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Depuis un sous-sol à Kyiv

La photographe ukrainienne Lisa Bukreyeva tient un journal de guerre depuis les premiers jours de l'invasion russe dans son pays.

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Jour 1 - Impossible d'être prêt, quoi que l'on ait fait auparavant. La Russie a attaqué l'Ukraine, aujourd'hui à l'aube, dans différentes régions. Toute la journée, ma famille et moi avons construit un abri dans le sous-sol de la maison de ma mère, pour soutenir les proches et pleurer les morts. - Jour 3 - La nuit a été lourde, j'ai à peine dormi. Les explosions et les coups de feu ont été entendus pendant 24 heures sans grande interruption. Mais nous allons bien, nous sommes en sécurité. S'il vous plaît, appréciez la paix.

- Jour 4 - Aujourd'hui, j'ai réussi à prendre une douche et à prendre un repas en famille à table, au lieu de manger sous la table. À Kiev, il fait beau, et quoi qu'il arrive, un déjeuner en famille n'a pas de prix. Nous nous préparons à un couvre-feu de deux jours. On s'en sortira, on n'a pas le choix. - Jour 5 - C'est un crime contre l'humanité. A Kharkiv, ils ont bombardé les quartiers résidentiels. Ils ont essayé de détruire Chernigiv. Beaucoup de victimes civiles. On est allé donner du sang, ma mère est du groupe AB, mais à l'hôpital ils n'avaient plus de bidons. On retourne à l'abri. Quand l'alarme aérienne retentit, nous mettons un matelas sur nos têtes. « Espérons, espérons ». Il a quatorze ans.

- Jour 6 - Je n'ai plus peur, j'ai appris à faire la différence entre le bruit des explosions. Le temps passe aussi lentement qu'avant.
 - Jour 8 - À cause du manque de sommeil, j'ai l'impression que tout ceci représente une seule et longue journée, mais ce journal permet de garder la notion du temps. Il est maintenant plus difficile de se souvenir d'une vie paisible, comme avant.

- Jour 9 - Hier a été le jour le plus difficile depuis le début de la guerre. Il y a eu un désaccord au sein de la famille, quelqu'un voulait partir, quelqu'un voulait rester. Mais on ne peut pas se séparer, quoi qu'il arrive. Nous avons décidé de rester à Kiev. - Jour 10 - J'ai réalisé que je ne me souvenais pas de ce que c'était de marcher et de dormir sans chaussures. C'est comme si j'étais née avec des chaussures. En cas d'évacuation rapide, il faut être entièrement habillé, y compris dans un manteau.

- Jour 11 - Il a neigé ce matin, et j'ai d'abord cru que c'était des cendres. Mais c'est un tel printemps à Kiev cette année. J'ai beaucoup pensé à la photographie aujourd'hui. Qu’elle doive briser les cœurs ou non. - Suivez le travail de
Lisa Bukreyeva
à Kyiv.

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