Les saisissantes effigies de Bastiaan Woudt
Des faces qui vous regardent de front, avec intensité, comme si elles vous dévisageaient et le tout enrobé d’une nappe obscure et élégante… Voici en quelques mots le sentiment qui vient devant la série Mukono du photographe Bastiaan Woudt. Artiste autodidacte, néerlandais, il a réalisé ces images pour la fondation Marie-Stella-Maris qui agit pour l’accès à l’eau potable dans la région de Mukono en Ouganda. Ses portraits offrent une note vibrante et extrêmement composée à des visages de villageois africains de la région qu’il a su saisir sur le vif.

“Mukono” Jeune fille en uniforme d’écolière © Bastiaan Woudt

“Mukono” Lutalo © Bastiaan Woudt, Courtesy Kahmann Gallery, Amsterdam & Jackson Fine Art, Atlanta
L’Ukraine et l’uniforme par Michal Chelbin
La photographe israélienne s’est promenée en Ukraine plusieurs années et elle s’est intéressée à la vie dans les pensionnats militaires du pays. Alors que les garçons sont destinés à devenir des combattants, les filles doivent, elles, penser au mariage et devenir de bonnes épouses. Les garçonnets en costumes militaires et les petites filles en robes questionnent la part d’enfance révolue, l’acte de former, très tôt, une élite dirigeante par le conformisme aux attentes de la société adulte. How to dance the Waltz souligne très bien ce trouble qui prend devant un enfant précoce poussé à devenir adulte avant l’heure.

“How to Dance the Waltz” Aleira et ses amies. Ukraine, 2015 © Michal Chelbin

“How to Dance the Waltz” Jeunes cadets, Ukraine, 2015 © Michal Chelbin
La pauvreté britannique à l’ère Thatcher par Tish Murtha
Ils ont le regard triste, l’air vague, errants et sans emploi… Les jeunes gens que photographie Tish Murtha sont des représentants de la classe populaire britannique des années 1980. Portraits magnifiques de cette jeunesse désœuvrée et pauvre que l’artiste immortalise dans des clichés sidérants. Troisième d’une lignée de dix enfants élevés dans un quartier défavorisé de Newcastle, la photographe a aussi vécu cette misère. Témoignage sans concession et d’une intensité incroyable, il est l’événement incontournable de ce Festival tandis que la photographe a disparu précocement à l’âge de 56 ans, en 2013.


Alice au pays des métamorphoses par Turkina Faso
Photographe âgée de trente ans et d’origine russe, Turkina Faso vit désormais à Londres où elle mène sa barque dans les domaines de la mode et du documentaire. Avec sa série Sister Alice, elle documente la vie de sa sœur Alice restée étudier à Moscou. Sa grâce naturelle et l’étrangeté de son visage font d’elle un modèle particulièrement intéressant et touchant alors que son corps et ses poses vibrent à travers les paysages du Caucase du Nord, mêlant la nature sauvage à son devenir. C’est aussi un travail qui court sur dix ans et révèle à merveille les transformations à l’œuvre à l’adolescence, passage mouvementé et pluriel vers l’âge adulte.

Série “Me and Them”, Back home with Alice, Rouge. Nord Caucase, Russie, 2015 © Turkina Faso

Alice, dans un train. Nord Caucase, Russie, 2015 © Turkina Faso
Les yeux silencieux de Benni Valsson
Depuis environ trois ans, le photographe mène un travail de portraits discrets dans son pays d’origine, l’Islande. Sorte d’opposition à l’urgence dans laquelle il est plongé lors de commandes pour les magazines ou les marques, il prend ici le temps qu’il faut pour réaliser ces clichés qu’il confectionne à la chambre et réalise en extérieur, au gré des saisons et des changements dans le paysage urbain. Il mêle portraits d’anonymes et de créateurs islandais – poètes, danseurs, vidéastes, artistes plasticiens… – dans des rencontres sobres et fortes.

“Nokkurs Konar Heimkoma – A sort of Homecoming” Styrmir Örn Gudmundsson, à Eidistorg, Reykjavik, octobre 2017 © Benni Valsson

La panoplie des selfies par Olivier Culmann
Le photographe, membres du collectif Tendance Floue, a eu carte blanche pour réaliser une exposition sur le thème du selfie. Apparu en 2002 avec comme objectif d’être envoyé à quelqu’un d’autre, le selfie a envahi la planète, en particulier dans le domaine de la communication et de la représentation de soi. Qu’il soit l’œuvre d’un touriste, d’une personnalité ou d’un artiste, il est toujours une fiction de soi-même qui déclenche mises-en-scène et sélection d’un décor. Il s’agit ici de mêler photographies d’amateurs et d’artistes pour mettre en lumière le puit sans fond que constitue cette nouvelle pratique et les tendances qu’elle opère dans le monde de la photographie.

“Selfies, égaux / égos” © DR
Le grand saut de Philippe Halsman
Le photographe américain (1906-1979) a inventé la pratique de la « jumpology », c’est-à-dire l’acte de photographier des personnalités en train de sauter, ce qui est censé donner un caractère plus spontané au portrait. Que ce soit Marilyn Monroe, Groucho Marx ou Dali, de nombreuses célébrités se sont prêtées au jeu. L’exposition présente pas moins de soixante clichés grâce à la participation de l’agence Magnum.

“Studio Halsman” Groucho Marx, acteur américain, 1952 © Philippe Halsman / Magnum Photos

“Studio Halsman” Ava Gardner, actrine américaine, 1954 © Philippe Halsman / Magnum Photos
Résidence, concours et écoliers…
Une résidence photographique a été confiée à Ambroise Tézenas qui a comme objectif de révéler la ville de Vichy sous un nouveau jour. Un concours est ouvert à tous les photographes sur le thème du portrait. Enfin, une exposition aura lieu avec les travaux des écoliers de la ville.
Par Jean-Baptiste Gauvin
Portrait(s) Le rendez-vous photographique de Vichy
Du 14 juin au 8 septembre 2019
Vichy (03200)