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Les monstrueuses banalités d'Alex Prager

Les monstrueuses banalités d’Alex Prager

Jusqu’au 4 septembre, le FOAM expose le travail de la photographe américaine Alex Prager. Un excellent aperçu de son travail, entre mises en scène cinématographiques sophistiquées, ultra technicité et regard acerbe sur les carcans du glamour.

Une photographe cinéphile

Alex Prager est la preuve même qu’en matière de photographie, être autodidacte est un terreau fertile permettant une liberté d’approche et d’hybridation extrêmement forte. Dans chacune de ses images, la jeune Américaine parvient ainsi à faire la démonstration d’une maîtrise parfaite de son art. Tout l’intérêt de son travail repose sur sa capacité à créer, pour chacune de ses images, des jeux de pistes et des niveaux de lecture qui semblent infinis. 

Desiree, from the series The Big Valley, 2008 © Alex Prager. Courtesy Alex Prager Studio and Lehmann Maupin, New York, Hong Kong and Seoul. 

Cinéphile aguerrie (Hitchcock notamment), elle multiplie les effets de citations à ses pairs hollywoodiens et, s’appropriant ses codes et ses références, elle invente un langage. La photographie qu’elle propose pourrait être qualifiée de « photographie de genre » (horreur, série B, comédie).

Outre le cinéma, ses influences photographiques sont également très présentes : William Eggleston, Diane Arbus et Cindy Sherman. Chacune de ces images recèle une multitude de clins d’œil.

Quand le public devient spectateur actif

Alex Prager a une connaissance de l’histoire de l’art qui lui permet de faire montre d’une impressionnante maîtrise technique, qu’il s’agisse de son sens de la mise en scène, de la composition (des effets d’ensemble et des détails), ou encore de son utilisation signifiante de la couleur.

En produisant des photographies ultras réfléchies et stylisées, qui multiplient les références, Alex Prager séduit. Elle parvient à faire de son public un spectateur actif. De ces images cinématographiques qui semblent figées dans le temps, ce public pourra ainsi reconstituer la narration laissée en suspens dans chacune de ses images, partir en quête des références et des détails qui se nichent dans chacune de ces photographies. 

Crowd #1 (Stan Douglas), from the series Long Week-End, 2010 © Alex Prager. Courtesy Alex Prager Studio and Lehmann Maupin, New York, Hong Kong and Seoul. 

La technique au service de l’effroi

Loin d’être des coquilles vides, ses photographies, sous couvert de glamour, sont également puissantes parce que derrière l’humour et la sophistication, elles disent toujours une monstruosité, une vérité effrayante sur l’humanité. L’implacable mise en scène dans laquelle sont enserrés ses personnages est pour elle un moyen de dénoncer les carcans sociaux, et notamment ceux qui s’appliquent aux femmes. En cela son travail fait écho à celui de Miles Aldrige, récemment exposé à la galerie Christophe Guye et dont vous nous parlions ici. 

Prodigieuse, donc, cette autodidacte s’expose désormais dans les plus grands musées internationaux et notamment au MoMA, Whitney Museum, Musée d’Art moderne de San Francisco. 

Rita from the series Week-End, 2009 © Alex Prager. Courtesy Alex Prager Studio and Lehmann Maupin, New York, Hong Kong and Seoul. 

Par Sophie Puig

Alex Prager, Silver Lake Drive

14 juin – 4 septembre

Foam Fotografiemuseum, Keizersgracht 609, 1017 DS, Amsterdam

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