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Tehrangeles

Avec sa série « Soleil of Persian Square » consacrée à la diaspora iranienne de Los Angeles, Hannah Darabi cherche « à évoquer l’expérience spatiale et temporelle propre à l’exil. »
Hannah Darabi
© Hannah Darabi

Contraction de Téhéran en anglais et de Los Angeles, « Tehrangeles » est un terme inventé par la diaspora iranienne pour désigner ses quartiers de Los Angeles et se les approprier. Plus d’un tiers des Iraniens qui vivent aux États-Unis sont en effet réunis dans cette ville et ses alentours, en particulier dans le comté d’Orange County dont l’épicentre se trouve au croisement de Westwood Boulevard et d’Ohio Avenue. C’est après la révolution iranienne de 1979 qui a débouché sur un régime théocratique, conforme aux valeurs islamiques traditionnelles, qu’une première vague d’émigration sans précédent a lieu notamment vers les États-Unis. 

Artiste visuelle iranienne, Hannah Darabi a étudié à la Faculté des Beaux-Arts de Téhéran, puis à l’Université Paris VIII. Aujourd’hui basée à Paris, elle tente de donner un visage avec sa série « Soleil of Persian Square » à cette ville fictionnelle qui a pour nom Tehrangeles et qu’elle a d’abord connue « à travers des images associées à la musique populaire dans ses années d’adolescence. (…)Soleil of Persian Squarene désigne en effet pas seulement un voyage de l’espace réel à celui de l’imaginaire, mais aussi un mode de vie et une façon de penser incarnés dans la culture populaire ».

Hannah Darabi
© Hannah Darabi
Hannah Darabi
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Hannah Darabi
© Hannah Darabi
Hannah Darabi
© Hannah Darabi

Au centre de cette culture « qui se positionne aujourd’hui en opposition avec les valeurs morales du régime iranien actuel, et que les intellectuels critiquent par ailleurs pour son côté “low art”», il y a la musique pop produite à Tehrangeles. « Cette musique que nous aimons “détester” n’a jamais perdu sa place dans le cœur de cette nation dispersée, et n’a cessé de faire bouger nos corps, que ce soit dans un taxi à Téhéran, chez les amis de Paris, ou dans un concert à Toronto. » Ce style musical, Hannah Darabi l’a découvert adolescente sur son écran de télévision à Téhéran : « C’est le premier jour du printemps 1999. La musique festive accompagne des images de mauvaise qualité montrant des chanteurs connus de musique pop iranienne, qui font leur entrée dans ce lieu (l’hôtel Hilton de l’aéroport de Los Angeles), élégamment habillés et tout souriants. Il s’agit d’un spectacle “spécial Norouz” (le nouvel an iranien) de Tanin, produit par Caltex Records, qu’en Iran nous regardions en famille tous les ans depuis le début des années 1990 ».

Avec « Soleil of Persian Square », l’artiste présente un paysage qu’elle décrit empreint de mille signes. Ses photographies fourmillent de petits détails d’une urbanisation sauvage, d’inscriptions typographiques, en anglais ou en perse − faisant référence tantôt à un imaginaire cinématographique américain, tantôt à un ailleurs moyen-oriental. À travers des « photos de paysages urbains qui relèvent d’une tradition de la photographie de paysage américaine des années 1960-1970,(…) des portraits de ses habitants, et des objets issus de la culture populaire, tels que des pochettes de cassettes, des paroles de chansons, des captures d’écran de clips musicaux des années 1980 et 1990, ou encore des pages d’annuaires consacrées aux activités de cette diaspora », Hannah Darabi cherche « à évoquer l’expérience spatiale et temporelle propre à l’exil ».

Soleil of Persian Square de Hannah Darabi, est publié aux éditions GwinZegal, 220 pages, 35€. 

Exposition « Soleil of Persian Square », au Centre d’art Gwinzegal, 4 Rue Auguste Pavie, Guingamp, jusqu’au 6 juin 2022.

Hannah Darabi
© Hannah Darabi

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