
© Henri Foucault, Courtesy Galerie Thierry Bigaignon, 2019
De la sculpture à la photographie
Henri Foucault est diplômé des Beaux-Arts de Paris et c’est d’abord avec la sculpture (abstraite) qu’il débute son parcours artistique. Quand il choisit finalement la photographie, Foucault le fait avec les outils de la chambre noire et les méthodes de la sculpture. Pour lui, la photographie ne va pas sans une recherche sur les matières, les profondeurs et les formes. Et Dominique Païni, commissaire d’exposition, de souligner à son sujet: “Photographier et sculpter, sculpter et photographier, c’est cette alternance qui s’accomplit dans l’œuvre d’Henri Foucault ». Ou comme le souligne encore, avec beaucoup de justesse, Alix Agret dans son préambule à l’exposition : “les images d’Henri Foucault conjurent la planéité photographique transformant la photographie en médium de la trois dimensionnalités. Comme si, avec un brin de facétie, c’était précisément à travers elle que Foucault tenait à démontrer après Rodin qu’il faut toujours considérer une surface comme l’extrémité d’un volume”.

© Henri Foucault, Courtesy Galerie Thierry Bigaignon, 2019
De cette formation aux beaux arts, on trouve également trace dans son goût pour la manipulation des supports et des techniques. Fréquemment Foucault recourt à la technique du photogramme (pas d’appareil photo, les sujets sont directement exposés face à une planche photosensible), il déchire ses photographies, les surexpose, les sature. Des manipulations physiques qui confèrent à son travail une dimension fortement sensorielle et cinesthésique ; d‘autant que le corps y est au coeur.

© Henri Foucault, Courtesy Galerie Thierry Bigaignon, 2019
Les multitudes du corps mises à nu
Cette approche physique, comme une chirurgie poétique, donne lieu à d’impeccables compositions. Ombres, lumières, compositions, matières, staging : autant de choix minutieux qui se relèvent comme des indices dans le travail de Foucault et qui permettent de dire les corps autrement. Si parfois ils disparaissent même, c’est toujours leur dimension poétique qui est mise à nue, qu’il s’agisse de corps chauds, froids, impersonnels. Ce qui est dit au travers de ces photographies ce sont les multitudes du corps, ses possibles. Les interventions du photographe apparaissent comme des touches impressionnistes et permettent de dire avec beaucoup de délicatesse des empreintes, des auras, les sensations et peut-être même, les sentiments du corps.

© Henri Foucault, Courtesy Galerie Thierry Bigaignon, 2019

© Henri Foucault, Courtesy Galerie Thierry Bigaignon, 2019
Par Sophie Puig
Henri Foucault, Le corps, infiniment
Du 4 avril au 18 mai 2019
Galerie Thierry Bigaignon, 3 rue Charlot, 75003 Paris