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Comment bien entamer une carrière d’artiste visuel

Comment bien entamer une carrière d’artiste visuel

Dans cet article, la photographe et éducatrice Gaia Squarci vous livre ses précieux conseils pour vous lancer dans une carrière d’artiste et évoque ses diverses expériences dans le domaine.

Le monde de la photographie est très actif et en évolution rapide, et l’intuition d’un observateur extérieur ne suffit pas à déchiffrer ses lois non écrites. Que vous souhaitiez être photographe documentaire, de mode, de cuisine ou de mariage, vous avez besoin de quelques connaissances sur le fonctionnement du marché pour vous y faire une place.

Cherchez l’inspiration, et apprenez à vous connaître

En ce qui concerne la culture, la photographie comme forme d’art est très appréciée dans des villes telles que Londres, Paris, New York ou Amsterdam. Parfois, cela peut valoir le détour, même si c’est seulement pour un festival ou une foire, en raison des manifestations satellites telles que des causeries d’artistes et des événements off.

Ce type d’environnement est stimulant et utile pour élargir vos connaissances en photographie, ce qui vous aide à affiner vos goûts, et vous donnera une direction plus précise au moment où vous produirez un travail.

Projection aux Rencontres d’Arles © Gaia Squarci

Les Rencontres d’Arles, dans le sud de la France, est un festival que j’aime beaucoup, à mi-chemin entre les beaux-arts et la photographie documentaire. Se rendre à un festival durant la semaine d’ouverture peut être une expérience bousculée mais judicieuse, car des conservateurs, iconographes et éditeurs viennent du monde entier pour participer à des panels, promouvoir des livres, organiser des projections, visiter des expositions et faire la fête. En tant que débutant, tout cela peut vous instruire.

Les conversations  tournent souvent autour du travail photographique, et vous remarquerez bientôt à quel point il est important de parler efficacement du vôtre. Ces conversations ne sont pas toutes transcendantes, mais de même que vous aimez que vos connaissances vous parlent d’un sujet de manière compétente et dynamisante, d’autres attendent la même chose de vous.

Développer ce talent exige que vous analysiez votre travail, et il vous faudra du temps pour vous habituer à le faire, mais cela sera essentiel tout au long de votre carrière. Penser que les photos devraient parler d’elles-mêmes à l’heure où des photographes émergent de tous côtés et que nous voyons des milliers d’images par jour – souvent décontextualisées ou ne durant que quelques secondes – est paresseux plutôt que naïf.

Si vous lisez des interviews de photographes ou des articles sur leur travail, vous comprendrez le rôle des mots dans la présentation et la promotion de tout projet. Des publications en ligne et sur papier telles que celle que celle-ci, ou encore Aperture, American Suburb X, The British Journal of Photography, Ph Museum, Conscentious, présentent des articles écrits par des photographes ou des critiques de photographie qui non seulement vous expliquent un travail, mais interrogent le choix de tel thème, telle approche, et analysent les difficultés que rencontre un projet aussi bien que son succès.

Ceci est très instructif, et plus on s’intéresse à ce qui se passe dans le monde de la photographie, plus on remarque que le choix des sujets, le cadrage des photos et la manière dont le travail est présenté sont souvent redondants. Identifier la répétition et s’en lasser est essentiel pour construire son goût et produire une œuvre unique, en se démarquant des clichés et de l’auto-référence.

Installation de l’artiste Damien Hirst à la Fondation Prada, à Milan © Gaia Squarci

En outre, vous découvrirez probablement que les photographes que vous admirez le plus se sont inspirés non pas de la photographie elle-même mais d’un livre qu’ils ont lu, d’une performance à laquelle ils ont assisté, ou d’un voyage qu’ils ont fait lorsqu’ils étaient enfants. La meilleure exposition que j’ai vue en 2019 ne comprenait pas une seule photographie. Elle était organisée par le réalisateur Wes Anderson et l’illustrateur, designer et écrivain Juman Malouf à la Fondazione Prada de Milan. L’on pouvait y découvrir des œuvres d’art et des objets provenant d’époques et de zones géographiques très différentes, organisés selon des critères inhabituels afin de questionner notre perception des objets exposés dans un musée. Élargir les limites de notre inspiration en dehors du monde de la photographie est fondamental car parfois, il faut être influencé par un travail que l’on ne peut être tenté de copier, et qui brise le cloisonnement entre les différents domaines.

