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Daniel Gordon : déconstruire Photoshop

Daniel Gordon : déconstruire Photoshop

Daniel Gordon est le Matisse du XXIe siècle réincarné en photographe. Ses œuvres combinent des collages et des manipulations numériques, générant des photographies à la fois complexes et ludiques. Dans cette interview, Gordon discute de sa vision d’artiste et de la réflexion sur la photographie sous-jacente à ses compositions multicolores.

Still Life with Pineapple and Oranges © Daniel Gordon

Vos premières séries, que vous avez réalisées lorsque vous étiez étudiant, sont des photos de vous en plein vol. Après les portraits, vous avez décidé de faire des natures mortes. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce passage d’un genre photographique à un autre ?

Ceci est le résultat d’années d’expérimentation, avec toutes sortes de projets parallèles, mais revenons à l’époque où j’étais étudiant à Bard. J’ai réalisé les “Flying Pictures” lorsque j’étais en première année et, en deuxième année, je suis passé à une autre série d’images que j’ai intitulée “Constructions”. C’étaient des photographies de divers tableaux, entièrement réalisés à partir de tirages chromogènes. Je souhaitais rendre ces photographies “réelles” en construisant, puis en photographiant ces objets. Le parallèle pour moi avait à voir avec l’acte transformateur de réaliser une image. J’ai travaillé sur ces deux projets pendant toutes mes années à Bard. Je n’ai pensé à réaliser des portraits que dans les derniers mois de mes études supérieures. J’ai tendance à travailler profondément dans un domaine, puis à passer à quelque chose de nouveau quand je crois en avoir fait le tour. Il me semble que plus je travaille longtemps, plus il y a à faire, car j’aime revenir à des idées anciennes avec des connaissances nouvelles. En ce moment, je travaille sur des portraits et je prévois d’en faire d’autres dans un avenir proche. Fondamentalement, tout est lié, fonctionne en boucle, encore et toujours, se modifiant légèrement à chaque cycle.

« J’ai tendance à travailler profondément dans un domaine, puis à passer à quelque chose de nouveau quand je crois en avoir fait le tour »


Blue Pineapple, 2018 © Daniel Gordon

Vos tableaux photographiques sont une sorte d’anti-Photoshop, dans lesquels vous rendez les différentes couches non seulement réelles, mais également visibles, au lieu d’essayer de les rendre invisibles. A l’heure où la photographie évolue et où la technologie imprègne de plus en plus nos vies, comment percevez-vous l’évolution de votre travail ?

Je suis né en 1980, et j’ai vécu une moitié de ma vie avec l’Internet, l’autre sans. Je crois que mon travail montre cette dichotomie, au sens où j’utilise des outils numériques et analogiques (Photoshop, Epson Printers, chambres et films 8×10). J’aime aller plus loin dans cette contradiction en laissant des déchirures et de la colle dans le tableau, mais aussi en utilisant Photoshop de manière évidente, et des couleurs radicales dans la fabrication de certains objets.

Ces éléments – les déchirures, la colle, Photoshop – témoignent du fait que vous réalisez vos images dans votre atelier. A quoi ressemble une journée typique à l’atelier ?

Ça dépend vraiment ! Parfois, je travaille sur l’ordinateur et d’autres jours, je photographie et travaille sur des compositions ou des objets. Ma journée idéale est celle que je commence en sachant déjà où je vais. Je peux aller droit au but, être concentré, et peut-être découvrir des choses nouvelles pendant que je travaille.


Crescent Eyed Portrait (in Blue), 2013 ​​​​​© Daniel Gordon

D’où vient votre inspiration, ou de qui ?

De l’art et de la vie, des amis et de la famille. Je ne sais pas – je dirais que c’est un peu un mélange de tout.

En quoi un livre est-il une expérience différente d’une exposition, quant à votre travail? Est-ce que l’un vous motive plus que l’autre ?

Actuellement, je m’intéresse beaucoup aux expositions comprenant l’utilisation de peintures murales pour changer l’espace architectural. J’aime les considérer comme des « fonds d’écran ».

En conclusion, quel conseil voudriez-vous donner aux artistes / photographes en herbe ?

Soyez généreux avec vos amis et restez en contact avec tout le monde. Regardez beaucoup de films. Lisez des livres, mais assurez-vous de passer du temps avec les gens. Travaillez dur. Travaillez toujours et ne donnez pas trop de prix aux choses. Continuez seulement, et quelque chose se passera !


Peaches, 2018 © Daniel Gordon

Pink Vase, 2015 © Daniel Gordon

Portrait with Blue Hair, 2013 © Daniel Gordon

Pomegranate, 2018​​​​ © Daniel Gordon

Propos recueillis par Claire Debost

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