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La grande évasion dans la nature de Karine Laval

La grande évasion dans la nature de Karine Laval

Pendant le confinement, la photographe Karine Laval a investi son jardin, le transformant en un paysage surnaturel par la magie de ses images aux effets prismatiques.
© Karine Laval

Lorsque New York s’est soudain retrouvée confinée en mars dernier, totalement isolée du monde, le jardin de la photographe Karine Laval est devenu son oasis. Elle a passé du temps au milieu de ses fleurs, et observé leur floraison quand le printemps fit place à l’été. Si elle photographie souvent la nature, elle réalise alors qu’elle n’a jamais immortalisé son propre jardin : « J’ai donc pris mon appareil et commencé à shooter pour m’évader et lutter contre le sentiment d’enfermement et l’anxiété provoqués par la pandémie et le confinement », explique-t-elle.

Intitulées « The Great Escape » (« La Grande Evasion »), ces images sont iridescentes, et leurs verts, jaunes et roses luxuriants. Un effet miroir leur confère un aspect presque surnaturel, même si Karine Laval ne les a pas retouchées. « Les distorsions, les superpositions et les couleurs surnaturelles sont créées dans l’appareil photo, en utilisant des perspectives maladroites et des surfaces réfléchissantes comme des miroirs », explique-t-elle. Ces images sont aujourd’hui visibles sous terre à la station 42nd Street de New York, dans le cadre du programme Arts & Design de la MTA. « Le cœur de la ville et son métro sont arides et la nature n’y entre pas », poursuit Karine Laval. « J’espère donc que mon installation de photos apportera un peu de couleur dans le métro et offrira une échappatoire, un sourire sur le visage des voyageurs qui commencent à retourner au boulot, tandis qu’une énergie nouvelle s’empare de New York ré-ouverte. »

© Karine Laval

Avant d’être présentées dans le métro, Karine Laval avait exposé ses images en plein air, à l’endroit même où les photos avaient été prises : dans son jardin. Accrochées tout simplement le long d’un mur, en proie aux éléments, les tirages ont subi les effets ravageurs du temps et des intempéries, ce qui leur confère une patine unique. « Tout comme nous, à la merci de la nature et du virus, j’ai décidé de lâcher prise et de laisser les œuvres vivre sans moi, pour qu’elles subissent les altérations dues aux éléments », explique-t-elle à propos de ses images qui ont pris l’air pendant trois mois, de la fin de l’été à l’automne. « Le résultat c’est qu’elles ont été modifiées par la pluie, le vent et le soleil, livrées à elles-mêmes. »

Pour Karine Laval, qui est d’ordinaire sans cesse en mouvement, l’enfermement fut une occasion unique de voir défiler les saisons comme jamais auparavant, redécouvrant la nature à travers son petit jardin. « Une multitude d’oiseaux gazouillent et chantent mille mélodies, ce que je n’avais jamais remarqué aussi intensément que ce printemps, sans doute à cause du vrombissement de la ville en temps normal », dit-elle. « Parfois, j’ai vraiment l’impression d’être sur une île ou dans une forêt tropicale. »

© Karine Laval

Son travail témoigne du pouvoir de l’imagination, et de sa capacité à nous transporter au-delà de nos maisons, de nos villes, de notre quotidien. Les photographies de son jardin ne sont pas exactement documentaires ; elles révèlent plutôt sa vision du monde naturel : l’existence d’une merveille chatoyante en technicolor, juste derrière notre porte.

Par Christina Cacouris

Christina Cacouris est journaliste et commissaire d’expositions. Elle vit entre Paris et New York.

Voir le site de Karine Laval pour plus d’informations sur son oeuvre.

© Karine Laval
© Karine Laval
© Karine Laval
© Karine Laval

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