Se créer un réseau et l’entretenir

Se créer un réseau est essentiel pour survivre dans cette industrie, et cela peut devenir une expérience incroyablement enrichissante. Ce processus a commencé intuitivement pour moi à une époque où je ne connaissais pas son importance, mais je peux clairement, à présent, en retracer les étapes. Quand j’étudiais l’histoire de l’art à l’université, j’ai commencé à collaborer avec une association de photographie à Bologne, en Italie, puis j’ai fait un stage à l’agence photo Grazia Neri de Milan, et l’année suivante, j’ai suivi un programme documentaire à temps plein à l’ICP de New York (International Center of Photography). À la fin de l’année scolaire, j’ai fait un stage au New Yorker pendant quelques mois. Tout au long de ce parcours – et plus tard, lorsque j’ai commencé à travailler comme pigiste -, j’ai rencontré de nombreux pairs et mentors dont l’aide a été, et est toujours, inestimable.

Les photographes David Kasnic, Mark Abramson et Sarah Blesener lors de revues de portfolios à New York © Gaia Squarci

Penser que le contact avec un agent, un producteur, un iconographe ou un galeriste peut être la porte d’entrée d’une carrière réussie conduit généralement à des déceptions. Ce qui m’a aidée à long terme, c’est l’amitié avec d’autres photographes qui me soutiennent autant que je les soutiens, des écrivains qui sont devenus des collaborateurs de confiance, des mentors qui étaient mes professeurs, et des iconographes, conservateurs, ou photographes plus expérimentés qui m’ont offert leurs conseils, au fil des ans, pour développer mes projets.

Le mentorat peut être particulièrement productif, car en tant que photographe, vous n’essayez pas de vendre un travail mais de l’améliorer, et le mentor, quant à lui, s’intéresse à votre potentiel et celui de vos photographies sans se soucier de leur correspondance avec une certaine ligne éditoriale . Cela signifie plus de liberté pour penser de manière créative, et génère un espace de sécurité où vous pouvez être totalement honnête quant à vos doutes et vos faiblesses.

Causeries entre photographes, atelier Magnum Photos, Mana Contemporary, New Jersey © Gaia Squarci

Les vernissages d’exposition, les causeries d’artistes, les festivals et les présentations de portfolio sont autant d’occasions de rencontres amicales. Dans la plupart des festivals, par exemple, vous pouvez vous inscrire à des présentations payantes de portfolio à des experts pour obtenir des commentaires sur votre travail, ou si vous connaissez quelqu’un que vous souhaitez rencontrer, adressez-lui un e-mail et prenez rendez-vous.

Créer un site web et un portfolio imprimé

Lorsque vous rencontrez des gens et parlez de votre travail, ils seront probablement curieux de le voir, et vous devez leur fournir le moyen le plus rapide et le plus efficace. Si vos photos ont été publiées en ligne et que je recherche votre nom sur Google, je trouverai certainement des liens vers celles-ci, mais ce sont peut-être les premières photos que vous avez prises dans un groupe de photographes amateurs il y a cinq ans, ou votre compte flickr que vous n’avez pas mis à jour depuis que vous avez cessé de photographier en macro la rosée sur les fleurs.

Atelier de l’International Center of Photography, Minny Lee Fine Art Studio, Honolulu © Gaia Squarci

Il faut que votre travail circule, mais vous devez garder le contrôle, et pour une réception adéquate des images, le mieux est d’avoir un site Web comprenant des galeries soigneusement sélectionnées. Un choix de 20 photos, au maximum , pour chaque projet, et moins de 10 galeries au total vous aideront à ne montrer que le meilleur de votre travail. Parallèlement au documentaire, si vous gagnez votre vie en photographiant des mariages, je vous conseille d’avoir deux sites Web distincts pour les deux types de photographie.

Un site Web vous identifie en tant qu’auteur, il doit être cohérent dans son contenu et sa conception, et régulièrement mis à jour. Entre autres, Squarespace est une entreprise bien connue qui fournit un logiciel d’hébergement et de création de sites Web. Celui que j’utilise est visura.co, une plate-forme de narration visuelle (ou « visual storytelling ») qui relie les photographes à un réseau de pairs et d’experts de l’industrie, propose des modèles avec un design épuré et des conseils sur l’organisation des galeries. Si vous ne pouvez acheter les services de ce type d’hôte, optez pour une plate-forme gratuite telle que WordPress, qui vous permet, en y mettant du vôtre, de créer un portfolio en ligne.

