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Rock punk, DIY et photographie

Rock punk, DIY et photographie

Le célèbre photographe et réalisateur américain Michael Grecco s’est replongé dans ses archives. Les photos qui émergent de ce retour aux sources capturent toute la puissance brute du punk rock.
Billy Idol, Boston, Massachusetts, 1982 © Michael Grecco

« C’est étrange, mais d’une certaine manière, la musique punk m’a sauvé la vie », explique la musicienne Lizzie Borden, dans les pages de Punk, Post Punk, New Wave: Onstage, Backstage, In Your Face, 1978-1991, de Michael Grecco. Ce dernier a rassemblé un ensemble époustouflant de 162 photos, accompagnées de textes composés par Fred Schneider, des B-52s, et le journaliste musical Jim Sullivan.

Dès l’âge de 13 ans, Lizzie Borden, qui porte le nom d’une femme qui aurait massacré sa famille à la hache, baigne dans le rock au CBGB, épicentre new-yorkais de la scène punk émergente. « Tout était affreusement sale, brut. C’était sex, drugs and rock’n’roll, et les sanitaires étaient repoussants », raconte-t-elle à Sullivan. « C’était une communauté que tout le monde n’avait pas forcément envie d’intégrer. Mais dès qu’on y avait posé le pied, on faisait partie de la famille. On restait debout toute la nuit, on ne dormait jamais. De la drogue, encore de la drogue, toujours de la drogue. On habitait dans la rue, on squattait Alphabet City. Le punk rock, on le vivait. »

Ant Adam #2, Boston, Massachusetts, 1981 © Michael Grecco
Siouxsie and the Banshees, Boston, Massachusetts, 1980 © Michael Grecco

Guidés par leur mot d’ordre, le DIY (Do It Yourself, faites-le vous-même), les punks encouragent chaque nouveau venu à « fabriquer de l’art », sans courber l’échine et céder aux ambitions carriéristes, à la démarche commerciale ou aux faux-semblants capitalistes. Réduit à sa plus simple expression, le punk rock est bruyant, plein de fureur, et brut. Il capte ainsi le mal-être de l’adolescence. Avec le punk, quiconque est animé de l’audace de la jeunesse peut attraper une guitare, sauter sur scène, plaquer sauvagement trois accords et hurler à la lune.

Anarchie aux Etats-Unis

« Vers la fin des années 1970 et le début des années 1980, alors que je venais d’atteindre la majorité, la révolte artistique était en marche. Elle allait changer à jamais la face du monde politique et culturel », écrit Grecco dans sa préface. « C’était l’ère du punk rock, en tant qu’expression de soi, téméraire et libre, celle de la musique, de l’insolence et d’une mode qui crachait au visage des normes établies. »

Dead Kennedys #3, Boston, Massachusetts, 1981 © Michael Grecco

Issu de ce qu’il décrit comme un foyer de la vieille Italie, dans la banlieue de New York, Grecco étouffe sous le joug de la respectabilité et des règles sociétales. Le punk rock va le libérer. « Quand je suis arrivé pour la première fois dans une boite punk, à Boston, j’avais dix-huit ans, et j’ai eu soudain un sentiment d’appartenance. Je pouvais enfin être moi-même, ou tout du moins découvrir qui j’étais réellement. »

De jour, il travaille comme photographe pour l’Associated Press, et de nuit, il couvre la scène punk pour les journaux Boston Rock et Boston Herald. Pour le Boston Globe, il se pose en chroniqueur initié de l’évolution punk, post punk et new wave. Ses portraits et photos des stars de l’époque, dont les Ramones, Talking Heads, Blondie, Television, The Cramps, The Clash, Billy Idol et Siouxsie and the Banshees, pour n’en citer que quelques-uns, proposent un regard honnête sur une époque qui se défie des répressions imposées par la culture américaine conventionnelle.

Bow Wow Wow #2, Boston, Massachusetts, 1981 © Michael Grecco
Devo, Boston, Massachusetts, 1978 © Michael Grecco

Refusant de rentrer dans le rang, le mouvement punk jette alors des bâtons dans les roues de la machine, encourageant activement radicalisme et rébellion. Chanteuse du groupe Plasmatics et ancienne star du porno, Wendy O. Williams donne le ton, armée sur scène d’une tronçonneuse, d’un fusil à pompe ou d’une masse. « Pour moi », explique-elle, « le rock est une musique qui fait battre le cœur à toute allure et vous enflamme. C’est ce que je retrouve avec les Plasmatics. Ça me procure un rush orgasmique instantané. »

Par Miss Rosen

Miss Rosen est une journaliste spécialisée en art, photographie et culture, et vit à New York. Ses articles ont été publiés dans des livres, des magazines et des sites web, dont Time, Vogue, Artsy, Aperture, Dazed et Vice, entre autres.

Punk, Post Punk, New Wave: Onstage, Backstage, In Your Face, 1978-1991
Chez Abrams Books
$40,00

Poison Ivy, The Cramps, Boston, Massachusetts, 1980 © Michael Grecco

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