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Les découvertes de Galerie Intervalle à Art Paris

Les découvertes de Galerie Intervalle à Art Paris

Pour sa troisième participation à Art Paris, la galerie Intervalle présente Antony Cairns, Lucas Leffler, Julien Mignot et Julien Mauve, quatre artistes à la croisée du documentaire et de la démarche plasticienne. Ou quand la fiction en dit long sur le réel.

« Si les foires représentent un investissement, et par conséquent une prise de risque pour une galerie, celles-ci nous ont permis de tirer notre épingle du jeu et de nous faire connaître », raconte Yan di Meglio qui a fondé Intervalle en 2014. Initialement installé à Belleville, quartier qu’il a quitté en 2020, le galeriste recherche actuellement un nouvel espace plus central. Dédiée à la jeune photographie – la moyenne d’âge des huit auteurs qu’il représente ne dépasse pas 35 ans. Intervalle se consacre à « l’exposition d’images qui éclairent notre regard sur le monde ». Une ligne qui n’a guère évolué depuis sept ans, si ce n’est que Yan di Meglio délaisse les travaux purement documentaires car « ceux-ci intéressent peu les collectionneurs »

Au programme de Art Paris, le Britannique Antony Cairns, le Belge Lucas Leffler et les Français Julien Mignot et Julien Mauve, des artistes emblématiques de sa conception large et plurielle du médium photographique, non limitée à de simples prises de vue et des tirages. Depuis quelques années, Yan di Meglio creuse son sillon en sélectionnant des artistes abordant des thèmes d’actualité alliés à des démarches plasticiennes, ce que l’on peut appeler le documentaire d’auteur. 

Ziverbeek, n°6 © Lucas Leffler

Ainsi, pour sa série « Zilverbeek », Lucas Leffler a commencé par un classique travail d’enquête mené dans les archives de l’usine Agfa-Gevaert située près d’Anvers. Cet « historique » est responsable de la pollution de la rivière adjacente. Comme pour la plupart des artistes de la galerie, l’expérimentation tient une place prépondérante dans son œuvre, notamment pour ce qui concerne la restitution des images. Il a mis au point sa propre émulsion photographique à partir de la boue récupérée dans la rivière polluée aux sels d’argent. Comme l’explique le galeriste : « C’est un travail de deux ans d’essais et d’expérimentations. Et j’insiste, ce n’est pas l’image qui est imprimée sur de la boue mais celle-ci qui permet la révélation des images, des prises de vue réalisées aux alentours de l’usine ». Il s’agit donc d’une façon pour le moins originale d’aborder la question très actuelle de l’environnement, préoccupation majeure de notre époque.

Screenlove © Julien Mignot
Screenlove © Julien Mignot

Les œuvres de Antony Cairns et Julien Mignot ont aussi de quoi surprendre quand on les voit pour la première fois. Les premières parce qu’elles sont restituées sur des écrans de liseuses électroniques que l’artiste rachète par lot – des œuvres uniques – ; les secondes parce qu’il s’agit d’images emprisonnées dans des blocs de plexiglas. Plus classique est le travail de Julien Mauve, mais pas moins troublant. Ce dernier réalise des mises en scène in situ, dans des lieux choisis avec soin, à un moment précis, entre chien et loup, où la lumière est bleue. Cultivant le mystère, ce travail, comme celui des trois autres, éveille notre imaginaire, nous séduisant et nous inquiétant à la fois. Une visite s’impose donc au stand de la galerie Intervalle à Art Paris.

Greetings from Mars#15, 2015 © Julien Mauve

Par Sophie Bernard

Sophie Bernard est une journaliste spécialisée en photographie, contributrice pour La Gazette de Drouot ou le Quotidien de l’Art, commissaire d’exposition et enseignante à l’EFET, à Paris.

L’IntervalleArt Paris Art Fair du 9 au 12 septembre 2021. Grand Palais Ephémère, plateau Joffre 75007 Paris.

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