Imprimer votre meilleur travail n’est pas une alternative à le mettre sur un site Web, mais cela ajoute de la qualité à votre présentation lors d’un entretien. Si vous travaillez dans l’iconographie, vous pouvez imprimer un projet ou deux ; si vous prenez des photos de mode, ce pourrait être vos 20 meilleures photos. C’est un plaisir d’avoir quelque chose de tangible à regarder, et c’est tellement rare aujourd’hui que les gens s’en souviennent.

Atelier de l’International Center of Photography avec le designer de livres Teun van der Heijden, Minny Lee Fine Art Studio, Honolulu © Gaia Squarci

La manière dont vous imprimez et présentez vos photos parle de vous et de vos goûts. Est-ce le papier mat ou brillant qui met en valeur la qualité de votre travail et le représente le mieux? Vous pouvez le disposer dans une boîte ou un classeur, selon la taille qui vous semble appropriée et la plus pratique. Je déconseillerais les dossiers en plastique, et si vous voulez protéger le papier contre les rayures, je vous suggère de ne pas utiliser ceux dont la manipulation est délicate. Vous trouverez facilement une paire de gants blancs dans un magasin de fournitures d’art, et ceux qui examinent votre travail ne seront pas surpris que vous leur demandiez de les mettre.

Contacter un iconographe, un producteur ou un agent

L’iconographe est la personne qui choisit et classe les photos liées aux articles dans les publications, et désigne des photographes pour couvrir les sujets. Les iconographes sont différents selon les sections (politique, science, arts, voyages…) d’une publication donnée. 

Si vous tentez de contacter un iconographe par e-mail, consultez l’accueil du site du client pour savoir à qui vous adresser. Ensuite, je vous suggère de demander ses coordonnées à l’une de vos connaissances travaillant dans l’industrie de la photographie. C’est le genre de service que nous nous rendons tous les uns aux autres, et vous aurez l’occasion de rendre la pareille.

L’éditeur Paul Moakley, du magazine TIME © Gaia Squarci

Les éditeurs sont exceptionnellement occupés et reçoivent des centaines de courriels chaque jour. Dans le meilleur des cas, ils marquent leur intérêt et vous devez l’exploiter. La manière dont vous rédigez un e-mail pour demander un rendez-vous ou présenter un pitch déterminera vos chances de recevoir une réponse.

Cela vaut également pour les producteurs ou les agents. Passez en revue les auteurs de projets correspondant à votre style et à votre niveau d’expérience, cherchez quels sont leurs producteurs et tentez de les contacter directement. Les agences ont souvent une adresse e-mail d’accueil à laquelle vous pouvez écrire, mais vous ne savez jamais qui regarde le courrier et à quelle fréquence. Connaître quelqu’un qui connaît quelqu’un conduit très loin, et écrire dans des groupes Facebook où les photographes se soutiennent mutuellement par leurs suggestions peut être une autre solution. Certains photographes tentent de le faire sur Linkedin ou Instagram, mais je vous conseille de vous renseigner, et de déterminer si la personne spécifique avec laquelle vous voulez vous connecter utilise ces outils pour des communications professionnelles, car si ce n’est pas le cas, votre message pourrait être ignoré.

Voici quelques conseils de base sur la manière de rédiger un e-mail professionnel:
 

1. Choisissez une publication ou une agence en accord avec votre travail, puis écrivez directement à la personne appropriée.

2. Choisissez soigneusement le sujet de l’e-mail, qui doit contenir votre nom et toutes les informations dont le client a besoin pour comprendre quel est le sujet de votre pitch. Il doit être concis et intriguer. Il y a quelques années, j’ai travaillé avec la journaliste Laurence Cornet sur un reportage sur un centre de recherche, à San Diego, qui congèle des cellules et l’ADN d’animaux menacés d’extinction dans le but de préserver la biodiversité.

Le sujet de mon e-mail était le suivant:

Pitch – San Diego, Frozen Zoo – Gaia Squarci et Laurence Cornet

Si vous écrivez pour demander un entretien, le mot «entretien» doit figurer dans le sujet, ainsi que tout autre élément qui pourrait aider le lecteur à identifier et à mémoriser votre e-mail.

Exemple: Entretien – Mission à la Fashion Week – Gaia Squarci

3. Présentez-vous brièvement, en incluant tous les détails qui pourraient trouver un écho auprès du lecteur, tels que les clients avec lesquels vous avez travaillé, les personnes qui vous ont présenté si vous les avez rencontrées, et les subventions ou prix que vous avez obtenus, uniquement s’ils ont un lien avec le propos de votre message. Indiquez le sujet sur lequel vous avez travaillé ou que vous avez l’intention de couvrir.

