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Erwin Blumenfeld : la photo de mode à l’épreuve du dadaïsme

Erwin Blumenfeld : la photo de mode à l’épreuve du dadaïsme

Jusqu’au 14 avril, le FOAM propose une rétrospective dédiée aux œuvres couleur du photographe de mode allemand Erwin Blumenfeld (1897-1969). Retour sur une œuvre pionnière dont les partis pris continuent d’alimenter les imaginaires de la photographie de mode.

Des débuts marqués par le dadaïsme

On trouve dans le parcours de vie d’Erwin Blumenfeld de nombreuses clés pour comprendre son œuvre et son langage photographique. Un premier appareil reçu à l’âge de 10 ans et qui lui permet de découvrir « la magie de la chimie, le jeu avec la lumière et les ombres ». Une période active au sein du mouvement dada hollandais (dont il s’autoproclame directeur en 1918 avec Paul Citroën) et durant laquelle il produit quelques œuvres sous le nom de Jan Bloomfield (collages, textes, photomontages …). Des débuts dans l’art et la photographie marqués par les jeux de chimie, de contrastes, les collages qui préfigurent déjà sa signature, l’expérimentation formelle et éditoriale.


Variant of the photograph published in Vogue US August 1st 1950 p63 (model : Dovima) © The Estate of Erwin Blumenfeld

Années 40-60 : l’avènement couleur 

S’il est d’abord surtout connu pour ses photographies en noir et blanc (Sur la tour Eiffel, 1938), c’est à partir des années 40, au moment de son installation à New York, que Blumenfeld parachèvera son style couleur. Propulsé par Cécil Beaton qui admire son travail, il publie fréquemment pour de grands magazines : Harper’s Bazaar, Vogue, Life, Cosmopolitan, etc. Il réalise le portrait de plusieurs icônes : Audrey Hepburn, Marlene Dietrich, Grace Kelly et plusieurs de ses couvertures marqueront les esprits : celle en soutien à la Croix Rouge en 1945 dans Vogue et son Œil de biche, toujours pour Vogue, en 1949. Le succès d’Erwin Blumenfeld – qui devient rapidement le photographe le mieux payé de son époque – réside alors dans son urgence à se départir des codes de la photographie publicitaire. 

“Rage of color”, Look, October 15th, 1958. (models from left to right : Renée Breton, Tess Mall, Dolores Hawkins, Anne St. Marie, Bani Yelverton) © The Estate of Erwin Blumenfeld

Une approche radicale et pionnière 

Guidé par son goût pour l’avant-garde et sa culture européenne, il refuse de s’en tenir aux cahiers des charges qui lui sont imposés pour proposer quelque chose de neuf. Le style Blumenfeld c’est le décentrement de l’objet publicitaire, le recours à des modèles inconnus et jusqu’alors jamais vus – il sera l’un des premiers à faire poser une mannequin noire et des jeux graphiques autour des formes et des couleurs (solarisation, fragmentation, jeu de diapositives, etc.). François Cheval dans la préface de sa biographie résume ainsi son travail : « L’audace des poses et des cadrages s’accommode de la sobriété de la composition. Finalement, l’objet même de la commande, le vêtement, il s’en moque. Il détourne cet objet. Voilà le plaisir. » 

Une approche radicale et expérimentale qui inspirera de nombreux photographes à sa suite, de Guy Bourdin à Warren du Preez…


Pat Blake for Vogue NY, 1954 © The Estate of Erwin Blumenfeld 

Untitled (model : Susan Jenks), circa 1946 © The Estate of Erwin Blumenfeld

Minaudière Evans. Earrings Ledo. Bracelet Henri Bendel (model : Victoria von Hagen). > Variant opf the photograph published in the article “The Same Face” in Vogue US, October 15th, 1952, p.56 © The Estate of Erwin Blumenfeld

Par Sophie Puig

Erwin Blumenfeld

Du 15 février au 14 avril 2019

Foam Fotografiemuseum, Keizersgracht 609, 1017 DS, Amsterdam

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