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Qu'est-ce qui fait un homme ?

Qu’est-ce qui fait un homme ?

L’exposition Masculinities : Liberation Through Photography au Barbican à Londres explore la manière dont la masculinité a été vécue, mise en scène, codée et construite socialement dans la photographie et le cinéma depuis les années 1960, et rassemble plus de 300 œuvres de 50 artistes pionniers.

À la suite des directives des autorités de chaque pays, la plupart des expositions sont suspendues, reportées ou annulées. Nous avons décidé de publier tout de même les articles qui en parlent, quand nous avons pu notamment les voir avant la fermeture. Pour plus d’informations sur notre ligne éditoriale durant cette période, vous pouvez lire ici notre édito.


Untitled 22 from the series Christopher Street, 1976, Courtesy the artist and Hales Gallery.  © Sunil Gupta. All Rights Reserved, DACS 2019 

Organisée par l’indomptable Alona Pardo, Masculinities : Liberation Through Photography est l’exposition géante présentée actuellement au Barbican, dans le cadre de sa saison Inside Out qui explore le lien entre notre vie intérieure et notre créativité. Cette fois, notre attention est orientée vers les hommes, à travers une analyse pleine de nuances de la représentation et de la construction de la masculinité moderne.

L’objectif d’Alona Pardo était de mettre en évidence le rôle clé de la photographie et du cinéma dans la manière de concevoir et de comprendre la masculinité dans la culture contemporaine. L’exposition rassemble les plus grands noms de la photographie – dont Catherine Opie, Richard Avedon, Isaac Julien et Robert Mapplethorpe, qui comptent parmi les 50 photographes ayant contribué à l’exposition.

Dans une image bien connue de Robert Mapplethorpe, une culturiste nommée Lisa Lyon pose complètement nue, telle une statue arborant ses muscles au sommet d’un rocher. La photographie a été prise en 1980, après la victoire de Lisa Lyon au championnat du monde de culturisme féminin, et surprend par l’association d’une pose typiquement masculine avec un corps de femme. Déconstruire les idées préconçues sur les archétypes masculins tels que le lutteur, le culturiste et l’athlète est un thème récurrent de cette exposition. Aux côtés de Mapplethorpe, Jeremy Deller et Rineke Dijkstra proposent également des vues alternatives de ces stéréotypes hyper-masculinisés.


Untitled, from the series Soldiers, 1999, Courtesy Adi Nes & Praz-Delavallade Paris, Los Angeles 

D’autres images contrarient et déstabilisent pareils mythes liés à la masculinité moderne. On notera le travail du photographe israélien Adi Nes, qui a constamment remis en cause les représentations stéréotypées de la masculinité. Ayant grandi au lendemain de la guerre des Six jours en Israël, Nes se considérait depuis toujours comme un étranger avant qu’il ne rejoigne les Forces de défense irakiennes, assume sa sexualité et fréquente une école d’art. Ceci donna naissance à une série dont les sujets sont des soldats, montrés sous un jour exprimant leur sensibilité. Sur une image, on les voit somnoler dans un bus ; sur une autre, un soldat urine en compagnie de son ami, auquel il tend le bras.

L’exposition évoque également le patriarcat et les relations de pouvoir inégales entre les sexes, les classes et les races. En particulier, la série de Karen Knorr, Gentlemen, réalisée à Londres entre 1981 et 1983, invite le spectateur à réfléchir sur les notions de classe, de race et d’exclusion des femmes de la sphère du pouvoir sous le régime de Margaret Thatcher. La série se compose de 26 photographies en noir et blanc, prises à Londres dans des clubs privés réservés aux hommes et accompagnées de textes qui retranscrivent des conversations, des documents parlementaires et des actualités de l’époque. L’une de ces images dit simplement: « Les journaux ne sont plus repassés, ni les pièces de monnaie ébouillantées. Les bonnes manières se perdent. » 

Outre des œuvres fondatrices de l’idée de masculinité, l’exposition présente des artistes moins connus et plus jeunes, dont certains n’ont jamais été montrés auparavant au Royaume-Uni – notamment Sam Contis, Karlheinz Weinberger et Elle Perez. Rassembler pareil éventail d’oeuvres, réalisées par des artistes si différents, est l’un des atouts de cette exposition. Si on considère le nombre important de photographes traitant de la masculinité dans leur travail, on se dit qu’ils auraient dû être réunis beaucoup plus tôt dans un même espace.

Newspapers are no longer ironed, Coins no longer boiled So far have Standards fallen, from the series Gentlemen, 1981-83, Tate: Gift Eric and Louise Franck London Collection 2013  © Karen Knorr 
Bo from “Being and Having”, 1991, Collection of Gregory R. Miller and Michael Wiener © Catherine Opie, Courtesy Regen Projects, Los Angeles; Thomas Dane Gallery, London; and Solomon R. Guggenheim Museum, New York 

Untitled (Neck), 2015 © Sam Contis
David Brintzenhofe Applying Makeup (II), 1982 © 1987 The Peter Hujar Archive LLC; Courtesy Pace/MacGill Gallery, New York and Fraenkel Gallery, San Francisco 

Horseshoe Buckle, 1962  © Karlheinz Weinberger. Courtesy Galerie Esther Woerdehoff 
Rusty, 2008 © Catherine Opie, Courtesy Regen Projects, Los Angeles and Thomas Dane Gallery, London 

Par Sarah Roberts

Masculinities: Liberation through Photography

20 février – 17 mai 2020

Barbican Art Gallery, Silk St, Barbican, London EC2Y 8DS

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