4. Si vous adressez un pitch à un iconographe, incluez votre énoncé de projet. Il s’agit d’un paragraphe ou deux explicitant le projet (pour plus de détails, voir l’article Comment construire un projet en photographie – lien).

5. Ajoutez un lien vers une galerie de photos. Si vous soumettez un projet destiné à la vente, créez une galerie protégée par un mot de passe sur votre site Web et ajoutez un lien vers celle-ci dans votre e-mail. Dans le cas où vous proposez une idée ou vous proposez vous-même pour faire des prises de vue, ajoutez un lien vers un travail (de préférence publié) que vous avez réalisé précédemment autour d’un sujet similaire, ou vers un reportage pouvant donner une idée de votre style visuel. N’envoyez aucun document que l’éditeur ou le producteur devrait télécharger.

6. Signature

Après la formule finale de l’e-mail, il doit y avoir tous les contacts dont le client pourrait avoir besoin. Dans Gmail, Yahoo ou quel que soit le service dont vous disposez, définissez une signature incluant votre site Web, votre adresse e-mail, votre numéro de téléphone et le nom de tous les réseaux sociaux que vous utilisez principalement pour le travail.

Exemple:

www.gaiasquarci.com

g————@gmail.com

Instagram: @gaiasquarci

+1 —————— USA

+39 —————- ITALIE

La journaliste et curatrice Laurence Cornet © Gaia Squarci

Je vous conseille de ne pas vous décourager si vous ne recevez pas de réponse lors de votre première tentative, et de ne pas prendre cela en mauvaise part. Parfois, j’ai été en contact avec des clients potentiels durant des années avant d’avoir l’opportunité de travailler avec eux, et lorsqu’ils m’ont appelée pour la première mission, c’était parce qu’ils avaient vu que j’avais, entre-temps, bien travaillé, de manière cohérente. Je vous suggère de rester en contact avec eux et de les tenir informés tous les quelques mois, chaque fois que vous avez un nouveau travail substantiel à faire connaître.

Comment aborder un galeriste

Avoir une première exposition personnelle prend généralement du temps, et le photographe doit avoir une bonne expérience dans son domaine. Les galeristes sont des hommes d’affaires autant que des connaisseurs d’art visuel, et leur intérêt est non seulement de promouvoir un bon travail, mais aussi de le vendre.

Un photographe qui vient d’entamer sa carrière et apprend à se connaître n’est presque jamais une bonne option pour les galeristes. Lorsque nous commençons à prendre des photos, l’identité et la direction de notre travail peuvent évoluer rapidement et nos goûts changer complètement au fil du temps. C’est un risque pour une galerie, qui propose la photographie comme une forme d’art à un public de collectionneurs aux goûts bien définis, intéressés à investir dans un artiste comme dans une marque possédant une identité très spécifique, avec des antécédents laissant deviner ce qui viendra ensuite.

Chaque fois qu’une galerie vend un tirage, elle prélève un pourcentage sur ce qu’elle verse au photographe, qui varie en fonction du contrat entre le photographe et le galeriste – généralement entre 20 et 50% de ce qui revient à l’artiste -, et je vous recommande de rechercher des informations sur le contrat standard que propose une galerie avant de négocier avec le galeriste.

Si vous ne travaillez pas depuis longtemps et que vous souhaitez exposer vos photos, je vous suggère de commencer par envoyer votre travail à des festivals ou à des jurys de prix, ce qui pourrait vous faire participer à des expositions de groupe et vous aider à vous faire remarquer par des conservateurs ou des galeristes. .

Si vous vous êtes déjà fait un nom dans la photographie, cherchez quelles galeries présentent des images d’un style similaire au vôtre ainsi que des artistes qui sont dans la même phase de leur carrière.

Assister à des vernissages et des manifestations à la galerie peut être un moyen d’apprendre à connaître le galeriste ou d’être présenté, car il est difficile de se faire une place dans le lieu si l’on y est un parfait étranger.

