J’aurais aimé retrouver la photo que j’avais prise d’elle à Madrid, lors de Photo España, cela m’aurait aidée. Elle avait son rouge à lèvres couleur coquelicot, et une façon très naturelle de poser car c’était là l’un des atouts de Magali, elle savait toujours où était sa place. Devant l’objectif, au plus près d’un festival et de ses controverses, ou au cœur de son journal, L’Humanité, qui a annoncé sa mort, le vendredi 20 juin 2025 après une lutte contre un cancer qu’elle « a combattu pendant vingt-six ans ».
Elle s’y sentait bien, pour rien au monde, elle n’aurait travaillé ailleurs, elle y écrivait ce qu’elle voulait. Cinquante années de passion, parfois orageuse, mais Magali, esprit pacifique, pouvait affronter raisonnablement quelque esprit guerrier de passage.
Les attaché·es de presse l’adoraient, elle qui était partante, sans râler, pour n’importe quelle destination, Madrid ou la Chine, Bamako ou Cahors, Moscou ou Sète, sa ville d’adoption.
Elle avait un faible pour le photo-journalisme, et un temps d’avance pour repérer un·e photographe à suivre. Et une fidélité à toute épreuve, ce n’était pas la fille d’un scoop.
Les photographes, aussi, l’adoraient.
Nous avions beaucoup d’idées en commun, des projets dont aucun n’a abouti, peut-être par étourderie, une grande patience face aux brûlé·es de la vie, qu’ils soient photographes ou pas.
J’aimais son élégance sans ostentation, et ses petits bijoux ou ces objets extravagants qu’elle dénichait aux Puces lors de ses reportages. Elle appréciait qu’on remarque son changement de lunettes, mais pas qu’on s’y attarde, et me permettait, mais « rien qu’à toi », de l’appeler Magalilou.