Après de nombreux mois où la culture a été comme plongée dans l’obscurité, sinistrée par la crise sanitaire, les Rencontres de la photographie d’Arles ouvrent une édition qui se veut lumineuse. Baptisée « Un été des Lucioles » en référence au philosophe Georges Didi-Huberman qui, à travers son ouvrage, Survivance des lucioles (2009), souhaitait « reconnaître dans la moindre luciole une résistance, une lumière pour toute pensée », elle poursuit la précédente construite par l’ancien directeur Sam Stourdzé autour du thème de la résistance. Acte de résistance face au silence destructeur de la pandémie, Christoph Wiesner, le nouveau directeur, a annoncé en mars dernier une édition « constellation », illustrant la diversité des regards de très nombreux artistes et offrant tout autant de regards sur le monde. Un retour à la vie.
Après un petit tour d’horizon, voici notre sélection des 10 immanquables des Rencontres d’Arles 2021.
DÉSIDÉRATION (ANAMANDA SIN), Du désastre au désir : vers une autre mythologie

Inscrite dans le cosmos, notre humanité a tendance à oublier son lien immanent à la nature, l’espace, aliénée par la cupidité capitaliste. Dans cette Anthropocène dévastatrice, n’avons nous pas perdu nos étoiles et par là-même, nos croyances et l’espoir ? L’exposition nous invite à renouer avec la nature en contemplant le ciel et ses constellations, dans une ambiance enchanteresse à la limite du paranormal. Un trip cosmique !
Monoprix, jusqu’au 26 septembre 2021, 10h00-19h30. Temps de visite estimé : 20 minutes. Plus d’informations ici.

RAYMOND CAUCHETIER, Nouvelle vague

Ses images sont aussi iconiques que les films de la Nouvelle Vague dont il a immortalisé les tournages : À bout de souffle, Jules et Jim, Lola, entre autres. Le photographe de plateau Raymond Cauchetier, qui nous a quittés cette année, a investi ce lieu avec fougue, entrant dans le champ, faisant rejouer des scènes, accompagnant la prise. Une immersion totale dans la fabrique du film. Un bel hommage à ne pas manquer.
Abbaye de Montmajour, jusqu’au 26 septembre 2021. Temps de visite estimé : 30 minutes. Plus d’informations ici.

MAGNUM ET LA STREET PHOTOGRAPHY

La photographie de rue fait partie intégrante de l’ADN de l’agence Magnum, constituée par un collectif de photographes en 1947. Extraite du livre éponyme paru aux éditions Actes Sud sous la direction du photographe Stephen McLaren, cette exposition chronologique et thématique explore les archives de l’agence, et nous propose de rencontrer les plus grands maîtres de la photographie à travers une sélection de leurs clichés iconiques ou inédits.
Librairie Actes Sud, jusqu’au 26 septembre 2021, 9h30-19h00. Temps de visite estimé : 10 minutes. Plus d’informations ici.

THE NEW BLACK VANGUARD, Photographie entre art et mode

Qu’ils soient issus du monde de la photographie de mode ou d’art, les photographes noirs réunis dans cette exposition, nourrissent et réinventent notre rapport à la beauté. A travers leurs mises en scènes à la fois joyeuses et glamour du corps noir, ils offrent à la beauté noire de nouveaux territoires d’expérimentation et d’expression. Une célébration de la créativité noire et de sa diversité !
Église Sainte-Anne, jusqu’au 26 septembre 2021, 10h00-19h30. Temps de visite estimé : 45 minutes. Plus d’informations ici.

ISABEL MUNOZ, 1001
Exposition inaugurale du Centre de la photographie de Mougins, consacré à la photographie contemporaine, « 1001 » propose de découvrir les travaux récents de la photographe espagnole réputée pour ses formats extra larges et ses tirages au platine. Au sein de ceux-ci, la série Japon, résultante de 7 voyages au pays du soleil levant entre 2017 et 2020, propose une galerie photo et vidéo surprenante. La photographe met en scène des personnages énigmatiques voire fantomatiques dans des postures théâtrales, en résonance avec des coutumes et traditions japonaises comme le théâtre Nô, le tatouage ou le bondage.
Centre de la photographie, jusqu’au 3 octobre 2021, 10h00-19h00. Tous les jours de 10h à 19h. Les jeudis de 13h à 21h. Fermés les mardis. Plus d’informations ici.

