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Les trompe-l'oeil géométriques d’Alejandra Laviada

Les trompe-l’oeil géométriques d’Alejandra Laviada

La Mexicaine Alejandra Laviada a d’abord reçu une formation de peintre, avant d’être photographe. Après avoir pendant plusieurs années eu envie d’associer la peinture à la photographie, elle s’est lancée il y a quelque temps. Coup d’œil sur quelques uns de ses travaux récents.

Portrait d’Alejandra Laviada

Si ses premiers travaux semblaient déjà brouiller les frontières entre sculpture et photographie, la peinture, qui appartenait à la vie passée de l’artiste, est ainsi venue s’apposer, au sens propre comme au figuré, sous la forme d’une nouvelle strate dans ses photographies. Dans son travail Geometrías Pintadas (Géométries peintes), Laviada photographie dans son atelier des morceaux de bois qu’elle a au préalable peints en blanc. « Puis, une fois ces photographies imprimées, je peins avec de la peinture acrylique sur le tirage photographique cette fois, afin d’apporter la touche finale à l’image. A travers ce processus, je cherche à créer un dialogue entre la photographie et d’autres disciplines artistiques. Ce qui m’intéresse, c’est de réaliser des images qui se trouvent à l’intersection entre la photographie, la peinture, et la sculpture, afin d’explorer les possibles du médium photographique au sein de l’art contemporain ».

En réalisant des images face auxquelles le spectateur se prend à douter de la nature de ce qu’il est en train de regarder (une peinture ou sculpture photographiée? une photographie peinte?), c’est un pari réussi pour l’artiste, qui revendique son intention de provoquer une confusion : « Je cherche à flouter les frontières entre représentation et abstraction, entre ce qui relève du réel et ce qui est construit ». 


Disruption, 2019 © Alejandra Laviada

Construire les images 

Car Alejandra Laviada aborde la photographie « avec l’idée de construire une image, et non pas celle de documenter quelque chose d’existant ». La galerie parisienne qui la représente, Bendana-Pinel, s’apprêtait à montrer pour la première fois les images de la série Ensamble lors de Paris Photo New York — événement qui, alors qu’il s’est trouvé figé comme le reste du monde, est reporté à 2021. Dans les « totems », ainsi nommés et construits par l’artiste que montrent les images de Ensamble, le regard du spectateur reconnaît d’abord des meubles. Il a la sensation furtive de s’accrocher à un élément connu… Pour à nouveau se perdre, un battement de paupière plus loin dans l’image, dérouté par une forme qu’il ne parvient pas à identifier. Au-dessus de ce qui semble être le fragment d’un tabouret, l’on ne sait plus si l’on a affaire à un autre meuble dont un point de vue décalé lui conférerait une forme abstraite et géométrique, à une forme découpée dans du papier puis collée sur l’image, ou encore à une forme peinte…? 


Furniture Totem #8, 2017-18 © Alejandra Laviada

Le Mexique pour inspiration 

Avec son approche très conceptuelle de la photographie, l’artiste, qui a étudié aux Etats Unis avant de revenir vivre sur sa terre natale (qui reste sa principale source d’inspiration), déclare trouver « une meilleure réception de [son] travail hors du Mexique, là où la photographie est plus intégrée à l’art contemporain ». Le continent à la longue tradition de photographie documentaire — et ainsi pas forcément toujours réceptif à des approches plus plasticiennes du médium—, marque pourtant le travail d’Alejandra Laviada de manière signifiante.

Si elle expose beaucoup entre l’Europe et les Etats-Unis, elle reste très liée et inspirée par son pays d’origine et de résidence. « Le Mexique m’inspire au quotidien ; tout ce qui nous entoure dans notre vie quotidienne nous touche en tant qu’artistes, et vient, de manière consciente ou non, faire partie de notre travail. Je m’identifie beaucoup avec d’autres artistes d’ici, qui créent à partir du même contexte que moi, mais avec des points de vue complètement différents. Le fait d’avoir vécu à l’étranger m’a permis de voir le Mexique avec un regard nouveau, et de comprendre que mon pays fera toujours partie de mon travail, peu importe le lieu de production — de la même manière que la peinture que j’ai étudiée au tout début de ma carrière fait aujourd’hui pleinement partie de ma pratique »


Blue Song, 2019 © Alejandra Laviada

Ninja, 2019 © Alejandra Laviada

Portrait d’Alejandra Laviada

Furniture Totem #3, 2017-18 © Alejandra Laviada

Haiku, 2019 © Alejandra Laviada

Par Elsa Leydier

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