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DERRIÈRE L’IMAGE - Bon pied, bon œil

DERRIÈRE L’IMAGE – Bon pied, bon œil

À l’occasion de l’exposition Self-portrait polaroids à la Howard Yezerski Gallery, Blind décrypte une image de l’artiste américain John Coplans, inlassable scrutateur en photographie de son propre corps.

Outil documentaire ou scientifique, le médium photographique a-t-il vocation à être également archéologique ? C’est bien ce qui se dessine à travers l’œuvre photographique de John Coplans, qui aura mené en véritable archéologue une exploration assidue et renouvelée de toutes les facettes de son corps. Au gré des expérimentations, ses mains, son torse, ses pieds ou encore sa silhouette anonyme, car sans tête, ont été portraiturés comme des sujets à part entière. D’années en années depuis 1984, son chantier de fouilles photographiques s’est augmenté, structuré jusqu’à constituer une archéologie en images et en soi, une œuvre personnelle et organique aux accents pourtant universels.


Feet, Eight Panels, I, 1989 © John Coplans / The John Coplans Trust

Réalisé en 1989 à la chambre polaroid, cet ensemble de huit panneaux recrée un portrait composite des deux pieds superposés de Coplans, à mi-chemin entre la précision scientifique et la dimension proprement artistique de l’archéologie. Dans la mise en scène, et en œuvre, de son propre corps, le photographe ne rate ni un détail ni un cadrage : la peau, la pilosité, les ongles, ou encore toutes les aspérités de la chair sont dévoilés dans un geste frontal et en série, alors même qu’il provient de lui-même. 

Il y a néanmoins dans la photographie de Coplans – qui se tourne vers le médium de manière tardive, après sa vie de critique et essayiste – une dimension objective et méthodique, qui transforme son corps et sa pratique artistique en un pur terrain de recherches sur les potentialités de l’image. En raffinant son procédé pour créer un contexte anonyme, Coplans expose au monde toute la trivialité et l’universalité du corps, dépossédé de son identité. Ce ne sont plus alors des autoportraits, mais bien l’image du corps soumis aux affres au temps, et de la révélation photographique.

Par Anne Laurens 

Self-portaits polaroids (1984-2002), John Coplans

10 janvier – 18 février 2020

Howard Yezerski Gallery

460 Harrison Ave a16, Boston, MA 02118, États-Unis 

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