MPB, la plus grande plateforme au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d’occasion, s’associe à Blind et au photographe sous-marin, plongeur et biologiste Laurent Ballesta pour vous faire gagner le Nikon D5 utilisé par Ballesta pour des images prises sur le tournage de son célèbre documentaire 700 requins dans la nuit ainsi qu’un tirage numéroté et signé de la photographie qui lui a valu de recevoir le prix Wildlife Photographer of the Year en 2021. Pour participer, il suffit de cliquer sur ce lien et de suivre les instructions d’inscription.
Aujourd’hui, dans le cadre de son concours, Laurent Ballesta explique pour Blind les enjeux de la préservation des océans, ses inquiétudes, et le rôle des ONG importantes dans le domaine.
Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans l’engagement pour la préservation de la planète ?
Il n’y a pas eu de début clair pour moi. Je ne me suis jamais considéré comme un militant. J’ai trop de respect pour les vrais militants, comme Paul Watson ou Lamya Essemlali de Sea Shepherd. Ce sont des gens qui prennent des risques extrêmes, vont en prison, et se battent physiquement contre la pêche à la baleine. Moi, je voyage, j’explore, je fais des photos. Ce n’est pas la même chose. Le militantisme, pour moi, c’est un engagement total, souvent au détriment de sa propre sécurité, de son propre confort. Moi, je suis plus un témoin, un passeur d’images, et je ne veux pas m’approprier une cause qui demande un tel dévouement.
Pourtant, à travers vos photos, vous transmettez un message, non ?
De moins en moins, je crois. Les belles images d’aujourd’hui, notamment sur Instagram, créent plus de convoitise que de respect. Je préfère montrer des choses rares, bizarres, des créatures peu connues, pour susciter du mystère et du respect. Montrer un coelacanthe, un animal presque préhistorique, ou une limule des Philippines, c’est montrer l’étrangeté du monde marin. Cette étrangeté peut provoquer de l’estime, voire de fascination. C’est une autre voie que j’essaie d’explorer, plus intime, moins spectaculaire.

Pensez-vous que la photographie peut encore être un outil pour sauver la nature ?
Non, pas vraiment. Il y a aujourd’hui assez d’images de la beauté du monde. Les vrais combats se font ailleurs. Ceux qui disent qu’ils photographient pour sauver la nature me font sourire. Si tu veux vraiment sauver la nature, rejoins Sea Shepherd, combat les braconniers, fais du lobbying à Bruxelles. Prendre des photos ne suffit plus. La photographie peut être un support, un moyen de sensibilisation, mais elle ne remplace pas l’action concrète. Trop de photographes prétendent être des héros de l’environnement, alors qu’ils ne font que voyager et accumuler des likes. Ce n’est pas un mal en soi, mais il faut rester lucide sur son impact.
Quelles sont les principales menaces pour les océans aujourd’hui ?
La plus grande menace, c’est l’érosion de la biodiversité, causée principalement par la surpêche. Beaucoup de pêches sont non sélectives et dévastatrices. Ensuite, il y a les microplastiques, notamment les microfibres issues de nos lessives, qui perturbent les chaînes alimentaires. Les nuisances physiques, sonores, les aménagements côtiers et la présence humaine constante aggravent les choses. Le réchauffement et l’acidification des océans sont aussi des dangers, notamment pour les organismes calcaires comme les coraux. Et même les lois censées protéger sont souvent ignorées ou insuffisamment appliquées. La biodiversité marine est attaquée sur tous les fronts.
Que pensez-vous des aires marines protégées ?
Le concept est excellent, mais l’application est souvent décevante. En France, on parle de 10% d’aires marines protégées, mais en réalité, seulement 0,1% sont réellement protégées avec des règles strictes. Il faut aller bien plus loin si on veut atteindre l’objectif de 30% d’ici 2030. Une aire marine protégée ne signifie pas toujours une interdiction de la pêche ou des activités destructrices. Souvent, il s’agit juste d’un espace surveillé, pas préservé. Il faut être vigilant sur les termes.
Pouvez-vous nous présenter Andromède Océanologie et les Expéditions Gombessa, qui sont deux structures que vous dirigez ?
Gombessa, c’est un projet d’exploration des mystères sous-marins : espèces inconnues, écosystèmes inexplorés, plongées profondes. Chaque expédition a un but scientifique et visuel. On essaie d’expliquer, de documenter, de raconter ce que l’on découvre, tout en mettant en valeur l’inconnu. C’est presque un travail de journaliste scientifique sous-marin. Andromède, c’est plus technique : un bureau d’études environnementales en milieu marin. Nous sommes 21, dont 18 salariés en CDI, et nous sommes quasiment tous plongeurs professionnels. Nous avons cartographié la Méditerranée française et développé l’application Donia (plus de 70 000 utilisateurs), qui aide les bateaux à mouiller sans abîmer les fonds. Notre force, c’est le terrain, la plongée active, la connaissance intime des habitats marins.
