Sandra Eleta, portraits défiants
La Galerie Rouge à Paris présente « Regards au Cœur du Panama », la première exposition personnelle en France de la photographe panaméenne Sandra Eleta, qui consacre depuis plus de 50 ans son travail aux personnes et aux lieux de son pays.
Par Gaia Squarci. Photographies de Sandra Eleta
L’exposition se déploie en quatre volets. L’un d’eux met à l’honneur « La Servidumbre » (1975–1989), une série qui révèle les hiérarchies du travail domestique en Espagne et au Panama, alors tous deux sous dictature. En photographiant deux générations de domestiques, Eleta déplace le regard du public de leurs fonctions vers leur individualité, capturant des regards fiers et défiants qui remettent en cause les structures de subordination.
La série prend une dimension politique plus aiguë avec l’invasion du Panama par les États-Unis en 1989. Dans l’image finale, Romy, une employée domestique, saisit l’unique arme disponible dans la maison, le regard ferme et intraitable. Au fil de ces rencontres, Eleta utilise son appareil comme un outil de lien humain et une réflexion constante sur le pouvoir et l’empathie.
Un autre volet de l’exposition est consacré à Portobelo, village de la côte caraïbe où Eleta vit depuis les années 1970. Ses photographies célèbrent la culture et la résilience de la communauté Congo, descendante d’Africains réduits en esclavage, révélant un univers spirituellement riche, loin de tout stéréotype réducteur.
« Le but de toute aventure créative est de communiquer et de partager… Mon travail est le résultat de mes expériences de vie ; il n’a rien à voir avec une étude de la société ou toute forme de complaisance. Il comporte probablement une approche sociologique, mais mon investissement émotionnel pour Portobelo est si fort que tout ce que je peux en dire, c’est que seul mon cœur régit sa loi… »
L’exposition « Regards au Cœur du Panama » est présentée à La Galerie Rouge à Paris jusqu’au 6 décembre.