Exposition Broken Screen, Musée de l’Elysée, Lausanne © Gaia Squarci

Pensez aux clients que vous pouvez faire venir à la galerie, car une relation entre un photographe et un galeriste est un partenariat où les deux personnes cherchent à obtenir quelque chose. Lorsque vous rencontrez le galeriste, je vous recommande de montrer un projet, deux au maximum, représentatifs de ce que vous faites actuellement et du chemin que vous désirez emprunter. Vous devez également visualiser une exposition de votre travail. La taille des photos, le papier que vous souhaitez utiliser, le cadrage, les éditions limitées de tirages sont des sujets qui reviendront inévitablement dans la conversation si le galeriste est intéressé par votre travail, et vous trouver complètement désemparé donnerait l’impression que le moment n’est pas venu de vous exposer.

Les galeristes et les collectionneurs s’intéressent au caractère unique d’une œuvre, et je vous suggère donc de planifier soigneusement la manière dont vous allez la montrer. Si le travail est impossible à transporter et que les fichiers numériques sont la seule option, il faudra s’en accommoder, mais les galeristes sont généralement soucieux des détails et veulent ressentir votre clarté de vision à partir de votre présentation. Je vous conseille d’imprimer les photos, de choisir le papier et de présenter le travail d’une manière qui les aide à voir ce que vous avez en tête pour l’exposition.

Comme avec les iconographes et les producteurs, vous devrez probablement développer une relation avec un galeriste au fil du temps et attendre le bon moment pour collaborer. Une combinaison de détermination et de patience est généralement nécessaire pour y parvenir.

Comment aborder l’aspect financier du métier

Conférence, atelier Magnum Photos, Mana Contemporary, New Jersey © Gaia Squarci

En raison de la diminution progressive des budgets dans presque tous les secteurs du domaine de la photographie, la plupart des photographes indépendants doivent diversifier les sources de leurs revenus.

La photographie est aujourd’hui le principal moyen de communication, et nous pouvons répondre à de nombreux besoins pour gagner notre vie d’une manière relativement stable au sein d’une industrie instable. En fonction de votre personnalité et du type de travail qui vous est propre, vous êtes qualifié pour tel job plutôt que tel autre.

Dans l’ídéal, ce que vous faites pour augmenter vos revenus doit être bien rémunéré et prendre le moins de temps possible, pour vous permettre de vous consacrer avec plus de tranquillité d’esprit à ce que vous aimez vraiment faire.

En ce qui me concerne, par exemple, je travaille sur des projets à long terme pour lesquels je recherche des distributeurs, je réalise des missions photographiques pour des publications, photographie sur commande des artistes de danse et de théâtre, couvre des événements liés au design et enseigne à l’ICP. En parallèle de la photographie, réaliser des vidéos pour des projets documentaires ou liés à la mode représente une partie stimulante de mon travail depuis des années, et m’a aidée financièrement.

D’autres se tournent vers la photographie publicitaire, culinaire, d’entreprise ou de mariage, travaillent comme imprimeurs ou retoucheurs, gèrent des espaces consacrés à la photographie ; d’autres encore ont des jobs sans aucun rapport avec la photographie, de sorte que lorsqu’ils se consacrent à elle, c’est sans faire de compromis.

Quelle que soit la manière dont vous divisez votre temps et répartissez votre énergie, il faut, à tout moment, vous projeter vers quelque chose. Cela peut être une rencontre avec quelqu’un que vous admirez, un atelier auquel vous avez décidé de vous inscrire, une demande de subvention ou un projet pour l’attribution d’un prix, une conférence publique ou une exposition de votre travail. Cela doit être quelque chose qui vous arrache aux bricolages quotidiens, vous rappelant la raison pour laquelle vous avez décidé de faire ce que vous faites.

Il peut être difficile de trouver un équilibre entre les différents types de missions ; je vous recommande de faire un examen de conscience lucide de temps à autre, et d’abandonner un job si vous sentez qu’il amoindrit votre passion pour la photographie. Comme vous l’avez peut-être déjà compris, la passion est la seule et unique raison de continuer dans cette voie.

Atelier Eddie Adams, Jeffersonville, NY © Gaia Squarci
La photo de couverture: Gaia Squarci photographie deux migrants honduriens marchant sur la route de Palenque, un jour après avoir été expulsés vers leur pays d’origine
​​​​© Patrick Tombola

Par Gaia Squarci

Gaia Squarci est photographe et vidéaste. Elle partage son temps entre Milan et New York, où elle enseigne le multimédia à l’ICP (International Center of Photography). Elle collabore avec l’agence Prospekt et Reuters. Ses photographies ont été publiées dans le New York Times, le New Yorker, Time Magazine, Vogue, The Guardian, Der Spiegel, entre autres. Son travail a été exposé aux États-Unis, en Italie, en France, en Suisse et au Royaume-Uni.

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