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La science au service de la photographie

La science au service de la photographie

Steidl sort une compilation des photographies les plus connues d’Harold Edgerton, expérimentateur de génie et inventeur du flash moderne.

Gussie Moran, 1949 © 2010 MIT. Courtesy of MIT Museum

Sa carrière, Edgerton la fit au sein de la prestigieuse université américaine MIT comme professeur et chercheur en ingénierie électrique. C’est là, au début des années 1930, qu’il invente le stroboscope – un appareil permettant, par un système de flash répétés, de saisir et décomposer le mouvement des machines. « Sept 16 1930. I constructed a stroboscope […] used for observation », déchiffre-t-on sur les premières pages du livre publié par Steidl, Seeing the Unseen. Capturer ce qui n’est autrement pas perceptible a l’œil nu deviendra des lors l’obsession d’Edgerton, et sa contribution non seulement à la science mais surtout à la photographie.

« Try and see »

Au sein du Strobe Project Lab, Edgerton, que tout le monde appelait « Doc », experimentait. Il ne voyait pas la recherche sans la pratique, et ses photographies en sont le résultat. Dans des carnets quadrillés, il notait soigneusement les détails de chaque prise de vue, en y ajoutant croquis techniques et photographies de l’expérience. Le livre en contient une trentaine de pages, donnant à voir les coulisses de photographies devenues iconiques – sa pomme traversée par une balle ou l’éclaboussure en forme de couronne d’une goutte de lait, notamment.


Cranberry juice dropping into milk, 1960 © 2010 MIT. Courtesy of MIT Museum

Au fil des pages et des photographies s’étendent les progrès techniques de l’ingénieur. On commence avec des images produites a 1/50 000 de seconde pour finir par atteindre 1 millionième de seconde. Il choisit ses sujets en fonction de la vitesse nécessaire pour les capturer et augmente sans cesse – les gouttes, puis les bris de verre cassés, puis les balles de fusil. Chaque fois, il repousse le champ du visuellement possible. Au cours de ses 50 années de recherches, Edgerton s’est attaqué aux domaines du sport, de l’anatomie, de l’exploration marine, de l’ornithologie, et les a révolutionnés. Comme l’écrit en introduction Deborah G. Douglas, directrice des collections au MIT Museum, ses photographies incarnent la modernité et les idéaux d’ingénierie, au service du pouvoir, de la vitesse et de la forme. 

Mais ce que le livre pose entre les lignes la question inverse, plus intime : ne serait-ce pas plutôt la recherche de l’image parfaite qui a stimulé les avancées scientifiques d’Edgerton ? On ferme le livre avec une admiration renouvelée, en partageant son urgence de faire et de découvrir.


Diver (Charles Batterman), 1955 © 2010 MIT. Courtesy of MIT Museum

Water flowing from a faucet, 1932 © 2010 MIT. Courtesy of MIT Museum

Milk drop coronet, 1957 © 2010 MIT. Courtesy of MIT Museum

Par Laurence Cornet

Harold Edgerton, Seeing the Unseen

Publié par Steidl

208 pages, 48 euros

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