ingres ? Et cette piscine d’un bleu électrique ne résonne-t-elle pas avec celle de David Hockney ?

Dans l’intimité de ces décors ordinaires, elle invite des célébrités. Bacon, Manet, Monory, Botticelli font des apparitions discrètes, s’immisçant dans la peau d’un jeune couple ou d’une adolescente mélancolique. Est-ce son passé de peintre qui l’attache ainsi à l’histoire de l’art et à ses icônes ? Paradoxalement, la photographie semble être un moyen pour Catherine Balet de lui rendre hommage. Un hommage aux sources de l’art. De son art.


Moods in a Room #15 (2019). © Catherine Balet. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon.

Moods in a Room #22 (2019). © Catherine Balet. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon. 

Moods in a Room #01 (2019). © Catherine Balet. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon. 

Moods in a Room #24 (2019). © Catherine Balet. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon.

Moods in a Room #14 (2019). © Catherine Balet. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon.

Moods in a Room #32 (2019). © Catherine Balet. Courtesy Galerie Thierry Bigaignon.

Par Coline Olsina

Catherine Balet, Moods in a Room

Du 7 février au 30 mars 2019

Galerie Thierry Bigaignon, 9 rue Charlot 75003 Paris

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