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Wim Wenders par Wim Wenders

Wim Wenders par Wim Wenders

Du 18 au 22 avril, une installation visuelle conçue par le cinéaste Wim Wenders prendra ses quartiers sous la nef du Grand Palais à Paris. Titré (E)motion, ce dispositif se veut une rétrospective singulière des films de Wim Wenders. Le commissaire de l’exposition Jérôme Neutres, qui est à l’origine de l’idée, a répondu à nos questions.

© Rmn – Grand Palais / Nicolas Krief, Paris 2019

À quoi va ressembler cette installation ?

Il s’agit de ce que j’appelle un « objet plastique non-identifié ». J’ai convaincu Wim Wenders de se pencher sur deux aspects de son travail de cinéaste qui en font un plasticien : le montage et la photographie. Comme le disait le fondateur de la Cinémathèque française, Henri Langlois, le cinéma c’est aussi « un art plastique ». Wim Wenders est un formidable plasticien. Pour une fois, nous allons donc laisser tomber le côté narratif du cinéma pour nous concentrer sur sa plasticité, son esthétisme. Des Ailes du Désir à Paris, Texas en passant par ses récents documentaires, nous allons embrasser toutes les œuvres de Wim Wenders dans une déambulation singulière qui fera penser à celle qu’on observe dans les expositions de peinture. Nous avons ainsi divisé l’espace en plusieurs thématiques : « Le mouvement », « Le voyage », « Le visage »… Il n’y aura pas d’écran blanc comme dans une salle de cinéma. Les films seront projetés directement sur les murs.

En quoi allez-vous proposer une expérience immersive ?

Je pense que toute exposition est une expérience immersive. Quand j’ai réalisé celle de Bill Viola au Grand Palais en 2014, je n’ai pas hésité à proposer des salles complètement plongées dans le noir. Je le revendique. Je crois qu’il faut réaliser une expérience à la fois physique, sensuelle et onirique. Nous avons la chance de pouvoir faire cette exposition dans un lieu immense et impressionnant. La nef du Grand Palais fait 200 mètres de long, 60 mètres de large et 48 mètres de haut. Vous imaginez le potentiel ! D’autant que le cinéma est fait pour être vu sur grand écran. Il n’y a rien de mieux que d’être recouvert par l’image et cela vient d’un art très ancien, déjà présent dans la peinture. Si vous voyez la fresque de Giotto à Assise vous avez la sensation du cinéma, c’est déjà immersif.


© Rmn – Grand Palais / Nicolas Krief, Paris 2019

Et vous vous appuyez sur de nouvelles technologies…

Oui, absolument ! Cette installation a été possible au moment où on a découvert des projecteurs 4K tout à fait exceptionnels et d’une qualité incroyable. Quand j’ai assisté aux essais, j’ai été vraiment surpris. C’est un pari que nous faisons en diffusant les images de Wim Wenders avec cette nouvelle technologie, mais même s’il y a un risque, c’est excitant ! Dans tous les cas, cela nous force à réfléchir à ce qu’est une exposition et nous empêche de tourner en rond.

Oui, d’autant que Wim Wenders a mis la main à la pâte ?

Avec ce projet, Wim Wenders a dû se confronter à son passé de cinéaste. Il a accepté de monter une nouvelle fois ses images. Il s’agit d’un nouveau film que nous allons pouvoir regarder dans des conditions différentes de celles du cinéma. Wim Wenders a dû recréer une œuvre, ce qui n’est pas facile. Mais en même temps, c’est cela qui est intéressant. Je pense que de facto c’est un autoportrait que nous allons montrer, même s’il ne s’agit pas d’un autoportrait au sens littéral du terme. Il y a en tout cas quelque chose de rétrospectif.

Pourquoi avoir choisi Wim Wenders ?

Parce que c’est quelqu’un qui a très tôt et toujours eu ce côté plasticien que j’ai cherché pour cette installation. Wim Wenders a par exemple exposé plusieurs fois ses photographies. Il a cette caractéristique d’avoir travaillé énormément sur l’esthétique de ses films et je pense qu’il y a comme une évidence à le convier à faire un film d’artiste sur son œuvre. C’est quelqu’un qui accepte de faire quelque chose d’expérimental et cela est courageux, cela montre qu’il sait prendre des risques.


© Rmn – Grand Palais / Nicolas Krief, Paris 2019 

© Rmn – Grand Palais / Nicolas Krief, Paris 2019 

© Affiche Rmn-Grand Palais, Paris 2019

Par Jean-Baptiste Gauvin

(E)motion

Du 18 avril au 22 avril 2019

Grand Palais 3 Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris Entrée gratuite

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