Avant d’être le phénomène touristique que l’on connaît aujourd’hui, le Carnaval de Rio est avant tout une tradition culturelle qui célèbre durant quatre jours l’art de la samba et celui du travestissement. Danseurs, musiciens, notables, ouvriers ou simples passants, la ville entière se transforme au rythme transcendant des percussions et avec elle le coeur de ses habitants.
Une célébration qui va fasciner le jeune photographe français Marcel Gautherot qui au tournant des années 1940 – alors âgé d’une trentaine d’années – découvre ce pays haut en couleur. Il en documentera tous les aspects : la nouvelle capitale Brasilia métamorphosée sous les mains de l’architecte Oscar Niemeyer, les tribus d’Amazonie et les nombreuses coutumes qui font la richesse du Brésil.
Samba
« Il a été de ceux qui se sont plongés dans le thème du carnaval, photographiant cette fête populaire pendant des années », commente Sergio Burgi, coordinateur de la photographie à l’Institut Moreira Salles de Rio qui détient les archives du photographe. « Mais il s’est surtout concentré sur les écoles de samba » ajoute-t-il. Sur ses images défilent les visages tantôt concentrés tantôt enivrés des musiciens, vêtus aux couleurs et aux motifs de leur école. Et à chaque quartier son école : Portela, Beija-Flor, Mangueira…
Sur ses photographies noir et blanc, la blancheur des costumes contrastent avec les chairs sombres qui les portent. Car la samba a été inventée par la communauté d’anciens esclaves venus d’Afrique qui se sont installés à Rio au début du XXe siècle, peu de temps après avoir été libéré.
Être un autre
Mais le carnaval c’est surtout l’occasion d’oublier qui on est, d’où l’on vient, ce que l’on vit au quotidien. Les hommes deviennent des femmes, les femmes se transforment en princesse et les princesses en créatures à plumes, os et paillettes, rappelant une fois de plus les origines africaines de cette fête cathartique.
Comme sur ce cliché où ce jeune couple modeste peut le temps d’une journée porter les élégants costumes d’un roi et d’une reine et rêver à une autre vie. C’est le Carnaval, tout est permis.
Par Coline Olsina