Blind Magazine : photography at first sight
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American Decorum

Pour son premier ouvrage en solitaire, Philippe Blayo parcourt l’Amérique. Il en tire un « voyage un peu halluciné à travers une Amérique déshabillée, débarrassée de ses oripeaux » et une série minimaliste aux décors singuliers. 

L’idée lui trottait dans la tête depuis quelque temps. Depuis 2013, pour être exacte, Philippe Blayo a réalisé une dizaine d’allers-retours aux Etats-Unis. Il profite de ses voyages pour photographier une Amérique dépouillée, loin des représentations idylliques du pays, et souhaite faire quelque chose de ce travail. Lui vient donc l’idée d’un livre en septembre 2022. Mais pas n’importe comment : il souhaite « un ouvrage qui me ressemble ».  Philippe Blayo à eu le choix : faire un simple livre de voyage ou réaliser un livre en accord avec son travail, sa personnalité. Le choix fût rapide. 

« La photographie n’existe pas sans un support, physique, manipulable », explique le photographe français. En dehors de la volonté de raconter ce voyage, principalement réalisé dans le Sud et le Sud-Ouest des Etats-Unis et pour une bonne partie sur la route entre Nashville et San Diego, il souhaite rendre son travail visible. Manipulable, pour reprendre son terme. 

American Decorum © Philippe Blayo
American Decorum © Philippe Blayo

« Paysages à la Japonaise » 

Sans chercher à mettre en avant une Amérique telle que certains l’imaginent – voir, telle que certains la rêve – il met en avant un pays dépouillé de ses oripeaux. Ce qu’il qualifie de voyage « un peu halluciné à travers une Amérique déshabillée ». Voyage qu’il réalise en voiture, lors de road trip de plusieurs milliers de kilomètres. 

C’est Bastien Manac’h, directeur adjoint de Polka, qui qualifie le travail de Philippe Blayo, et plus particulièrement son esthétique de « Paysages à la Japonaise ». Il fait par là référence au minimalisme du photographe, à son attrait pour les petites choses, les objets insignifiants. Cela se traduit par un intérêt pour les imperfections aussi, proche de l’esthétique japonaise – une version francisée, sans les codes propres à sa culture nippone. Dérivé du Wabi-Sabi, le travail du photographe pour le banal s’approche du zen. 

American Decorum © Philippe Blayo
American Decorum © Philippe Blayo

Philippe Blayo parle d’ailleurs « d’immobilité ». Dans la photographie, certes, qui met souvent en avant des paysages statiques. Même le vent semble absent. Dans sa pratique aussi : il aime rester sur place, « ralentir, prendre le temps ». Dans la façon d’observer les images, enfin. « Elles défilent par flash. On assiste passivement à ce qui se passe », comme le passager d’une voiture lancée à fond sur l’autoroute.  

Mais ce « voyage halluciné » est avant tout un voyage intérieur, que le photographe comparerait presque à « une thérapie ». Il se demande aussi quelle part de lui-même il doit mettre dans ce projet. « Vient aussi la notion d’héritage : quel message je transmets ? Qu’est-ce que je laisse ? ». Une drôle de façon de se livrer, de dire « sa vérité », qui est disponible depuis le 7 mars aux éditions Trans Photographic Press. 

American Decorum © Philippe Blayo
American Decorum © Philippe Blayo
American Decorum © Philippe Blayo
American Decorum © Philippe Blayo
American Decorum © Philippe Blayo
American Decorum © Philippe Blayo
American Decorum © Philippe Blayo
American Decorum © Philippe Blayo

American Decorum, Trans Photographic Press, 96 pages, 39 photographies, 38€.

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