JEAN MICHEL ANDRÉ, Borders

Avec « Borders », Jean-Michel André est parti à la rencontre d’hommes, de femmes et d’enfants qui quittent tout et entament un périple avec en seule ligne de mire, l’espoir d’une vie meilleure. Jean-Michel André photographie ces territoires traversés – France, Italie, Espagne, Tunisie -, suspendus entre beauté et désolation, insensibles aux aspirations, craintes et doutes des populations qui les parcourent.
Croisière, jusqu’au 26 septembre 2021, 10h00 – 19h30. Temps de visite estimé : 10 minutes. Plus d’informations ici.

JEAN-LUC BERTINI, Américaines Solitudes

« Américaines Solitudes », c’est dix ans de road trip sur le vaste territoire américain. Dans une veine humaniste, Jean-Luc Bertini photographie les américains qu’il croise sur sa route, dans leur quotidien. Comme perdus dans l’immensité de leurs espaces urbains ou naturels, les personnages qu’il campe dans ces décors typiquement américains respirent la solitude. Des fresques mystérieuses, teintées de mélancolie.
Croisière, jusqu’au 26 septembre 2021, 10h00 – 19h30. Temps de visite estimé : 10 minutes. Plus d’informations ici.

INCARNATIONS, Quand la photographie prend corps

Fleurs sauvages numériques, forêts en pluie de pixels ou créatures ovnis, jaillissant du magma digital, l’exposition « Incarnations » nous révèle les images d’un nouveau monde issu des dernières technologies de création d’images (photogrammétrie, scan LIDAR, etc). Une expérience à la beauté et à l’étrangeté fulgurantes.
Couvent Saint-Césaire, jusqu’au 20 août 2021, 10h00-19h30. Temps de visite estimé : 30 minutes. Plus d’informations ici.

ILANIT ILLOUZ, Wadi Qelt: Dans la clarté des pierres

Étude photographique expérimentale, le projet d’Ilanit Illouz nous fait plonger au cœur du Wadi Qelt, en plein désert de Judée. Avec le réchauffement climatique, le lac s’assèche de façon dramatique, transformant cette zone aride en terre lunaire, envahie par le sel que l’artiste collecte afin de l’incorporer à ses tirages. Créant des fresques sculpturales et scintillantes, l’artiste met en lumière la beauté fragile de cet écosystème menacé.
Église des Frères Prêcheurs, jusqu’au 29 août 2021, 10h00 – 19h30. Temps de visite estimé : 5 minutes. Plus d’informations ici.

MICHEL SIMA, Françoise Gilot, Pablo Picasso dans l’oeil de Michel Sima

Artiste polonais à la fois sculpteur et photographe, Michel Sima débarque à Paris en 1930 et se lie d’amitié avec de nombreux artistes, notamment le couple mythique formé par Pablo Picasso et Françoise Gilot, qui entretiendront une relation tumultueuse sous le soleil du Sud de la France. Sima sera le témoin privilégié de leur histoire, et à travers ses clichés présentés en écho à l’exposition Françoise Gilot, nous découvrons un magnifique face à face d’artistes.
Saint Rémy de Provence, musée Estrine, jusqu’au 26 septembre 2021, 10h00-18h00 (fermé entre 12h et 14h00. Fermé les lundis). Exposition accessible sur présentation du forfait des rencontres d’Arles 2021. Plus d’informations ici.

Par Marie d’Harcourt
Marie d’Harcourt est journaliste chez Blind Magazine, à Paris.
Plus d’informations sur les Rencontres d’Arles ici.