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Magnum met en vente une sélection de tirages marqués par l’imprévu

Magnum met en vente une sélection de tirages marqués par l’imprévu

Rassemblés sous le titre The Unexpected (L’imprévu), plus de quatre-vingt-dix tirages par les photographes de Magnum sont disponibles à la vente durant une semaine, pour 110€ chacun. Cette collection montre l’étendue et la variété de ce que la photographie peut transmettre comme moments mémorables.

Depuis ses débuts, la photographie a été associée à l’inattendu: documentation de problèmes sociaux, reportages sur les lieux d’événements se déroulant à l’autre bout du monde, ou images uniques capturant une fraction de seconde de légèreté.

Durant sept décennies, les photographes de Magnum ont ainsi rendu compte et ont été témoins d’événements qui ont changé les sociétés, les nations et les peuples de manière imprévisible. L’image de Stuart Franklin d’un homme non armé marchant devant un char lors de la répression gouvernementale de 1989 contre les manifestants étudiants sur la place Tiananmen à Pékin était un « acte de défi inattendu ». La série d’images de Paul Fusco prises depuis le train qui portait le corps de Robert Kennedy à travers les États-Unis a illustré le patriotisme des habitants de cette nation à un moment de l’histoire américaine. Cette série l’a également fait expérimenter les limites pratiques de sa photographie. La photographie de Raymond Depardon d’un jeune assis à califourchon sur le mur de Berlin le 11 novembre 1989 incarne la fin d’une époque historique. Susan Meiselas, couvrant la révolution sandiniste de 1979 au Nicaragua, a photographié Pablo « Bareta » Arauz en train de lancer un cocktail molotov dans un quartier général de la Garde nationale. Cette image est devenue un symbole inattendu de révolution, qui a résonné chez une génération toute entière et a été reproduite sur des t-shirts, des carnets d’allumettes, des peintures murales et des magazines à travers le monde.

Les histoires derrière la réalisation de ces images peuvent aussi présenter des éléments inattendus. Blind publie une sélection de ces photographies accompagnées des témoignages des photographes.

Abbas: Tokyo, Japon, 2000.

 Tokyo, Japon. 2000 © Abbas / Magnum Photos

Des colombes blanches sont conservées au sanctuaire Shinto Yasukuni, dédié au personnel militaire tué pendant les guerres du Japon. Ils sont considérés comme les esprits des défunts. Tokyo, Japon. 2000.

« Parfois, je ne photographie pas. Je m’attarde, je choisis le cadre de mon viseur, y compris tous les éléments – murs, arbres, pylônes, espaces – qui donneront l’ambiance ou le caractère souhaité, et j’attends patiemment le théâtre de la vie pour me surprendre avec des gens, des animaux, des ombres. »

Antoine D’Agata: Série sur le virus. Confinement de Paris. France, 17 mars 2020.

France. 17 mars 2020 © Antoine D’Agata / Magnum Photos

« 2020. Des événements et des impératifs inattendus, liés à l’urgence de la survie, ont transformé l’expérience vécue en objet de peurs et de révoltes invisibles. Les humains redécouvrent l’insatisfaction, se taillant leur propre destin pour devenir des protagonistes de l’Histoire. »

Eve Arnold: Marilyn Monroe lisant Ulysse de James Joyce. Long Island, New York, États-Unis. 1955.

Marilyn Monroe, Long Island, New York, Etats-Unis. 1955 © Eve Arnold / Magnum Photos

« Cette image a été réalisée par Eve lors de sa première séance photo avec Marilyn Monroe. Marilyn avait dévoilé à Eve sa personnalité détendue. Mais la photographe n’avait pas encore vraiment été témoin de la candeur de l’actrice. Ce qui suit est un extrait d’un passage du livre d’Eve, In Retrospect, dans lequel elle se souvient avoir rencontré Marilyn une deuxième fois, afin de lui montrer les photographies qu’elle avait prises:

Elle m’a rejoint à la porte dans un déshabillé noir diaphane. Elle avait une brosse à cheveux à la main. Est-ce que cela me dérangerait de passer par une interview pour un magazine européen? Presque aussitôt, la journaliste s’est présentée. Marilyn la salua, et tandis que la femme avait la tête baissée, cherchant dans son sac à main un cahier et un crayon, Marilyn lui demanda si cela lui dérangeait si elle (Marilyn) se brossait les cheveux pendant l’entrevue. Non bien sûr que non. Lorsque la femme leva la tête, Marilyn brossait ses poils pubiens.

