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Young European Photographers, Episode 1: Michalina (Pologne)

Dans ce premier épisode de « Young European Photographers », nous avons suivi la photographe polonaise Michalina Kuczyńska, qui documente les tensions sociales et les mouvements protestataires que son pays connaît depuis l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir.

Le paysage est émaillé de forêts de bouleaux, de mines et de fonderies désaffectées, vestiges d’un passé industriel parmi les plus florissants d’Europe. Nous sommes en Silésie, dans le sud de la Pologne, c’est là que vit la photographe Michalina Kuczyńska, 26 ans. 

Nous la rencontrons dans l’appartement rempli de plantes et de beau mobilier artisanal qu’elle partage avec son petit-ami, à Katowice. Elle accueille trois réfugiées ukrainiennes, à qui elle a rapidement trouvé un travail et une solution pérenne d’hébergement. « Je ne me considère pas comme activiste, car je ne fais pas assez », précise celle qui mène des actions avec No Border, le réseau transnational qui lutte pour l’abolition des frontières et vient en aide aux migrants.

Michalina est la plus jeune membre de Archive of Public Protests, un collectif de dix-huit photographes créé en 2019 par Rafał Milach, qui rassemble les images des manifestations polonaises depuis 2015, c’est-à-dire depuis l’arrivée au pouvoir du parti national conservateur Droit et Justice (PiS).  

© Michalina Kuczynska
© Michalina Kuczynska
© Michalina Kuczynska
© Michalina Kuczynska

Un pouvoir autoritaire, influencé par l’Église, à qui l’on doit entre autres l’interdiction presque totale de l’IVG, la création de zones « LGBT-free », des attaques contre la liberté de la presse et l’indépendance de la justice.

Le collectif revendique une approche sensible et subjective du photojournalisme, s’attachant à raconter la créativité et les aspects visuels des mouvements sociaux et tensions politiques. 

« En Pologne, on peut manifester tous les jours tellement il y a de raisons de protester ! » , confirme la jeune photographe, que nous suivons lors de la Manifa, une manifestation féministe concomitante à la journée des droits des femmes, à Katowice et à Gliwice, sa ville natale. « Les gens pensent que la Pologne c’est juste Varsovie », constate-t-elle. C’est aussi pourquoi elle aime documenter les mouvements présents dans les villes plus petites et la forte solidarité qui en émane. 

Alors que nous terminons le tournage, Michalina Kuczyńska prépare son prochain départ pour la frontière biélorusse, où elle s’est déjà rendue plusieurs fois pour aider les réfugiés et documenter le drame humanitaire qui s’y tient depuis l’été 2021.

© Michalina Kuczynska
© Michalina Kuczynska
© Michalina Kuczynska
© Michalina Kuczynska

Pris en étau entre la Biélorussie qui les repousse à la frontière, et la Pologne, qui leur refuse l’accès au territoire, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, sont coincés aux points de passage, dans des conditions effroyables. « La Pologne a déclaré cette frontière “No Go Zone”, personne n’a le droit d’y aller, et aider les réfugiés qui meurent de froid dans les bois est illégal ».

Ce film a été tourné en mars 2022 à Katowice et Gliwice. Il est produit par Blind et Phantastica Pictures. Il a été réalisé par Charlotte Jean et Quentin Molinié, avec une musique de Lecomte de Brégeot

© Michalina Kuczynska
© Michalina Kuczynska

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