Blind Magazine : photography at first sight
Photography at first sight
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
A ppr oc he 2019 : explosions photographiques

A ppr oc he 2019 : explosions photographiques

Chaque année, ce petit salon marchand qui se tient au même moment que Paris Photo, propose une sélection de seulement quinze artistes. Pour cette 3ème édition, Emilia Genuardi et Elsa Janssen – les créatrices du salon – ont uni leur regard à celui du critique d’art Etienne Hatt pour révéler cette nouvelle génération d’artistes qui pensent la photographie autrement.

Intuition bleue #1, 2019 © Thomas Paquet / Courtesy Galerie Thierry Bigaignon

Loin de l’agitation du Grand Palais, A ppr oc he parvient à révéler la richesse du médium photographique et l’inventivité de la jeune création contemporaine. Les quinze artistes réunis sur les cimaises de la Galerie Molière ont tous en commun d’utiliser la photographie mais rares sont ceux qui se déclarent photographes. Et pour cause ! La photographie prend ici des formes inattendues. Empoisonnée, tissée, lithographiée, surexposée, clouée, collée… elle est la matière première à des expérimentations aussi complexes que variées. 


Sans titre, 2019 © Cathryn Boch / Courtesy Galerie Papillon

Jouer avec la matière

“Une nouvelle histoire se fait jour”, écrit Etienne Hatt dans l’édito de cette nouvelle édition. En effet, à voir les travaux exposés, on comprend que la photographie prend un nouveau chemin. Ou plutôt, de nouveaux chemins. Parmi eux, il y a celui de la matière. Comme si l’image trop longtemps contemplée sur écran ou dans le flux incessant des réseaux sociaux avait perdu son sens, nombreux sont les artistes qui ressentent le besoin de lui redonner corps. Mais loin de se contenter du papier photo classique, tous explorent de nouveaux supports et de nouvelles techniques. C’est le cas de Cathryn Boch qui n’hésite pas à coudre sur les cartographies qu’elle récupère pour mieux signifier les frontières de ces territoires de migration. Dans une démarche similaire, Douglas Mandry a choisi d’imprimer des vues de glaciers des années 1920 sur du géotextile, un tissu utilisé pour ralentir la fonte des glaces. La confrontation de photographies réalisées pour promouvoir le tourisme en montagne au textile censée  protéger ces mêmes glaciers aujourd’hui menacés crée un dialogue aussi tragique qu’émouvant. Enfin, il y a ceux qui, dans l’intimité de leur laboratoire, explorent la matière photographique comme des alchimistes de l’image. C’est le cas des tableaux colorés de Laure Tiberghien, des paysages sur verre d’Anaïs Boudot ou encore des cyanotypes célestes de Thomas Paquet


Eismeer, 2019 © Douglas Mandry / Courtesy Bildhalle Gallery

Raconter autrement

En renonçant à la pratique classique de la photographie – celle qui consiste à donner une image du monde qui nous entoure –  ces artistes ont fait émerger une nouvelle façon de raconter le monde, leur monde. Et c’est non sans surprise que l’on découvre les fascinants collages de Lindsay Caldicott. Décédée à l’âge de 58 ans, Lindsay Caldicott a vécu les vingt-quatre dernières années de sa vie dans un hôpital psychiatrique. De loin, ses collages minutieusement ordonnés et assemblés décrivent des formes fantastiques et savantes. Mais en se rapprochant, l’oeil pénètre dans les images terrifiantes qui peuplent son esprit et composent ses collages. Des corps enchevêtrés, découpés, malmenés issus d’images radiographiques ou de revues médicales. Autant d’oeuvres qui évoquent la douleur d’une enfance abusée et l’angoisse de l’enfermement. Ces créations font face à celles de l’artiste sud-africaine Lebohang Kganye qui, elle, fait des surimpressions sur ses photos de famille. On la voit ainsi apparaître en transparence, tel un fantôme, aux côtés de membres de sa famille qu’elle n’a pas connu et dont elle reproduit les attitudes. Enfin, au milieu de cette inventivité débordante, il y a l’élégant travail de Noé Sendas sur le dieu Hermès, humble messager entre les hommes et les dieux, ou plutôt entre le visible et l’invisible à la manière de ces photographes d’un genre nouveau. 


Ke tsamaya masiu II, 2013 © Lebohang Kganye / Courtesy AFRONOVA GALLERY

L’Hermes au Repos (scala), 2019 © Noé Sendas / Courtesy mc2gallery

Sans titre, circa 2000 © Lindsay Caldicott / Courtesy Christian Berst art brut

Le reste des vagues, 2019 © Anaïs Boudot / Courtesy Galerie Binome

Rayon#12, 2019 © Laure Tiberghien / courtesy Galerie Lumière des roses

Par Coline Olsina

A ppr oc he 2019

Du 7 au 10 novembre 2019

Galerie Le Molière, 40 rue de Richelieu, 75002 Paris

Ne manquez pas les dernières actualités photographiques, inscrivez-vous à la newsletter de Blind.