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PORTFOLIO - Manolo Espaliu : « Il n’y a pas qu’un seul Iran »

PORTFOLIO – Manolo Espaliu : « Il n’y a pas qu’un seul Iran »

Avec son projet Viaje a Persia, le photographe espagnol part sur les traces de Garcia de Silva, l’un des premiers explorateurs européens à avoir découvert l’Iran au XVIIe siècle. Fasciné par ses écrits, Manolo Espaliu tente de retrouver les paysages intemporels décrits par l’auteur dans une vaste quête photographique. Entretien avec le photographe.


De la série Viaje a Persia © Manolo Espaliu​​​​

Pourquoi avoir choisi le livre de Garcia de Silva comme point de départ de votre voyage en Iran?

Depuis quelques années, je suis un peu obnubilé par tout ce qui concerne l’Iran et je lis généralement beaucoup de choses sur l’histoire, la politique et la société iraniennes. Au cours de de ces lectures, j’ai découvert ce voyageur espagnol, vraiment inconnu malgré l’importance qu’il aurait dû avoir, puisqu’il est le premier Occidental à avoir fait le rapprochement entre les ruines appelées Takhte Jamshid par les Perses et ce que les Grecs classiques décrivaient dans leurs  écrits comme Persépolis. Jusque-là, on connaissait son existence mais on ne savait pas où cela se trouvait.

Avez-vous vu des similitudes entre l’Iran du XVIIe siècle décrit par l’auteur et celui que vous avez découvert ?

Oui, bien sûr. Il y a évidemment un certain nombre de différences sociales et culturelles après 400 ans, mais c’est il y a 400 ans, ne l’oublions pas. L’Iran actuel a été formé, en termes politiques, et surtout religieux, avec la dynastie Safavide et particulièrement le shah Abbas 1er ; c’est à ce moment que l’islam chiite a été adopté comme religion d’État.

En ce qui concerne les paysages, on doit garder présent à l’esprit que j’ai tenté de photographier ce que Silva décrivait dans son livre. Évidemment, il y a un Iran moderne qui n’apparaît pas totalement dans mon projet car j’ai recherché une image intemporelle semblable à la vision du voyageur espagnol.


De la série Viaje a Persia © Manolo Espaliu​​​​

J’ai été très ému de ce que j’appelle habituellement des « petites découvertes »

Quelles ont été les rencontres les plus mémorables de votre voyage ?

En tant qu’amateur d’histoire, l’une des choses que j’aime le plus est de pouvoir marcher dans des lieux dont parlent les livres d’il y a quelques siècles. Pouvoir marcher avec le livre dans une main et l’appareil photo dans l’autre en lisant ce que Silva mentionnait dans ses textes a été vraiment exaltant. Et aussi, j’ai été très ému de ce que j’appelle habituellement des « petites découvertes », par exemple lorsque Silva mentionne qu’il se repose avec ses proches sous un gigantesque bananier à la porte de la merveilleuse mosquée de Natanz. 400 ans plus tard, ce même arbre existe toujours,  et sa taille énorme pourrait encore permettre à un groupe entier de trouver de l’ombre. En fait, l’ensemble du parcours (plus de 2000 km) est riche de ces petites rencontres avec l’histoire.

Vous faites beaucoup de photos de paysage, qu’avez-vous aimé dans ceux d’Iran ?

Dans mon travail photographique, je mets l’accent sur les paysages, l’architecture et le patrimoine historique, tout au moins ce que j’en aime le mieux. Il ne s’agit pas de photographier des paysages spectaculaires, il s’agit de creuser dans les différentes couches historiques d’un lieu ou d’un territoire ; il y a donc toujours un lien avec l’histoire. Maintenant, par exemple, je prépare un projet sur le voyage italien de Goethe et l’idée est de faire quelque chose de similaire à ce que j’ai fait en Iran avec le livre de Silva.


De la série Viaje a Persia © Manolo Espaliu​​​​

Quel est le meilleur souvenir de votre voyage ?

Mon meilleur souvenir est le voyage lui-même. Pouvoir parcourir environ 6000 km en un mois et demi sur les traces de l’ambassadeur d’Espagne Silva, du sud au nord de l’Iran et non du nord au sud, a été vraiment merveilleux, surtout parce que cela m’a permis une connaissance beaucoup plus profonde du pays que si je ne n’avais pas quitté Téhéran. Je le répète toujours, il n’y a pas qu’un seul Iran, donc il faut connaître différentes régions, par exemple Hormozgan, Fars, Khuzestan, entre autres, pour bien connaître le pays. De plus, il existe généralement de grandes différences culturelles entre les différentes régions. Il est donc nécessaire de parcourir le pays si on veut avoir une idée plus fidèle de ce qu’est l’Iran d’aujourd’hui.


De la série Viaje a Persia © Manolo Espaliu​​​​

De la série Viaje a Persia © Manolo Espaliu​​​​

De la série Viaje a Persia © Manolo Espaliu​​​​

De la série Viaje a Persia © Manolo Espaliu​​​​

De la série Viaje a Persia © Manolo Espaliu​​​​

De la série Viaje a Persia © Manolo Espaliu​​​​

De la série Viaje a Persia © Manolo Espaliu​​​​

De la série Viaje a Persia © Manolo Espaliu​​​​

Propos recueillis par Coline Olsina et Jean-Baptiste Gauvin

Ce portfolio a été sélectionné par la rédaction de Blind à la suite de son appel à participation

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