Acte 1 : Un continent oublié sort de l’ombre
Notre petit doigt nous dit qu’un rendez-vous majeur de la photographie va consacrer cette année une place de choix à l’Afrique et aux photographes africains. Si rien n’est confirmé, le continent sera dans tous les cas célébré en France à l’occasion de nombreux événements culturels. Et force est de constater que la création photographique africaine se tient sur le devant de la scène en ce moment. Il y a quelques semaines la photographe ivoirienne Johanna Choumali remportait le prix Pictet, l’un des prix les plus prestigieux en photographie. Alors que le Brooklyn Museum à New York prépare une exposition sur les arts africains, la photographe sud-africaine Zanele Muholi sera, quant à elle, fêtée par la Tate Modern à Londres et par la Maison Européenne de la Photographie à Paris. Nous vous en parlions, un photographe camerounais âgé de plus de 80 ans voit son œuvre redécouverte. Remarqué à Londres lors de la Contemporary African Art Fair à l’automne, il sera exposé à Tel-Aviv cette année. Un tel engouement en dit long sur les mutations à l’œuvre dans le monde de la photographie. Sous représentée dans la sphère culturelle jusqu’à présent, la création africaine bénéficie depuis quelque temps d’une reconnaissance grandissante et elle est le signe d’une époque qui change.
Acte 2 : Toujours plus d’images partagées
Pendant ce temps là, Instagram s’apprête à souffler ses dix bougies. Créée en octobre 2010, la plateforme compte aujourd’hui plus d’un milliard d’utilisateurs avec 100 millions de photos et vidéos partagées chaque jour. Elle est aujourd’hui une vitrine et un outil incontournable pour de très nombreux photographes, qu’ils soient amateurs ou professionnels. Le phénomène est à ce point significatif qu’il suscite désormais l’intérêt des institutions. L’an dernier, une exposition au SFMOMA à San Francisco s’intéressait à la circulation des images à l’heure des réseaux sociaux. Cette année, c’est le Jeu de Paume à Paris, avec son exposition Le supermarché des images, qui analyse la surabondance visuelle qui caractérise notre société. À l’heure de la crise écologique, cette dernière remet pourtant en cause son modèle de consommation : un autre défi pour les photographes.
Acte 3 : Contrôle, surveillance, identification… Une révolution à venir
Initiées par Alphonse Bertillon au début du XXème siècle, la photographie d’identité et la photographie au service de la police scientifique est en pleine mutation. Les évolutions récentes de l’intelligence artificielle ont permis d’aboutir à des techniques de reconnaissance faciale très performantes. En Chine, elle a envahit le quotidien, aux Etats-Unis elle inquiète, en France on s’interroge. Un phénomène qui n’échappe en tout cas pas aux créateurs et notamment aux photographes qui s’en emparent pour questionner notre société : le russe Egor Tsvetkov, l’américain Trevor Paglen, le duo Broomberg & Chanarin ou encore la finlandaise Miia Autio. Tous ont développé un travail personnel et critique sur ces bouleversements, pointant notamment pour certains la dérive que pourrait constituer cette nouvelle pratique en diminuant la liberté des citoyens.
Autant de sujets qui montrent la façon dont la photographie évolue à une vitesse stupéfiante. Faisant ce constat, Blind vous propose plus que jamais de prendre le temps de comprendre ces changements qui nous dépassent parfois. À travers des reportages inédits et des articles qui décryptent les phénomènes en cours dans le monde de l’image et repèrent les nouvelles initiatives, nous souhaitons vous offrir un regard complet et utile en donnant toujours autant la parole aux photographes.
Par Coline Olsina & Jean-Baptiste Gauvin
© Bashar Alaeddin
