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World Press Photo 2019 : entre crises migratoires et défis écologiques

World Press Photo 2019 : entre crises migratoires et défis écologiques

Depuis 1955, le prix photo couronne les images de l’actualité les plus frappantes et convaincantes. Cette année, un grand nombre d’entre elles traitent des problèmes liés à la migration ainsi qu’à l’environnement. Une exposition à voir à la Fondazione Sozzani à Paris.

Petite fille pleurant à une frontière © John Moore, United States, Getty Images

Une petite fille est en train de pleurer de toutes ses larmes tandis qu’un garde-frontière fouille sa mère. C’est la photographie qui a remporté le premier prix du World Press Photo cette année. Elle est signée John Moore et elle est le signe d’une préoccupation croissante de notre époque : la crise migratoire qui touche diverses populations de la planète. Ici, c’est une famille hondurienne qui tente d’entrer aux États-Unis et qui se fait intercepter par la police des frontières américaine. 

Émouvante photographie évidemment, puisqu’elle montre une enfant qui ne comprend pas la situation et s’inquiète de voir sa mère mise aux arrêts par des policiers. Elle dénonce aussi fortement la politique migratoire de l’administration Trump. Elle a fait le tour du monde et a permis d’informer sur les pratiques de la police des frontières américaine, qui s’est notamment vu reprocher de séparer les enfants de leurs parents lors des arrestations. 


La caravane des migrants © Pieter Ten Hoopen

Mexique

Pour être plus forts dans ce périple entre le pays d’origine et le pays désiré, en Amérique, des migrants s’unissent. C’est le cas des caravanes qui rassemblent des personnes souhaitant entrer aux États-Unis. Le photographe Pieter Ten Hoopen a suivi l’une d’entre elles en Amérique centrale. Il relate l’entreprise extrêmement fatigante que représentent ces grandes marches du Honduras jusqu’au nord du Mexique. Des familles entières tentent d’approcher la frontière américaine. On voit la détresse sur les visages, la fatigue… 

Autre conséquence de la migration : la pauvreté. La photographe Heba Khamis s’est intéressée à un fait relativement méconnu, la prostitution de jeunes migrants en Allemagne et notamment à Berlin où elle a enquêté. Ainsi fait-elle le portrait d’un Allemand de 71 ans enlaçant un jeune migrant de 21 ans. Ce dernier a réussi à arrêter l’héroïne et travaille désormais dans un bar gay. Mais il montre combien il est difficile pour les migrants de s’intégrer en Europe. 


​​​​​Black Birds © Heba Khamis

Fleuve

Autrement triste est cette photographie d’un enfant dormant sur un matelas sale lui-même au-dessus d’un amas de déchets. C’est le cliché de Mario Cruz qui alerte sur la pollution aux Philippines et plus particulièrement sur celle du fleuve Pasig, déclaré biologiquement mort dans les années 1990. Chaque année, il déverse jusqu’à 63.700 tonnes de plastique dans l’océan. Dans certaines zones, les gens peuvent se déplacer dessus en marchant à l’instar de cette enfant qui dort littéralement dessus. 


Vivre parmi ce que nous laissons derrière nous © Mário Cruz

En Afrique, c’est un lac qui pose problème, le lac Tchad. Sa taille a été réduite de 90% durant les soixante dernières années, notamment à cause d’irrigation non planifiée et de la déforestation. À ce problème écologique, s’ajoute un problème politique majeur : le groupe djihadiste Boko Haram prolifère tandis que des éleveurs se disputent avec des agriculteurs sur fond de pénurie d’eau. C’est le reportage de Marco Gualazzini qui révèle combien le défi écologique est primordial dans cette région du monde. 

Crises migratoires, crises écologiques… Si les photographes couronnés ont été nombreux cette année à traiter ces sujets, d’autres se sont intéressés à des crises voisines, notamment la guerre. Il faut saluer le très violent, mais nécessaire reportage de Mohammed Badra en Syrie où il enregistre la douleur des enfants meurtris par les bombes. John Wessels a, quant à lui, pénétré le nord-est de la République démocratique du Congo où un conflit armé sévit depuis 25 ans tandis que le virus Ebola continue de frapper les populations. 


Combattre Ebola et les conflits © John Wessels
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© Marco Gualazzini
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© Marco Gualazzini

Par Jean-Baptiste Gauvin

World Press Photo 2019 

Du 14 novembre au 15 décembre 2019

Fondazione Sozzani, 22 rue Marx Dormoy, 75018 Paris, France

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