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Laure Tiberghien : l’alchimiste polychrome

Laure Tiberghien : l’alchimiste polychrome

L’artiste ne dispose que d’une trentaine de secondes pour réaliser ses fresques colorées selon un procédé technique particulier et délicat. En résultent de vibrants tableaux à voir à la Galerie Lumière des roses à Montreuil.

Rayon #7, 2018, Tirage chromogène – 50 x 40 cm © Laure Tiberghien, courtesy Galerie Lumière des roses

Le photographe est aussi architecte de lumière, façonneur de couleur. Il peut, avec l’appareil photographique, écrire la lumière. Mais c’est dans la chambre noire, dans l’intimité du développement de l’image, qu’il choisit la taille et la chromie du tableau. C’est au cours de cette étape, cruciale et sensible, que Laure Tiberghien ajoute une composition à celle qui vient transformer le cliché et lui confère ces teintes langoureuses comme autant de vagues colorées s’échouant sur le rivage blanc du papier. À ce titre, l’artiste utilise des papiers bien précis et notamment le cibachrome, papier créé dans les années 1980-1990 et qui n’existe presque plus aujourd’hui. Il a la faculté extraordinaire d’être quasiment translucide et ajoute aux compositions colorées de Laure Tiberghien une fragilité, une évocation fantomatique.


Rayon #3, 2018, Tirage chromogène – 50 x 40 cm © Laure Tiberghien, courtesy Galerie Lumière des roses

Rothko

On pourrait dire que les images de Laure Tiberghien sont des spectres colorés, des lueurs fragiles captées par la magie de l’épreuve photographique. Elles sont surtout d’étonnants supports à la méditation, ainsi que les toiles de Mark Rothko à qui il semble évident de la comparer. Elles ont ce même règne de la couleur qui vient perforer les impressions immédiates et nous plonge dans une contemplation plus profonde, plus près de l’âme. Elles ressemblent aussi, dans leur façonnage, à l’entreprise de peindre de Simon Hantaï qui se servait des plis pour élaborer ses grandes et magnifiques toiles. Comme chez lui, il y a un côté aléatoire dans le procédé. Certes de l’aléatoire relativement contrôlé, mais qui laisse tout de même une part d’accident dans la démarche, un goût pour l’incertain, un dévoilement final qui fait œuvre ou condamne. Un dévoilement qui continue dans l’œil longtemps après avoir regardé ces images.


 Ciba #6, 2019, Tirage Cibachrome – 90 x 70 cm © Laure Tiberghien, courtesy Galerie Lumière des roses

Ciba #2, 2018, Tirage Cibachrome – 90 x 60 cm © Laure Tiberghien, courtesy Galerie Lumière des roses

Ciba #5, 2018, Tirage Cibachrome – 90 x 60 cm © Laure Tiberghien, courtesy Galerie Lumière des roses

Par Jean-Baptiste Gauvin

Laure Tiberghien, Variations en un certain ordre assemblées

Du 20 février au 13 avril 2019

Galerie Lumière des roses, 12-14 rue Jean-Jacques Rousseau 93100 Montreuil

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