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D'un Maroc au temps suspendu

D’un Maroc au temps suspendu

À l’occasion de la troisième biennale des photographes du monde arabe contemporain, la galerie Clémentine de la Féronnière réunit les travaux marocains de trois de ses artistes : FLORE, Marco Barbon et Adrien Boyer. Trois propositions photographiques bien distinctes qui donnent du pays une vision introspective et atemporelle.

Le vieux qui regardait la mer © FLORE

Pour sa troisième édition, la Biennale des photographes du monde arabe fait étape à la galerie Clémentine de la Féronnière, où le Maroc revêt une image singulièrement hors du temps, dérobée de toute effervescence. Les partis pris technique et esthétique des trois photographes, pourtant, ne manquent pas de se distinguer. Là où les tirages argentiques en noir et blanc de FLORE donnent aux images l’allure de clichés anciens, retrouvés, la couleur veloutée des polaroids de Marco Barbon les rapproche d’une époque certes passée mais peu lointaine. La précision et la netteté des photographies en couleurs d’Adrien Boyer, en revanche, ancrent ses épreuves dans un temps présent, qui semble arrêté. 


Sans titre (Casablanca) © Adrien Boyer

« Le temps et rien d’autre »

Car bien plus que le critère géographique, c’est le temps et son emprise sur les lieux qui se fait dénominateur commun de cette exposition chorale. Malgré les silhouettes qui se dessinent de dos ou les traces de vie qui s’esquissent dans chaque recoin de ces trois visions, la présence la plus forte et la plus troublante reste celle d’un temps suspendu, une séquence interrompue. 

Ainsi incarné, ce personnage insaisissable qu’est le temps laisse toute la place à l’interprétation subjective des photographes, qui le modèlent en des formes très personnelles. Chaque écriture photographique, qu’elle soit narrative chez FLORE, formaliste chez Adrien Boyer ou à mi-chemin entre le fictionnel et le documentaire chez Marco Barbon, s’épanouit dans une quête déployée du côté du sensitif. Une quête qui va au-delà de la seule vision. Là où les sens, réunis en un faisceau d’indices que l’on ne peut que reconstituer en imagination, sont les seuls à pouvoir effleurer la présence temporelle, et en cerner toute l’humanité. 


Casablanca © Marco Barbon

Casablanca © Marco Barbon

Les amies © FLORE

Sans titre (Casablanca) © Adrien Boyer 

Par Anne Laurens 

Du Maroc

Jusqu’au 11 novembre 2019

Galerie Clémentine de la Féronnière, 51 rue Saint-Louis-en-l’île, Paris 4ème

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