Blind Magazine : photography at first sight
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10 livres photo à offrir pour Noël

L’année 2023 s’achève sur une note photographique, avec une sélection de 10 livres qui auront autant marqué les amateurs de photo que la rédaction de Blind.

D’année en année, le livre photo est devenu un objet de collection à part entière. On y revient pour contempler les clichés que l’on aime et rêver devant ceux que l’on aurait tant aimé prendre. À l’approche des fêtes, Blind vous propose une sélection de dix livres où photographie rime avec nature, rêverie, intime ou découverte.

1/ Matthieu Gafsou, Vivants

Pétrole IX © Matthieu Gafsou
Pétrole IX © Matthieu Gafsou / Extrait de Matthieu Gafsou, Vivants (Atelier EXB / Musée d’art de Pully, 2023)
Colère I © Matthieu Gafsou
Colère I © Matthieu Gafsou / Extrait de Matthieu Gafsou, Vivants (Atelier EXB / Musée d’art de Pully, 2023)

Effondrement de la biodiversité, dérèglement climatique, mise en péril de l’habitabilité du monde… Vivants est le fruit de la prise de conscience existentielle du photographe suisse Matthieu Gafsou, mais aussi de son angoisse face à l’immense déni des questions écologiques. Dans cet ouvrage, il interroge notre conscience, notre avenir et notre relation au vivant, d’un point de vue artistique. Entre paysages teintés d’une couleur étrange, portraits de reportage en noir et blanc, ou vues urbaines retravaillées avec du pétrole brut, Vivants forme une série d’images complexes, pleines de colère mais aussi d’amour.

Vivants, Matthieu Gafsou, Atelier EXB, 168 pages, 72 photographies couleurs et N&B, 45€. 

2/ Pierre-Elie de Pibrac, Hakanai Sonzai

Mono no Aware #4 © photographie Pierre-Elie de Pibrac, Courtesy Galerie Anne-Laure Buffard Inc.
Mono no Aware #4 © photographie Pierre-Elie de Pibrac, Courtesy Galerie Anne-Laure Buffard Inc.
Mono no Aware #2 © photographie Pierre-Elie de Pibrac, Courtesy Galerie Anne-Laure Buffard Inc.
Mono no Aware #2 © photographie Pierre-Elie de Pibrac, Courtesy Galerie Anne-Laure Buffard Inc.

Pendant 8 mois, Pierre-Elie de Pibrac a sillonné le Japon, photographiant les lieux désertés et les oubliés de la société. Dans ses images énigmatiques, il raconte l’histoire d’individus qui cherchent à comprendre leur identité face au poids des règles de la société. Derrière ces regards fuyants qui évitent l’objectif, il y a des yakuzas, des rescapés de Fukushima, ou encore des hikikomori, ces individus vivant coupés du monde et des autres, confinés la plupart du temps dans leur chambre. Toutes ses photographies font état du « mono no aware », une conscience aiguë de la beauté de l’éphémère qui donne cette profonde impression de nostalgie. Face à la nature vierge et luxuriante, les cascades, les lacs et les forêts déserts, la présence humaine nous rappelle ainsi la fragilité et la fugacité de l’existence. Une réflexion sur la vie surgit alors. 

Hakanai Sonzai, Pierre-Elie de Pibrac, Atelier EXB, 184 pages, 89 photographies N&B et couleur, 55€.

3 / Lena Konstantakou, The Extraordinary Will Take Care of Itself

© Lena Konstantakou, The Extraordinary Will Take Care of Itself
© Lena Konstantakou, The Extraordinary Will Take Care of Itself
© Lena Konstantakou, The Extraordinary Will Take Care of Itself
© Lena Konstantakou, The Extraordinary Will Take Care of Itself

Tourner les pages de The extraordinary will take care of itself, c’est partir en voyage. Tout en douceur, elle partage la poésie de la Grèce et de cette petite ville tranquille au bord de la mer, dans laquelle elle a trouvé refuge. Lena Konstantakou grandit à Athènes, en Grèce, avant de déménager au Royaume-Uni pendant plus de 10 ans. Citadine jusqu’au bout des ongles, elle a finalement changé de vie pour retourner vers ses racines. Ce livre raconte en images son amour pour la nature, pour la mer et pour cette tranquillité nouvelle. Depuis plus de dix ans, elle passe un temps infini à explorer la ville pour s’y connecter. En quête d’appartenance, elle accumule des centaines d’images. Un an après, son premier livre photo voit enfin le jour, comme la dernière pièce du puzzle pour enfin s’approprier sa nouvelle demeure comme son véritable « chez soi ».

The Extraordinary Will Take Care of Itself,  Lena Konstantakou, Lecturis, 106 pages, 50€.

