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Les précieux reflets de Valérie Belin

Les précieux reflets de Valérie Belin

Considérée comme la photographe française la plus célèbre d’aujourd’hui, Valérie Belin explore la surface, l’identité et l’artificialité à travers son travail. Chacun de ces thèmes est mis en relief dans sa dernière série Reflection, une commande du V & A de Londres s’inspirant des archives du musée.

Reflection © Valérie Belin

« Une vitrine et une photographie vous offrent la même perspective », explique Valérie Belin au sujet de sa série Reflection. Ce travail porte sur la photographie de rue et les vitrines de magasins, et s’inspire des archives du V & A, notamment des images réalisées dans la rue par Eugène Atget, Walker Evans et Lee Friedlander, ainsi que des photographies commerciales de vitrines prises par le Worsinger Window Service, une firme de New York des années 1930 spécialisée dans la documentation à propos des vitrines et des intérieurs. «La vitrine est une surface très paradoxale. Elle montre à la fois ce qui est à l’intérieur et l’extérieur qu’elle reflète.», dit l’artiste. 

Valérie Belin combine le langage visuel de la rue avec les illusions créées par la superposition des reflets. Pour ce faire, elle utilise les outils du numérique et la surimpression, poursuivant ainsi son enquête sur la tension entre le réel et l’imaginaire. «La surimpression met en forme un paysage mental intérieur et extérieur », précise-t-elle. « ll y a une dimension surréaliste dans ce travail. »


Reflection © Valérie Belin

Paradoxales 

Les matériaux de base de la série sont des photographies de vitrines prises par l’artiste avant la commande, principalement à New York. Grâce à Photoshop, Belin a créé différentes couches visuelles comprenant des photographies de plantes, d’arbres, de fleurs et des images de magazines numérisées. « J’ai également scanné des peintures classiques », détaille-t-elle. « Mon intention était d’ajouter de la texture. » Ces photographies s’apparentent à des peintures dans leur utilisation des techniques de superposition de couches, mais l’œuvre comporte également une dimension cinématographique. « J’imagine que les images apparaissent comme si elles étaient projetées sur un écran. Au lieu de disparaître rapidement pour laisser place aux autres, comme dans un film, elles s’accumulent à la surface de la photo. », dit-elle. 

La série est liée au travail précédent de Belin, qui joue souvent avec la juxtaposition et les stéréotypes. En donnant vie aux vitrines inanimées, elle aborde la question de la consommation de masse et des fantasmes que ces vitrines suscitent. «Dans une vitrine, l’on peut voir les stéréotypes liés à la beautéMon travail traite vraiment de sujets – qu’ils soient des choses ou des personnes – qui tentent d’être autres que ce qu’ils sont. »

La vitrine devient l’objet du désir, et le reflet montre ceux qui éprouvent ce désir. «Il y a toujours de la vie dans mes photos», ajoute l’artiste. « Toutes mes images sont très paradoxales, car l’on y voit la vie ou la mort, le vivant et l’inanimé, l’absence et la présence.»


Reflection © Valérie Belin

Reflection © Valérie Belin

Reflection © Valérie Belin

Reflection © Valérie Belin

Par Sarah Roberts

Valerie Belin: Reflection

22 octobre 2019 – 31 août 2020

V & A Photography Centre, Cromwell Road, Londres SW7 2RL

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