En grande partie en raison de la décontraction de Marilyn Monroe, les deux allaient devenir proches au cours des mois qui ont suivi. »

– Michael Arnold, succession d’Eve Arnold

Nikos Economopoulos: Les femmes regardent la danse lors d’une fête locale. Avlona, Karpathos, Grèce. Août 1989.

Greece. August, 1989 © Nikos Economopoulos / Magnum Photos

« Un cercle de femmes âgées de Karpathos, et un chien inattendu, supervisent un spectacle de danse à la fête de Saint John. »

Elliott Erwitt: New York City, New York, États-Unis. 1955.

New York City, New York, Etats-Unis. 1955 © Elliott Erwitt / Magnum Photos

« Pour moi, la photographie est l’art de l’observation. Il s’agit de trouver quelque chose d’intéressant dans un lieu ordinaire. J’ai remarqué que cela n’avait pas grand-chose à voir avec les choses que vous voyez et tout à voir avec la façon dont vous les voyez. »

Stuart Franklin: « Tank Man ». Place Tiananmen, Pékin, Chine. 4 juin 1989.

Place Tiananmen, Pékin, Chine. 4 juin 1989 © Stuart Franklin / Magnum Photos

« En juin 1989, après le massacre de Pékin, un homme s’est opposé à une rangée de chars quittant la place Tiananmen et s’est ainsi inséré dans les livres d’histoire. C’était un acte de défiance inattendu, de courage aussi. Plus de trente ans plus tard, il y a encore beaucoup de choses que nous ne savons pas: ce qu’est devenu l’homme, pourquoi il portait deux sacs de courses et la nature de son échange avec le chauffeur de char. Un jour, j’espère que nous en saurons plus. » 

Paul Fusco: Train funéraire de Robert Kennedy. États-Unis. 1968.

Train funéraire de Robert Kennedy. États-Unis. 1968 © Paul Fusco / Magnum Photos

« Photographiant à la pellicule, Paul n’a jamais su exactement ce qu’il avait immortalisé jusqu’à ce que ses négatifs soient développés. Les circonstances de sa prise de vue depuis le train funéraire, en mouvement, étaient très inhabituelles et les résultats obtenus par Paul étaient inattendus. Il a écrit à propos de sa série: “Je prenais des photos de gens et j’essayais de montrer ce que l’événement signifiait pour eux, ce qu’ils ressentaient. J’étais très préoccupé par le fait que le mouvement pouvait ruiner chaque photo. J’ai commencé à me concentrer sur les sujets pour atténuer les effets du mouvement du train, en espérant que j’aurais la chance d’obtenir quelques photos utilisables. Quand j’ai commencé à éditer les images à New York, j’étais très enthousiaste et optimiste quant à leur qualité. Il n’a pas fallu longtemps pour observer des réactions et émotions fortes de la part de ceux qui les ont vues. »

– Marina Fusco Nims, succession de Paul Fusco

Bruce Gilden: New York, États-Unis. 1990.

New York, États-Unis. 1990 © Bruce Gilden / Magnum Photos

« Je ne pouvais pas en croire mes yeux quand j’ai vu les expressions sur les visages de ces deux femmes apparemment liées alors que la plus jeune poussait l’autre le long de Madison Avenue dans son fauteuil roulant. Quelle que soit la raison, sa bouche était grande ouverte. La scène évoque la relation entre une mère et sa fille: j’imaginais que la fille en avait assez et poussait dangereusement la femme plus âgée par-dessus une falaise. »

Richard Kalvar: St. Emilion, France. 1977.

St. Emilion, France. 1977 © Richard Kalvar / Magnum Photos

« Pourquoi est-ce que ce gros chien laid me harcèle soudain ??? »

« Que fait ce petit chat dans le panier familial ??? »

Harry Gruyaert: Gao, Mali. 1988.

Gao, Mali. 1988 © Harry Gruyaert / Magnum Photos

« En 1998, je travaillais sur une commande au Mali. Je logeais dans un petit hôtel à Gao, une petite ville sur le fleuve Niger. Il faisait terriblement chaud dans l’hôtel. Cherchant un peu d’air, je suis allé dans la chambre du dernier étage. Il y avait une ouverture dans le mur qui encadrait parfaitement le paysage extérieur, tandis que la lumière provenant d’une autre ouverture découpait un motif géométrique net dans l’ombre environnante. Il n’y avait aucun vent. Et juste au moment où je commençais à photographier, un courant d’air soudain a fait sauter le rideau suspendu à droite dans un angle parfait. Pour moi, la photographie consiste à essayer d’avoir de la chance. »

Rendez-vous sur le site de Magnum Photos pour achter un tirage: www.magnumphotos.com/shop.

La vente a lieu du Lundi 22 mars 9h Dimanche 28 mars minuit.

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