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Les Photographes à suivre selon FOAM

Les Photographes à suivre selon FOAM

Pour la troisième année consécutive, Foam (ou Fotografiemuseum Amsterdam) expose ses nouveaux talents à la galerie Red Hook Labs à Brooklyn.

Lancé il y a plus de quinze ans, le projet de Foam Talent est aujourd’hui une partie importante de la mission de soutiens à la photographie contemporaine du Musée d’Amsterdam, et est perçu à l’international comme un concours dont les récompenses (publication dans Foam Magazine, exposition, intégration d’oeuvres dans la collection Deutsche Börse) et la renommée met les gagnants au-devant de la scène photographique. Parmi 1853 dossiers d’artistes, tous ayant moins de 35 ans et venant de 74 pays, 20 ont été sélectionnés.  En regardant le travail des vingt sélectionnés pour l’édition 2019, on retrouve un groupe représentatif des différentes manières dont le médium photographique est utilisé, exploré, voir déconstruit—la plupart des gagnants se considérant plus comme des artistes que des photographes. Chaque artiste, qui ont pour la plupart connu le début de leur succès sur Instagram ou Tumblr, pousse un peu plus les limites et la diversité du médium photographique.

Voici un aperçu du profil et du travail de 10 d’entre eux:

1. Carmen Winant (États-Unis)

Carmen Winant est une artiste américaine qui travaille à partir d’image d’archives, souvent anonymes. En assemblant un mur d’une centaine d’images côte-à-côte autour d’un même thème, Winant remet en question la manière dont une série photographique est constituée. Au-delà de la forme, le travail de Winant aspire à révéler les non-dits. Notamment avec sa série My Birth /Ma Naissance qui a été exposée au MoMa en 2018, Winant crée un langage visuel qui naît d’expériences personnelles, mais aspire à être universelle.


My Birth /Ma Naissance © Carmen Winant

2. Stelios Kallinikou (Chypre)

La série de Stelios Kallinikou Études de Géologie fait partie d’une étude plus large des paysages de Chypre.

Son travail réconcilierait presque photographie et peinture. Le médium est certes un appareil photographique, mais les couleurs et la texture sont celles peintes par la terre. Il n’y a rien de plus réel que ce que Kallinikou photographie, et pourtant le résultat donne un univers presque fantastique. C’est dans ces tensions que le travail de Kallinikou est si intrigant, mais surtout si important, à l’âge de l’anthropocène.


Water Composition 2, from the series Studies in Geology, 2017 © Stelios Kallinikou

3. Durimel (France)

Durimel est le nom d’un duo formé par deux Frères d’une île pas très proche (la Guadeloupe). Ils ont déjà séduit et travaillé avec les plus grandes marques de mode, telles que Kenzo, Levi’s ou encore American Apparel. Dans la série présentée par FOAM, les images aux couleurs saturées et chaudes sont presque cinématographiques, et chacune semble  faire partie d’une histoire. Durimel cherchent, à travers la photographie, à créer un monde imaginaire où être noir est une célébration, à défaut du monde réel. Les scènes, où les sujets sont pour la plupart des gens qu’ils ont rencontrés dans la rue, ont un air théâtral et romantique, mais parlent aussi de dignité et d’émancipation.


Black boys I knew who could self-reflect, from the series Frères d’une île pas très proche, 2018 © Durimel

4. Salvatore Vitale (Italien)

Alors que la Suisse est un pays souvent décrit et pensé comme un pays “neutre” et “de paix”, la recherche de l’artiste italien Salvatore Vitale nous montre qu’il y a derrière cette apparence une culture de protection et de sécurité nationale. Les images révèlent les logiques visibles et invisibles que  le gouvernement utilise pour mener une politique de sûreté militariste. Travaillant sur ce projet depuis 2014, Vitale renverse notre conception même d’enquête : d’ordinaire secrète, celle-ci a pour but d’exposer. À travers des images d’armes (presque trop sublimes) ou encore de chiens qui montent la garde, on ne peut s’empêcher d’y voir une remise en question du nationalisme.


Untitled, from the series How to Secure a Country, 2015 – 2018 © Salvatore Vitale 

5. Maisie Cousins (Angleterre)

À 25 ans, Maisie Cousins a déjà, entre autres, été exposée au Tate et a collaboré avec la célèbre artiste féministe Petra Collins. Ses images, extrêmement colorées, sont des natures mortes modernes: elles sont électriques et vivantes, évoquant autant la nature, la gourmandise que  la sexualité féminine. À travers l’utilisation d’images macro, Cousins nous submerge dans son monde et met à profit la haute définition photographique. Elle dit aimer photographier ce qui l’attire, et ce qui peut être autant dégoûtant que beau.


