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Frédéric Stucin : errance à Las Vegas

Frédéric Stucin : errance à Las Vegas

Le photographe révèle les coulisses de la ville aux casinos et fait de beaux portraits des solitudes. Sa série « Only Bleeding » est exposée à la galerie VU’ à Paris.

« Only Bleeding » © Frédéric Stucin

On dirait une ville en déshérence, aux façades minées par une obscurité ambiante et dans laquelle déambulent des errants, des gens qui ne savent pas vraiment pourquoi ils sont là et où ils vont. Telles sont les photographies en noir-et-blanc que Frédéric Stucin a réalisé entre 2011 et 2017 dans la cité mondialement connue pour ses hôtels gigantesques aux casinos clinquants. Le photographe ne s’intéresse pas à ce que nous connaissons déjà de Las Vegas, à savoir les hordes de joueurs aux machines à sous et l’immense business que constitue les casinos, les jeux, l’hôtellerie. Il s’intéresse à ceux qui peuplent la ville et attrape la figure des passants ordinaires, des endroits déserts, des parkings vides. Frédéric Stucin a un réel talent pour capturer la solitude. Solitude que nous pouvons lire sur les visages, que nous sentons dans les lieux, dans les passages.


« Only Bleeding » © Frédéric Stucin

Part d’ombre

« Les marcheurs solitaires, peu soucieux de s’élever au statut de modèle, progressent dans l’ombre ou la lumière de la ville. Ils vont le pas traînant et les yeux vides, névrosés urbains, chacun cherchant à éviter l’autre » écrit François Cheval, spécialiste de la photographie, au sujet de cette série de Frédéric Stucin. De fait, les personnes que ce dernier photographie possèdent cette attitude. En atteste ce couple qui se fait face dans un fast food. Ils ont beau être l’un en face de l’autre, ils semblent chacun absorbé par une profonde solitude. Ainsi, aussi, de ce couple de nouveaux riches qui marchent dans la rue ou bien de cette jeune femme qui semble plongée dans ses pensées, évasives. Frédéric Stucin parvient à nous conduire dans l’autre côté de la ville, sa part d’ombre, là où les individus se croisent sans s’atteindre, n’échangent rien sinon un vague regard l’espace d’une seconde. Le photographe enregistre le pas de ces âmes errantes, en peine, dans des tableaux élégants et qui enveloppent l’ordre des choses d’un nuage opaque et secret.


« Only Bleeding » © Frédéric Stucin

« Only Bleeding » © Frédéric Stucin

« Only Bleeding » © Frédéric Stucin

Par Jean-Baptiste Gauvin

Frédéric Stucin, Only Bleeding

10 janvier au 09 mars 2019

Galerie Vu’ , 58 Rue Saint-Lazare, 75009 Paris

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