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Par la fenêtre d’André Kertész

Par la fenêtre d’André Kertész

La galerie Bruce Silverstein à New York présente jusqu’au 4 mai la série Window Views d’un des pionniers de la photographie : André Kertész. Depuis son déménagement aux États-Unis en 1952, jusqu’à sa mort en 1985, le photographe hongrois a photographié avec méditation de la fenêtre de son appartement du 12e étage donnant sur Washington Square Park.

A Winter Garden, New York, 1970 © The André Kertész Estate, courtesy of Bruce Silverstein Gallery, New York

Fragments de vie urbaine

Ces images de Kertész sont des fragments de vie urbaine. Prises en hauteur, on ne perçoit presque aucun visage. Le jeu de perspective et d’ombre est accentué par le contraste du noir et blanc. C’est le photographe voyeuriste par excellence. Aujourd’hui, il est difficile de voir ces photos sans penser à leur évolution moderne : les images de drones et de surveillances. Mais, le travail de Kertész n’est pas documentaire ou visionnaire, tout au contraire. Les photographies sont des abstractions modernistes, où le cadre de l’appareil photo s’ajoute au cadre de la fenêtre. Dans une des photographies, on aperçoit les tours jumelles, un rappel que cette série est aussi un témoignage d’une époque, des saisons qui passent et d’un paysage urbain fluctuant.


Buy Bud (Billboard), 1962 © The André Kertész Estate, courtesy of Bruce Silverstein Gallery, New York

Un cadre émotionnel

L’exposition comprend aussi des polaroids en couleur que Kertész a pris après la mort de sa femme, et qui sont présentés comme une deuxième partie de la série. À cette période, en plein tourment émotionnel Kertész expérimente. Les polaroids montrent moins une vision voyeuriste de l’extérieur, mais plutôt une introspection, visible par un repli intérieur des scènes photographiées. Il ne s’agit plus de la rue ou du bâtiment d’en face, mais plutôt du rebord de la fenêtre, du jeu de lumière avec les carreaux, de la juxtaposition d’objets.


December 1, 1979 © The André Kertész Estate, courtesy of Bruce Silverstein Gallery, New York

Entre isolation et poésie

Toute cette série reflète aussi un sentiment d’isolation, une impression de ne pas appartenir à cette ville tout en essayant de comprendre sa terre adoptive. L’appareil pointe certes vers l’extérieur, mais les photographies positionnent le spectateur au sein de l’intimité du photographe, de son chez-soi. Même si Kertész ne se sentait pas à sa place à New York, c’est au bord de la fenêtre qu’il arrive à y trouver une certaine poésie.


Washington Square Day, 1954 © The André Kertész Estate, courtesy of Bruce Silverstein Gallery, New York

Snow Covered Streets and Roof Tops, January 30, 1961 © The André Kertész Estate, courtesy of Bruce Silverstein Gallery, New York

Washington Square Arch, February 24, 1966 © The André Kertész Estate, courtesy of Bruce Silverstein Gallery, New York

Par Claire Debost

André Kertész, Windows Views

Du 28 mars au 4 mai 2019

Bruce Silverstein Gallery, 529 W 20th St, New York, NY 10011, États-Unis 

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