Un photographe plongé dans le monde de la mode
Venu à New York comme tant d’autres pour réussir dans la mode, Ethan James Green a concrétisé son intérêt envers la photographie sous la tutelle de David Armstrong. Un soir, alors qu’il sort de boîte de nuit, il rencontre par hasard Hari Nef, devenue ensuite une des premières mannequins transgenre ainsi que l’un de ses premiers modèles. Dans Young New York, récemment publié par Aperture, Hari Nef signe la préface et Michael Shulman un essai pour accompagner les images de Ethan James Green. Alors que la ville de New York est marquée par la saturation d’immeubles, de personnes et de bruits, les images de Ethan James Green sont calmes et poétiques, comme suspendues dans le temps et l’espace.

Torraine, 2015; from Young New York (Aperture, 2019) © Ethan James Green
Portrait d’une communauté
En photographiant en noir et blanc avec une chambre photographique, Ethan James Green s’inscrit dans la lignée des photographes portraitistes. Traditionnellement, un portrait aspire à être réaliste mais aussi à montrer l’essence du sujet. À travers le livre, Ethan James Green met en avant l’individualité de chacun.e mais surtout il peint une communauté. Cette communauté c’est celle à laquelle il appartient, celle de la jeunesse New Yorkaise du monde de la mode mais pas seulement, qui brise les codes esthétiques et de genre. L’histoire de la photographie de portrait c’est aussi celle du photographe et de sa muse, objet de désir. Mais Ethan James Green, lui, n’a pas qu’une seule muse, mais des muses, presque sans fin. Ses muses ce sont ses ami.e.s, ou les gens qu’ils croisent dans la rue. Ses muses sont des mannequins, des artistes, des icônes de la nuit, la jeunesse queer.

Vejas and Marcus, 2015; from Young New York (Aperture, 2019) © Ethan James Green
Esthétiques de liberté
Au delà de son travail éditorial, Ethan James Green est un photographe qui, avec la série Young New York, crée un nouveau langage visuel et célèbre non pas “la beauté” comme ayant une définition unique mais “les beautés”, libres des diktats de genre. Les images de Ethan James Green sont sincères—il fait partie de la communauté des sujets qu’il photographie—mais surtout elles sont nécessaires. À travers sa monographie, Ethan James Green montre que cette jeunesse n’est pas une simple mode. Même s’il s’agit, certes, d’un moment dans le temps, d’une période de transition, il est aussi question de la représentation de cette jeunesse dans l’histoire de la photographie.

Jake, 2015; from Young New York (Aperture, 2019) © Ethan James Green

Marcs, 2015; from Young New York (Aperture, 2019) © Ethan James Green

Alex, 2015; from Young New York (Aperture, 2019) © Ethan James Green

Peter and Stevie, 2015; from Young New York (Aperture, 2019) © Ethan James Green

Matthew, 2015; from Young New York (Aperture, 2019) © Ethan James Green

Amanda and Mattie, 2015; from Young New York (Aperture, 2019) © Ethan James Green

Matt, 2015; from Young New York (Aperture, 2019) © Ethan James Green
Par Claire Debost
Ethan James Green, Young New York
Préface d’Hari Nef et essai de Michael Schulman
Aperture, avril 2019, 128 pages