
Agata, De la série Agiografie, 2019 © Anita Scianò
Agrémentés de dentelles, de fleurs séchées, de peintures, de tissus, ces polaroïds aussi curieux que précieux célèbrent la « force d’esprit de quelques figures féminines choisies » explique l’artiste.
Il y a d’abord Agnese. Sa longue chevelure brune cache sa poitrine dénudée, elle est auréolée d’un brin de ficelle et les quelques gouttes de peinture rouge à la gorge nous signifie qu’elle fût décapitée pour s’être convertie au christianisme. Il y a ensuite Agata. Cette jeune fille de bonne famille a refusé d’assouvir les désirs d’un proconsul. Pour la punir, il ordonne de lui couper la poitrine. Enfin, il y a Lucia dont les yeux furent arrachés pour avoir refusé le mariage qu’on lui imposait.
À chacune d’elle, Anita Sciano redonne un visage, une âme. Pour chacune d’elle, l’artiste a attribué des éléments signifiants leur histoire. Ici, de la dentelle pour signifier la noblesse. Là, une colonne pour évoquer les rues de Rome.
Mais au-delà d’un intérêt historique pour la vie de ces martyres, l’artiste offre ici un hommage émouvant à la souffrance des femmes. L’enveloppe poétique et éphémère de ses polaroïds nous rappelle surtout la fragilité de leurs destins, trop souvent oubliés. « Pourrons-nous jamais réussir, en connaissant les détails sombres et lugubres de ces martyres et en perpétuant leur mémoire, à épargner autant de martyres de nos jours ? » questionne l’artiste pour conclure.

Cristina, De la série Agiografie, 2019 © Anita Scianò

Cecilia, De la série Agiografie, 2019 © Anita Scianò

Barbara, De la série Agiografie, 2019 © Anita Scianò

Lucia, De la série Agiografie, 2019 © Anita Scianò

Agnese, De la série Agiografie, 2019 © Anita Scianò

Domenica, De la série Agiografie, 2019 © Anita Scianò

Giovanna d’Arco, De la série Agiografie, 2019 © Anita Scianò
Par Coline Olsina
Cette série sera exposée prochainement à l’occasion du festival Circulation(s) à Paris du 14 mars au 10 mai 2020