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Petits monstres des profondeurs

Des photographies de larves de poissons sont présentées dans le Jardin des Plantes à Paris. Une occasion de voir ces drôles de bestioles qui ressemblent à d’étranges extra- terrestres.


Alosa alosa © Nalani Schnell-Aurahs

Ils ont des yeux énormes, globuleux, des nageoires immenses, des épines partout sur le corps… Les larves de poissons photographiées par Nalani Schnell, chercheuse au Muséum national d’Histoire naturelle, ont d’étonnantes formes et couleurs. Ils ne ressemblent absolument pas à ce qu’ils seront quand ils deviendront grands. « C’est ce qui me fascine avec les larves de poissons » témoigne la chercheuse, « il y a une métamorphose extraordinaire. Ils n’ont pas du tout le même visage quand ils sont au stade de la larve que quand ils deviennent adultes. » Une métamorphose qui peut durer quelques heures ou quelques jours pour les poissons des récifs coralliens, parfois beaucoup plus longtemps. 50 jours pour une sardine ou une morue par exemple. Pour certaines anguilles, la phase larvaire dure pas moins de deux ans ! 

15.000 larves 

Pour rendre une image de ces très jeunes poissons, Nalani Schnell a développé un système singulier. Elle se sert d’un « microscope binoculaire » comme elle l’appelle, utilisant la profondeur de champ de l’outil et sa précision pour cerner des êtres vivants d’une vingtaine de millimètres seulement. Pour l’exposition elle a passé au crible 165 larves différentes. Mais elle réalise ce travail photographique depuis 2014 et il lui reste environ 15.000 types de larves à immortaliser par l’image, chiffre colossal d’une collection commencée par le Muséum en 1966 et qui contient principalement des espèces du Pacifique et de l’Antarctique. Nalani Schnell se sert d’un fond noir pour les larves qui ont été fixées dans le formol et d’un fond blanc pour celles qui ont été traitées chimiquement. Celles-ci ont des teintes rouges pour leurs os et bleues pour leurs cartilages. Toutes les photographies sont celles d’êtres vivants morts, conservés dans l’alcool ou le formol. Pour prendre des photographies de larves en train de vivre, c’est évidemment beaucoup plus difficile, pour ne pas dire impossible. « Quelques plongeurs essaient » confie Nalani Schnell qui a déjà donné une conférence sur le sujet. 


Myripristinae sp. © Nalani Schnell-Aurahs

Masturus lanceolatus © Ralf Aurahs

Par Jean-Baptiste Gauvin 

Les petits des poissons 

Du 1er avril 2019 au 5 janvier 2020

Jardin des Plantes, 57 Rue Cuvier, 75005 Paris 

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