Vous faites aussi de la restauration écologique ?
Oui. Par exemple, à Beaulieu et Golfe-Juan, on replante chaque été des herbiers marins arrachés par les ancres. On restaure aussi des récifs coralligènes ensevelis depuis 30 à 40 ans. On les dégage, puis on replante des éponges, des gorgones, du corail. C’est un travail patient, mais prometteur. Il y a une certaine satisfaction à pouvoir dire : ici, il y a eu un désastre, et on a commencé à réparer. C’est minuscule à l’échelle planétaire, mais c’est concret.


Quelles sont vos plus grandes découvertes ?
Il y a eu le suivi du coelacanthe avec balise, et plus récemment, la découverte d’un champ de 18 millions de nids de poissons au large de la Corse. C’est gigantesque, spectaculaire, et encore peu connu. La BBC a déjà acquis nos images pour Blue Planet 3, prévu en 2027. Ces nids attirent des prédateurs rares, dont certaines espèces de requins et même des anges de mer, disparus ailleurs. C’est une découverte écologique majeure.
Est-ce que beaucoup de gens font ce que vous faites ?
Non, très peu combinent photo très profonde, exploration et recherche scientifique. Il y en a, surtout en France, mais ce n’est pas courant. Sous les 100 mètres, nous sommes peu nombreux à faire de vraies observations. Et encore moins à les documenter avec rigueur. Il faut des compétences croisées : techniques, scientifiques, artistiques. Ce n’est pas une voie facile.
Pouvez-vous nous parler de Sea Shepherd et de Paul Watson ?
C’est une figure essentielle. Paul Watson n’a jamais blessé un humain, mais il bloque physiquement les baleiniers. Quand son crime est d’avoir sauvé des vies, c’est quand même compliqué de le juger. Il faut des gens comme lui. Aujourd’hui, les lois ne suffisent plus. Les gens chez Sea Shepherd sont souvent les seuls à agir vraiment. Ils incarnent une résistance directe, courageuse, frontale. Watson a toujours refusé la violence contre les humains, mais il défend bec et ongles le vivant non humain. Cela fait plusieurs années qu’on vit une régression catastrophique en matière d’écologie: certains bafouent des règles, ou reviennent dessus, sur les pesticides par exemple. L’ère Trump qui arrive, et dans son élan tout un monde décomplexé, qui ose dire les plus grosses grossièretés, et qui clairement n’a aucune conscience écologique, me déprime. Face à l’indifférence des États, l’engagement de structures comme Sea Shepherd est devenu vital.
Dans le monde, quelles sont les autres ONG importantes pour la préservation des océans ?
Il y en a quelques-unes, bien sûr. En plus de Sea Shepherd, il y a par exemple Blum, une ONG qui fait un travail remarquable sur le plan juridique et politique, en menant des campagnes contre la pêche destructrice. Ils travaillent dans l’ombre, souvent sans reconnaissance médiatique, mais avec une grande détermination.
Pourquoi y a-t-il si peu d’activistes du monde marin ?
Parce que c’est coûteux. Il faut des navires, du personnel qualifié. C’est plus complexe que d’entrer dans une usine à terre. Paul Watson a des donateurs, mais tous ne peuvent pas se permettre ce niveau d’action. Et la mer, c’est loin, c’est vaste, c’est cher. Beaucoup d’ONG préfèrent des actions à terre, plus visibles et accessibles. C’est regrettable.
Quels sont les gestes importants que chacun peut faire pour les océans ?
S’informer, choisir les bons produits en poissonnerie, éviter les grandes marques nuisibles. Le plus grand acte de résistance aujourd’hui, c’est de continuer à apprendre, à cultiver son esprit critique. Faire les bons choix de consommation est plus puissant qu’un vote parfois. L’information est notre arme principale. Et être un consommateur responsable, c’est un acte politique quotidien.
Qu’est-ce qui vous fascine encore aujourd’hui sous l’eau ?
Il y a encore tellement à découvrir. Le monde sous-marin reste en grande partie inexploré. Je me suis rendu compte, à 50 ans, que je n’aurais pas le temps d’explorer tout ce que je voudrais. C’est une prise de conscience à la fois frustrante et stimulante. Cela me pousse à sélectionner mes projets avec soin, à aller plus loin dans chaque mission. Ce qui me fascine, ce sont ces zones d’ombre, ces créatures inconnues, ces abysses qui résistent à notre regard. Tant qu’il y aura du mystère, j’aurai envie de plonger.
Inscrivez-vous au concours pour gagner le Nikon D5 de Laurent Ballesta ainsi qu’un tirage numéroté et signé de sa photographie primée en 2021. Plus d’informations sont disponibles dans cet article publié à l’occasion de son lancement.
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