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Le catch indépendant, vu depuis le bord du ring

Le catch indépendant, vu depuis le bord du ring

Depuis 1860, les combats de catch occupent une place de choix dans l’histoire de Pittsburgh, aux Etats-Unis. Le photographe David Aschkenas y a consacré un long projet.
Wrestlers © David Aschkenas

D’Ed « Strangler » Lewis à Lou Thesz, de « Whipper » Billy Watson à Maurice Tillet (surnommé « The French Angel »), les plus grands catcheurs professionnels se sont affrontés à Pittsburgh et dans ses environs. Et ce durant des générations, bien avant que la star Bruno Sammartino n’émigre d’Italie avec sa famille, en 1950.

Que ce soit dans l’enceinte sportive Duquesne Gardens, la salle omnisports Civic Arena, ou le stade Forbes Field, la ville de Pittsburgh a ainsi accueilli d’innombrables combats de catch. Mais s’ils étaient déjà retransmis à la télévision au début des années 1950, ce sport a acquis sa pleine popularité en 1958, avec la diffusion de l’émission de télévision « Studio Wrestling » sur WIIC-TV Channel 11. La plupart des programmes de cette chaîne étaient présentés par le légendaire « Chilly » Bill Cardille : grâce à lui, le samedi soir, à Pittsburgh, devint « le soir du catch « , et le resta  jusqu’en 1974.

Wrestlers © David Aschkenas
Wrestlers © David Aschkenas

Au temps de la « Studio Wrestling », le champion de la World Wide Wrestling Federation (WWWF), Bruno Sammartino, affrontait alors des stars locales et internationales et collectionnait les victoires. George « The Animal » Steele et Walter « Killer » Kowalski comptaient également parmi les plus grands noms de l’époque. Des célébrités telles que Dominic DeNucci se sentaient comme chez elles à Pittsburgh, tandis que d’autres – Bill Eadie, James J. Dillon, « Big Bully » Nick Busick… – considéraient que leur carrière avait débuté dans cette ville. Et dans le cœur des habitants, tous ces combattants ont trouvé une place de choix.

Depuis plusieurs décennies, en marge des grandes fédérations télévisées, les circuits indépendants, presque « dissidents », organisent localement des shows de catch. « La Keystone State Wrestling Alliance (KSWA) a vu le jour il y a environ 10 ans », raconte le photographe David Aschkenas, qui documente ces évènements depuis ses débuts. « C’était un samedi après-midi de septembre, dans la petite ville de Millvale, située à quelques kilomètres de Pittsburgh. Le “Millvale Days” est un festival organisé en septembre par le comté. Les rues principales sont fermées à la circulation et accueillent des manèges, des kiosques à musique et des stands de restauration. En me promenant, j’ai découvert un ring où un combat allait avoir lieu. »

Wrestlers © David Aschkenas
Wrestlers © David Aschkenas

Tout comme les autres fédérations indépendantes du pays, la KSWA a un port d’attache, mais se déplace souvent, dans des conditions difficiles, pour participer à des festivals, célébrations locales et collectes de fonds. La plupart des combats ont lieu dans des salles au sol bétonné, où les spectateurs sont assis sur des chaises pliantes – ou bien à l’extérieur, lorsqu’il fait beau et chaud. « Depuis 10 ans, je n’ai pas manqué un seul rendez-vous estival », raconte David Aschkenas. « La météo joue toujours un rôle dans les photos. Parfois, le temps est gris et nuageux, parfois le soleil est aveuglant. J’adore tirer parti des ombres, lorsqu’il fait beau. Les catcheurs me permettent toujours de prendre mes photos sur le ring, pour que je sois au plus près de l’action. »

C’est là que les VIP locaux – Shawn Blanchard, Lou Martin – assurent la permanence, aux côtés de Tommy Faime. C’est là que les fans assistent à l’ascension du champion des poids lourds de la KSWA, Mitch Napier, et de challengers tels que Harley T. Morris ou « King » Del Douglas.

Wrestlers © David Aschkenas
Wrestlers © David Aschkenas

On peut voir des vétérans de longue date – Lord Zoltan, le chevronné T-Rantula – lutter contre de jeunes catcheurs – Justin Sane, The Jester –, ou en équipe avec eux. Les petits catcheurs et les managers (Major Mystery, David Marbell …) sont sur un pied d’égalité avec des géants tels que Mike Malachi et Jack Massacre (qui mesure plus de 2 mètres), ou un nouveau venu sur le ring, Matt McGraw.

D’autres vivent simplement leurs rêves, les Bob Badfingers, les Vinnie Stone, qui combattent le week-end et les jours fériés – quand des blessures imprévues ne viennent pas mettre un terme à leur carrière. On peut également citer les arbitres passionnés, tels que Shawn Patrick, dans la profession depuis 30 ans. « Malheureusement, en raison de la Covid 19, l’événement a été annulé cette année », ajoute David Aschkenas. « Je croise les doigts pour l’année prochaine. »

Wrestlers © David Aschkenas
Wrestlers © David Aschkenas

C’est là que les fans petits et grands, chaque année, à chaque manifestation, retrouvent leurs repères – un favori à élire, un concurrent malheureux à huer. Et tous attendent l’issue du combat d’élimination, le Battle Royale. C’est l’Amérique… C’est Pittsburgh… C’est le catch indépendant tel qu’on l’aime.

Thomas Leturgey

Thomas Leturgey est un journaliste sportif qui vit à Pittsburgh.

Pour plus d’information sur David Aschkenas et son travail, cliquez ici.

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