
Edouard Taufenbach est-il un cinéaste contrarié ? En tout cas, à l’observation de ses tableaux photographiques, on ne peut ignorer qu’il a étudié le cinéma tant il parvient à animer l’image fixe grâce à un savant jeu de découpages, compositions et collages. Bien que le résultat soit à chaque fois différent, le même processus est systématiquement répété d’une série à l’autre : numérisation de tirages, recherche de combinaisons visuelles sur ordinateur, puis collages manuels – et peinture pour les premières séries. De quelques minutes à des jours, voire des semaines de travail… « L’application et la concentration nécessaires à cette dernière phase a quelque chose de libérateur, assurément », commente-t-il.
Edouard Taufenbach n’est pas l’auteur des images qu’il met en scène, à l’exception de son projet en cours avec le musicien Régis Campo pour le Prix Swiss Life à 4 mains. Au fil des années, il a accumulé près de 150 000 clichés vernaculaires, la matière première de ses séries aux intitulés explicites : Faire du souvenir une forme (2014) ou encore Cinéma : histoires domestiques (2016).

Pour Spéculaire, en cours depuis 2018, il puise pour la première fois dans une collection privée, celle du réalisateur Sébastien Lifshitz. « Avec cette série, on voit d’abord le contenu des images, puis dans un second temps la forme, contrairement à mes travaux précédents. », explique-t-il. Moins formelles, les œuvres de Spéculaire, n’en sont pas moins puissantes car Edouard Taufenbach parvient à étirer et l’espace et le temps, et du même coup à abolir les repères. Démunis, nous sommes incités à la contemplation… pour notre plus grand plaisir.






Par Sophie Bernard
www.artparis.com/fr/artist/105981
www.artsy.net/art-paris-2020/browse/artist/edouard-taufenbach-2
Livre
Edouard Taufenbach, L’image dans le miroir, 34 collages réalisés à partir de la collection de Sébastien Lifshitz, 78 pages, éditions L’Artiere, 55 €
Exposition à la Galerie Binome
Au bout du plongeoir, le grand bain (Douglas Mandry, Laurence Aëgerter, Anaïs Boudot), du 2 juin au 1er août, 19, rue Charlemagne, 75004 Paris