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Madrid, ce petit Hollywood

Madrid, ce petit Hollywood

À travers l’exposition « Mad about Hollywood », à Toulouse, retour sur les traces qu’Hollywood a laissées durant les années 1950 et 1960 à Madrid et ses environs.
Elizabeth Taylor et Michael Wilding à Madrid © Fondo Gerardo Contreras

Affaire historique de la cour suprême américaine, le décret Paramount mettait fin en 1948 au quasi-monopole de cinq grands studios hollywoodiens sur l’industrie du cinéma aux États-Unis. Chaque studio avait des contrats d’exclusivité avec des acteurs et des réalisateurs, possédait les cinémas où leurs films étaient diffusés, travaillé les uns avec les autres pour contrôler la façon dont les films étaient projetés. La commissaire de l’exposition Esperanza García Claver assure que « ce décret permettait enfin aux acteurs et actrices, aux producteurs, réalisateurs et scénaristes de jouir d’une plus grande liberté de mouvement », mouvement qui les a notamment menés vers l’Espagne.

Orson Welles avec sa femme Paola Mori © Galerie Lumière des roses

Dans l’exposition itinérante « Mad about Hollywood » présentée à l’Institut Cervantes de Toulouse, García Claver a « cherché à retrouver et à identifier l’empreinte laissée à Madrid et dans sa région, durant les années 1950 et 1960, par la présence d’acteurs et d’actrices du cinéma hollywoodien qui sont venus et travailler et y résider ».  À travers deux sections « Off the set » et « On the set », on suit d’une part le quotidien des comédiens et des comédiennes, en particulier celui d’Ava Gardner qui vécut à Madrid entre 1954 et 1968 et d’autre part, l’industrie cinématographique installée dans la région. « La variété des lieux et des paysages naturels, les faibles coûts techniques et de rémunération (figurants), les facilités pour obtenir les autorisations de tournage, et enfin la ville elle-même, exerçait un fort attrait sur les acteurs et leurs agents. »  

Marlene Dietrich sortant de l’avion à Madrid © Fonds Gerardo Contreras
Charlton Heston et Anthony Mann visitent le chateau des pommiers El Real
pendant le tournage d’El Cid vers 1961 © Samuel Bronston Productions Archive

Samuel Bronston, Shmuel Bronstein de son vrai nom, qui n’est rien d’autre que le neveu de Léon Trotski, créera un réel empire, « l’empire Bronston ». Il s’installa à Madrid en 1957 en tant que producteur après avoir échoué à trouver sa place dans les années 1940 à Los Angeles, et travaillé quelques années à Rome chez un distributeur de cinéma spécialisé dans les longs métrages religieux où il se faisait passer pour catholique, lui ce juif de Bessarabie. Cet homme qui ne reculait devant rien pour trouver des financements et s’intéressait peu aux affres de la dictature de Franco, produira des films iconiques aux budgets colossaux. On lui doit Le Roi des rois de Nicholas Ray, Le Cid d’Anthony Mann, ou encore Le Plus Grand Cirque du monde d’Henry Hathaway. Bronston (qui finira sans le sou) créera une réelle émulation en Espagne.

Photo de tournage du film Le Cid © Samuel Bronston Productions Archive

Madrid verra passer dans les années 1950 et 1960 la presque totalité du star-system. De Franck Sintra à Orson Wells, de Grace Kelly à Ingrid Bergman, de Charlton Heston à Sophia Loren, ils viennent tourner et se montrer dans les rues de la capitale espagnole et d’autres endroits de la région madrilène. On les retrouve dans l’exposition « dans des images spontanées, naturelles, tirées du quotidien, à mi-chemin entre le paparazzo aimable et le photojournalisme », explique Garcia Claver. L’aéroport de Barajas prendra les allures d’un défilé permanent mêlant glamour et business, fourmillant de journalistes, de photographes et d’admirateurs enthousiastes à l’idée d’approcher leurs vedettes et Madrid devenait peu à peu « un petit Hollywood ».

Par Sabyl Ghoussoub

« Mad about Hollywood », du 9 septembre au 15 octobre 2021, Institut Cervantes, 31, rue des Chalets, 31000 Toulouse, France.

Luis Miguel Dominguín avec Ava Gardner © Fondo Martín Santos Yubero

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