
Une précieuse documentation pour l’histoire de l’art contemporain
Des années 50 aux années 80, Shunk et Kender ont suivi les grandes figures artistiques des avant-gardes contemporaines, en France et à l’international. Vernissages, performances, artistes dans leur atelier : les photographes ont intégré le bouillonnement culturel de ces années marquées par de nombreuses innovations et expérimentations artistiques.
C’est en 1957 à Paris que le duo se rencontre. À l’époque, les photographes deviennent proches des Nouveaux Réalistes et se font les témoins du travail et des performances d’artistes tels que Pierre Restany, Jean Tinguely, Jacques Villeglé, François Dufrêne, Arman, Martial Raysse, Niki de Saint Phalle (dont la séance de tir est immortalisée en 1961), Yves Klein (son happening autour de ses “anthropométries”) et Daniel Spoerri (ses “dîners”).

À New York, où ils s’installent un peu plus tard, le duo fréquente de près Andy Warhol et gravite autour d’artistes pop-art tels que Yayoi Kusama, Roy Lichtenstein, Claes Oldenburg, d’artistes conceptuels comme Dan Graham et Robert Rauschenberg ou encore de la danseuse Trisha Brown.
Ainsi, les oeuvres sélectionnées – parmi les 1000 qui constituent le fonds de la Fondation Roy Lichtenstein entré au Centre Pompidou en 2008 – apparaissent comme un précieux témoignage sur l’un des moments charnières de l’histoire de l’art. Un travail d’autant plus important que comme le souligne le Centre Pompidou, “le monde de l’art d’après 1945 est terriblement avide d’images : l’heure est aux créations et aux manifestations éphémères – actions, performances, happenings et autres événements uniques n’existent aujourd’hui que par ces captations visuelles”.

Une oeuvre documentaire novatrice
L’exposition donne à voir l’art en train de se faire et elle est en cela déjà fascinante. Mais, par delà, elle offre aussi une proximité émouvante avec certaines des plus grandes figures artistiques de l’époque. En se positionnant au plus proche des artistes, physiquement et intimement (des scènes d’ateliers aux scènes de vies privées) et en se jouant de tous les moyens du médium (jeux de cadrages, de lumières, de compositions), Shunk et Kender créent “plus qu’un enregistrement des arts”; des oeuvres à part entière.








Par Sophie Puig
SHUNK-KENDER, L’art sous objectif (1957 – 1983)
Du 27 mars au 5 août 2019
Galerie de photographies, Centre Pompidou, Place Georges-Pompidou, 75004 Paris