4/ Omar Victor Diop & The Anonymous Project, Being There

© The Anonymous Project / Omar Victor Diop
© The Anonymous Project / Omar Victor Diop
© The Anonymous Project / Omar Victor Diop
© The Anonymous Project / Omar Victor Diop

Issues de la précieuse collection de diapositives de Lee Shulman, les images de Being There nous transportent dans l’intimité des célébrations ordinaires de l’Amérique des années 1950 et 1960. Qu’il s’agisse d’anniversaires, de journées à la plage ou de barbecues, les archives rendent compte des moments de vie en Kodachrome. Pas de signature, pas de date, pas de lieu, mais un personnage récurrent qui relie toutes ces photographies : Omar Victor Diop. Le portraitiste s’immisce dans ces scènes par des photomontages. Il capture le grain exact des photos, les nuances, les ombres et les émotions, et se fond dans ces joyeux tableaux qui dévoilent les stéréotypes d’une Amérique idéalisée, où plane l’ombre de la ségrégation. Collaboration entre Omar Victor Diop et Lee Shulman, créateur de The Anonymous Projet, le livre Being There propose une relecture artistique et humoristique des clichés d’anonymes. Un travail documentaire autour de la mémoire collective par l’image.

Being There, Omar Victor Diop & The Anonymous Project, éditions Textuel Paris, 104 pages, 49€.

5/ Saul Leiter, Retrospective 1923-2013

Harlem, 1960 © Fondation Saul Leiter
Harlem, 1960 © Fondation Saul Leiter
Paris, 1959 © Fondation Saul Leiter
Paris, 1959 © Fondation Saul Leiter

Maître de la couleur et de la composition, Saul Leiter a redéfini les contours de la photographie, laissant derrière lui un riche héritage visuel. Après la grande exposition qui lui était consacrée lors de l’édition 2023 des Rencontres d’Arles, le photographe new-yorkais est toujours à l’honneur. Comme un voyage à travers les décennies, le livre rend compte de la vaste carrière de Saul Leiter, qui s’étend de 1923 à 2013. Saul Leiter: Retrospective 1923-2013 ne retranscrit pas seulement chronologiquement son évolution artistique, il offre aussi un regard profond sur l’homme derrière l’objectif, en éclairant les inspirations, les défis et les moments-clés qui ont façonné sa carrière. Des scènes de rue vibrantes aux portraits intimes, chaque cliché est imprégné d’une sensibilité poétique qui caractérise l’esthétique inimitable de l’artiste.

Saul Leiter, Retrospective 1923-2013, 352 pages, Éditions Textuel, 69€.

6/ À partir d’elle, des artistes et leur mère

Anna et Bernhard Blume, Flugversuch, de l'ensemble Ödipale Komplikationen?, 1977-1978, © Estate of Anna and Bernhard Blume; VG Bild- Kunst, Bonn, 2023 / Courtesy Kicken Berlin, © Adagp, Paris, 2023
Anna et Bernhard Blume, Flugversuch, de l’ensemble Ödipale Komplikationen?, 1977-1978, © Estate of Anna and Bernhard Blume; VG Bild- Kunst, Bonn, 2023 / Courtesy Kicken Berlin, © Adagp, Paris, 2023
Michel Journiac, Propositions pour un travesti incestueux et masturbatoire , 1975, © Michel Journiac, © Photo : Rebecca Fanuele, © Adagp, Paris, 2023
Michel Journiac, Propositions pour un travesti incestueux et masturbatoire , 1975, © Michel Journiac, © Photo : Rebecca Fanuele, © Adagp, Paris, 2023

Dans le processus créatif comme dans la construction de soi, la mère est une source d’inspiration. À travers 25 artistes et tout autant de regards posés sur leur mère des années 1960 à nos jours, se raconte l’intime, les souvenirs d’instants joyeux, d’objets, de photographies mais aussi de non-dits.  Cet ouvrage très personnel aborde la question de l’origine, de l’héritage, de la transgression, mais aussi de l’absence et de la séparation. En effet, la difficulté à représenter l’être aimé une fois qu’il n’est plus pousse certains à s’intéresser aux souvenirs laissés par la disparition de la figure maternelle.  On s’interroge nous-même sur la relation avec notre mère, sur nos imaginaires et nos mythologies concernant ce personnage énigmatique, et parfois conflictuel. 

À partir d’elle, des artistes et leur mère, coédition : delpire&co, LE BAL, 192 pages, 39€.

