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L’utopie spatiale de Vincent Fournier

L’utopie spatiale de Vincent Fournier

Depuis plus de dix ans, le photographe visite les stations spatiales du monde entier à la recherche d’étonnants clichés. Combinaisons de cosmonautes, salles de contrôle, simulations… Cette panoplie d’images sur un monde à part entière est exposée à Los Angeles.

General Boris V., Yuri Gagarin Cosmonaut Training Center [GCTC], Star City, Zvyozdny Gorodok, Russia, 2007. 47 / 107  © Vincent Fournier

Il lui aura fallu de la ténacité. « Mes parents me surnommaient “Idéfix” », dit aujourd’hui en s’amusant Vincent Fournier. Ne rien lâcher pour, ici, parvenir à ouvrir les portes des stations spatiales du monde entier qui ont peu à peu accueilli le projet du photographe. Voilà un certain temps que Vincent Fournier arpente ces drôles d’endroits conçus pour la conquête de l’espace et qu’il y pose son trépied : Kourou en Guyane française, sur l’île de Spitsbergen en Norvège, un peu partout aux États-Unis dans les différents centres de la NASA, dans le centre d’entraînement Youri Gagarine en Russie ou encore à Kyzylorda au Kazakhstan… La liste est longue. « Il n’y a que la Chine qui est encore difficile d’accès. Ils ne m’ont permis que de photographier un musée pour l’instant », confie le photographe qui espère un jour lever le voile sur le théâtre d’opérations chinois. 


Kjell Henriksen Observatory # 1 [KHO], Adventdalen, Spitsbergen Island, Norway, 2010.  © Vincent Fournier

Talkie-walkie

Pour réaliser ses images, Vincent Fournier se sert de la mise en scène. Aucune photographie n’est à proprement parler la réalité plaquée, mais une savante composition travaillée dans un environnement réel. « Je dirige les gens que je prends en photographie. Je me sers d’un talkie-walkie pour leur donner des indications. Je déplace des objets. Comme j’ai très peu de temps en général, c’est étonnamment une bonne contrainte. Je dois être inventif. », explique Vincent Fournier et d’ajouter comme un précepte : « la contrainte est très créative ». Il raconte qu’il a par exemple utilisé les volets d’un bureau pour donner une atmosphère particulière à une photographie, la plonger dans une pénombre propice à l’imaginaire. « Je ne suis pas un scientifique », prévient le photographe qui dit vouloir surtout éveiller des questionnements sur la conquête spatiale. Il a gardé aussi la joie du rêve de son enfance face au monde des étoiles. « Quand vous êtes adolescent et que vous voyez “2001 l’Odyssée de l’espace”, c’est stimulant ! ». 


First man spacesuit #1[Neil Armstrong Apollo 11 spacesuit from “First Man” movie], Sylmar, USA, 2019  © Vincent Fournier

Ariane

Tout le travail de Vincent Fournier est justement de trouver des ponts entre l’enfance et l’âge adulte, entre les utopies et la nette réalité. Avec ses photographies, il ouvre un espace de réflexion autour de notre relation à l’environnement, à la planète Terre, à ce qui se passe dans le ciel. Rien n’est affirmé, tout est suggéré. Face à certaines photographies, peut venir l’impression que tout cela est absurde, que ce monde érigé pour connaître plusieurs mondes est vain. Sur d’autres, au contraire, on peut être touché par la beauté que représente l’univers de la conquête spatiale, les costumes spéciaux, la maquette de la fusée Ariane… Il y a aussi la nostalgie inhérente au début de la conquête de l’espace et qui est symbolisée par les combinaisons des premiers astronautes aujourd’hui conservées dans des musées. « Les temps ont un peu changé », estime le photographe, « avant, la conquête spatiale était regardée de façon plus positive. Aujourd’hui, nous sommes moins optimistes et nous nous posons des questions que nous ne nous posions pas. » Il cite l’exemple des satellites défectueux qui polluent le ciel. Il n’en reste pas moins qu’il rêve souvent d’envolée vers l’espace. Bientôt, Vincent Fournier photographiera la capsule Orion de la NASA juste avant son départ au-delà de l’orbite terrestre. 



Ergol #3, S1B clean room, Arianespace, Guiana Space Center [CGS],Kourou, French Guiana, 2011.  © Vincent Fournier


Space Shuttle on the launch pad, John F. Kennedy Space Center [NASA], Florida, U.S.A., 2011. 59 / 107 © Vincent Fournier

Mars Desert Research Station #11 [MDRS], Mars Society, San Rafael S 64 well, Utah, U.S.A., 2008. © Vincent Fournier

NASA LEH Space Shuttle Pressure helmet (Launch-Entry), used by Charlie Bolden, Johnson Space Center, Houston, [NASA], U.S.A.,2017. © Vincent Fournier 

Par Jean-Baptiste Gauvin

Vincent Fournier, Space Project 
Du 28 septembre au 26 octobre 2019 

East 26 Projects Gallery, 3461 E 26th St, Vernon, CA 90058, United States

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