Orchid, from the series grass, peonie, bum, 2015 © Marie Cousins

6. Valentine Bo (Ukraine)

Renforcé par le fait que ce sont des photographies, le travail de Valentine Bo rend difficile à discerner le réel de l’irréel, le faux du vrai. La dernière série de Bo, Your next step would be to do the transmission est inspirée du mouvement raëlien qui prône le clonage, l’immortalité et la libération sexuelle. Sans être un travail documentaire, les images de Bo sont au contraire, un travail d’interprétation, entre science-fiction et imaginaire personnel de la photographe.


The Element, from the series Your next step would be to do the Transmission, 2018 © Valentine Bo

7. Florian Amoser (Suisse)

Si Florian Amoser est aujourd’hui photographe, sa formation d’architecte influence clairement son travail visuel. Les images de Florian Amoser rappellent celles d’un des pionniers de la photographie : Ansel Adams. À l’inverse des grands espaces, Amoser explore les galeries souterraines et demande : comment est-ce que la photographie peut-elle capturer un espace ? Submergeantes, ses images évoquent autant la pratique analogique à travers les contrastes de noir et blanc que la modélisation tridimensionnelle avec la lumière qui dessine des lignes à caractère topographique.


Quantified Landscape © Florian Amoser

8. Gregory Eddi Jones (États-Unis)

Eddi Jones a commencé sa série Flowers for donald / Fleurs pour donald quelques jours après l’élection de Donald Trump aux États-Unis en 2016. Les images rappellent à première vue les peintures sur iPad de David Hockney, mais plus on regarde plus on voit le processus de transformation et de manipulation que les fleurs ont subie. À la fois symbole de l’histoire de l’art et synonyme de protestation, chaque bouquet a une histoire. Même si l’impression d’anarchie reflète la turbulence de la scène politique américaine contemporaine, chaque détail dans les fleurs pour Donald a une signification, et évoque un événement récent. Le travail de Eddi Jones questionne le rôle de la photographie comme outil de manipulation du réel ainsi que le rôle de l’artiste en temps de crise politique.


A Nice Day with some fruit, from the series Flowers for donald, 2017 © Gregory Eddi Jones

9. Senta Simond (Suisse)

La série Rayon Vert de Senta Simond est composée de portraits de femmes proches de Simond. En noir et blanc et en couleur, les portraits détaillés, et souvent avec un jeu de lumière, capturent ces femmes telles qu’elles sont avec une extrême sincérité – renversant l’histoire du rôle de la photographie dans l’objectification de l’image des femmes. L’intimité de Simond avec ses sujets se traduit en une honnêteté visuelle rafraîchissante. Ses images rappellent celles de Dorothea Lang, sauf que les femmes de Simond ne sont pas juste des sujets photographiques, elles collaborent avec la photographe.


Rayon Vert © Senta Simond

10. Eric Gyamfi (Ghana)

La série A certain bed de Eric Gyamfi est un ensemble de collage photographique créé entre 2017 et 2018, alors qu’il a été forcé de quitter sa maison et s’est retrouvé sans abris. Alors que le travail questionne la notion de chez soi et le rôle de la mémoire, l’assemblage d’images installées sur une table, symbole du foyer, constitue un voyage émotionnel à la fois beau et fragile avec la répétition d’images de lits tous différents, des lits qui n’appartiennent à personne et à tout le monde à la fois. Quelle est la relation de Gyamfi à ces endroits? Quelle relation avons-nous, en tant que spectateurs, à ces scènes intérieures et extérieures, qui ne sont au final que des morceaux d’une entité imaginaire?


A certain bed © Eric Gyamfi

La liste complète des vingts artistes émergents sélectionnés par Foam:

Florian Amoser (Suisse), He Bo (Chine), Valentine Bo (Ukraine), Chen Ze (Chine), Maisie Cousins (UK), Sylvian Couzinet-Jacques (France), Durimel (France), Sophie Gabrielle (Australie), Eric Gyamfi (Ghana), Thomas Hauser (France), Greogory Eddi Jones (Etats-Unis), Stelios Kallinikou (Chypres), Takashi Kawashima (Japon), Dima Komarov (Russie), Lilly Lulay (Allemagne), Jaya Pelupessy (Pays-Bas), Daniel Shea (Etats-Unis), Senta Simond (Suisse), Salvatore Vitale (Italie and Carmen Winant (Etats-Unis)

Par Claire Debost

FOAM Talent | New York

Du 22 mars au 10 avril 2019

Red Hook Labs, 133-135 Imlay Street, Brooklyn, NY 11231

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