7/ Brian Graham, Goin’ Down the Road with Robert Frank

Roof repair, 7 Bleecker Street, NYC, 1981 © Brian Graham: Goin’ Down the Road with Robert Frank (2023)
Roof repair, 7 Bleecker Street, NYC, 1981 © Brian Graham: Goin’ Down the Road with Robert Frank (2023)
Robert returns to fashion to photograph an Aspesi shirt collection, Astor Place, NYC, 1988 © Brian Graham: Goin’ Down the Road with Robert Frank (2023)
Robert returns to fashion to photograph an Aspesi shirt collection, Astor Place, NYC, 1988 © Brian Graham: Goin’ Down the Road with Robert Frank (2023)

Un ami et assistant de Robert Frank, Brian Graham, donne un aperçu de la vie du photographe légendaire. Au fil des pages, on découvre une sélection soigneusement orchestrée de clichés emblématiques, immortalisant des moments capturés au gré des routes parcourues. Les photos de Graham, prises entre 1979 et 2019, nous emmènent dans les coulisses de Frank au travail – sur place pour son film de 1987 Candy Mountain, photographiant Allen Ginsberg, inspectant les feuilles de contact – et dans sa vie privée : rire avec sa femme June Leaf, explorer une friperie, même réparer le toit de son studio de Bleecker Street. Graham, en tant que compagnon de route et observateur privilégié de Frank, offre une perspective unique sur le travail du maître, révélant les coulisses de sa créativité. Au delà de la justesse des images, Goin’ Down the Road with Robert Frank est un portrait intime et exceptionnel de Robert Frank, figure centrale dans l’histoire de la photographie. 

Goin’ Down the Road with Robert Frank, Brian Graham, Steidl, 84 pages, 30€. 

8/ Sébastien Durand, Métro Sapiens

Metro Sapiens © Sébastien Durand
Metro Sapiens © Sébastien Durand
Metro Sapiens © Sébastien Durand
Metro Sapiens © Sébastien Durand

Capturée à travers la fenêtre d’un wagon de métro en mouvement, l’étreinte d’un couple sur un panneau d’affichage jure étrangement avec les passagers qui ne se regardent même pas, perdus dans la monotonie de leurs trajets quotidiens. Cette image, que Sébastien Durand a baptisée « Romance à Paris », marque le premier pas dans l’univers de son livre Métro Sapiens. Transcendant les clichés ordinaires des métros, il vient saupoudrer d’humanité les rames bondées et les foules qui se croisent sans se voir. Il capture l’intimité et l’anonymat au sein des foules qui parcourent quotidiennement les réseaux de transport. Chaque habitant d’une métropole peut s’y reconnaître. Du touriste qui peine à trouver la sortie au travailleur en retard, nous sommes tous devenus des Métro Sapiens.

Métro Sapiens, Sébastien Durand, 112 pages, couverture rigide, 42€.

9/ Morocco, Harry Gruyaert

Ouarzazate, 1986 © Harry Gruyaert, Magnum Photos.
Ouarzazate, 1986 © Harry Gruyaert, Magnum Photos.
Meknès, 1981 © Harry Gruyaert, Magnum Photos.
Meknès, 1981 © Harry Gruyaert, Magnum Photos.

Que ce soit par l’éclat des nuances ou par ses compositions saisissantes, Gruyaert, maître de la photographie en couleur, saisit l’essence même du Maroc avec une sensibilité artistique unique. Morocco est une ode visuelle à la diversité, à la richesse culturelle et à la magie enchanteresse du pays. Chaque image transcende la réalité et nous transporte dans un monde où la lumière danse sur les rues animées, où les marchés débordent de vie et où les paysages désertiques se parent de teintes chaudes. À travers les ruelles labyrinthiques des médinas, les places animées de Marrakech, les étendues désertiques du Sahara et les ports côtiers baignés de soleil, Gruyaert, avec son talent distinctif, parvient à capturer l’instant décisif. Chaque page est un tableau en soi qui révèle la beauté intemporelle du Maroc. Véritable expérience sensorielle, Morocco transcende les frontières et invite le lecteur à découvrir la splendeur du Maroc à travers le prisme de la photographie.

Morocco, Harry Gruyaert, éditions Textuel Paris, 208 pages, 120 photographies, 59€.

10/ Bruce Gilden, Haïti

© Bruce Gilden / Magnum Photos. Extrait de Bruce Gilden, Haïti (Atelier EXB, Paris 2023)
© Bruce Gilden / Magnum Photos. Extrait de Bruce Gilden, Haïti (Atelier EXB, Paris 2023)
© Bruce Gilden / Magnum Photos. Extrait de Bruce Gilden, Haïti (Atelier EXB, Paris 2023)
© Bruce Gilden / Magnum Photos. Extrait de Bruce Gilden, Haïti (Atelier EXB, Paris 2023)

Depuis 1948, année de sa première rencontre avec le pays, le photographe Bruce Gilden est fasciné par l’énergie unique qui ressort d’Haïti. Il s’y rendra de nombreuses fois jusqu’en 1995, puis après le tremblement de terre de 2010. Immergé en pays créole, Gilden sillonne l’île et rencontre ses habitants dans des situations que peu seraient prêts à voir. Il documente leur vie quotidienne, leurs traditions et leurs luttes. Sobrement, il dresse le portrait d’un un territoire pauvre, en proie à de nombreuses catastrophes naturelles.  Le grain et la douceur du noir et blanc abolissent la violence pour ne laisser que la poésie étrange du cadre.

Haïti, Bruce Gilden, texte Louis-Philippe Dalembert, Atelier EXB, 144 pages, 49€.

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