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Contact High : l'histoire du hip-hop en photographie

Contact High : l’histoire du hip-hop en photographie

Pour inaugurer son nouvel espace dans le Lower East Side à New York, l’International Center of Photography présente CONTACT HIGH: A Visual History of Hip-hop. L’exposition (actuellement suspendue en raison de la crise du Covid-19), issue d’un livre de Vikki Tobak publié en 2018, documente la naissance et le développement du hip-hop aux États-Unis à travers des portraits emblématiques et des images inédites, loin des clichés longtemps véhiculés d’une culture tapageuse et outrancière.

Janette Beckman, “Ladies of Hip-Hop” for Paper magazine, Manhattan, 1988

Les premières images de l’exposition montrent des groupes de personnes afro-américaines dans des lieux publics ou dans des studios d’enregistrement et on met un certain temps à reconnaître un visage connu dans la multitude. Les moments sont souvent captés sur le vif, dans la spontanéité d’un après-midi passé entre amis. Ce sont les premiers moments du hip-hop : un phénomène de groupe, transdisciplinaire (des danseurs et des DJs, des grapheurs et des chanteurs) et localisés dans certains quartiers déshérités de Los Angeles ou de New York. Et si l’on insiste sur quelques lieux emblématiques, l’exposition rappelle les spécificités régionales et l’influence d’autres villes. 

Documenter le hip-hop

Au fur et à mesure de l’exposition, les images se concentrent sur une seule figure. On reconnaît les chanteurs Tupac, Salt-N-Pepa, Kool Herc et Lauryn Hill entre autres, et la liste est longue. On reconnaît aussi des portraits emblématiques, que l’on a vus et revus, qui ont forgé l’imaginaire de la scène hip-hop et ont accompagné son développement comme genre musical et aussi comme mode vestimentaire, le streetwear. Le blouson de Dapper Dan présenté dans l’exposition rappelle que ces stars se sont singularisées en se dégageant de leurs origines, tout en les revendiquant, pour se construire elles-mêmes comme de véritables oeuvres d’art. Si les chansons parlaient du vécu, les photographies et les vêtements étaient le symbole visuel de cette manière de s’affirmer soi-même, de s’émanciper et de vivre selon ses propres codes. 


Janette Beckman, Salt-N-Pepa, Shake Your Thang, New York City, 1987. © Janette Beckman, Courtesy of Fahey/Klein Gallery, Los Angeles

Une visée politique

L’exposition présente aussi de nombreuses images inédites et des planches contact des photographes Barron Claiborne ou encore Janette Beckman, longtemps gardées dans des boîtes à chaussures. Au-delà du plaisir procuré par l’impression d’entrer dans les coulisses et dans l’intimité de ces célébrités, ces planches contact dévoilent le processus de sélection des images. Les choix opérés par les photographes n’étaient certainement pas anodins, on perçoit une volonté claire de ce qu’ils voulaient montrer de ces icônes de la musique, reconnues ou en devenir, comme s’ils étaient conscients de l’impact que ces photographies auraient dans l’imaginaire collectif.

Sur certaines images, on découvre un Biggie (autre nom donné au rappeur Notorious B.I.G.) couronné, l’œil vagabond et un peu timide qui semble vouloir échapper à sa propre notoriété. Sur d’autres, on détecte une incertitude, une hésitation, on devine aussi une certaine légèreté et une franche camaraderie. Rétrospectivement, on se dit que choisir parmi toutes ces images était un geste éminemment politique pour aborder des sujets sociétaux comme l’exclusion, le racisme et l’image de l’homme et de la femme noirs. Il s’agissait de consacrer une forme de prestige mais surtout de célébrer des personnalités très souvent venues de milieux populaires et, qui plus est, afro-américaines. Ces images se devaient de rehausser cette Amérique-là, celle du Bronx, de Harlem et de Brooklyn et ce sont les photographes eux-mêmes qui l’ont compris.


Al Pereira, Queen Latifah on the set of Fly Girl, New York City, 1991

Barron Claiborne, Biggie Smalls, King of New York, Wall Street, New York, 1997

Ithaka Darin Pappas, Eazy-E, Skate Outta Compton, Venice Beach, Los Angeles, 1989

Ricky Powell, New York Street Culture, New York City, 1980s and 90s

Jayson Keeling, Lauryn Hill

Janette Beckman, Slick Rick, Manhattan, 1989. © Janette Beckman, Courtesy of Fahey/Klein Gallery, Los Angeles

Jamil GS, Jay-Z’s First Photo Shoot, New York City, 1995

Par Hugo Fortin

CONTACT HIGH : A Visual History of Hip-hop

Exposition en ligne

International Center of Photography, 79 Essex Street, New York

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