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Parents-enfants et vice versa

Joan Albert
© Joan Albert

À travers deux ouvrages, l’un d’une mère, Joan Albert, qui a photographié ses enfants dans Family Photographs et l’autre, d’un fils, Jean-Jacques Gonzales qui raconte dans Conversation tardive, la vie de ses parents à travers leurs archives photographiques, c’est toute la complexité et l’intensité des relations parents-enfants qui sont ici convoquées.

Joan Albert, une mère photographe

Joan Albert
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Pour la première fois, une monographie est consacrée aux photographies de Joan Albert (1943-2012). L’artiste américaine Sage Sohier, qui a édité cette publication intitulée Family Photographs, raconte : « J’ai rencontré Joan pour la première fois en 1979, lorsque j’ai assisté à un cours de Nick Nixon au Massachusetts College of Art, où Joan obtenait son MFA. Joan avait une trentaine d’années et elle élevait seule ses deux fils. Son fils cadet, Jason, était mort dans un accident et – entre son expérience de la maternité et de la perte – elle semblait infiniment plus âgée et plus sage que moi, quelqu’un de qui je pouvais apprendre sur la vie et la photographie. Elle aimait ses enfants plus que tout, et elle aimait la capacité de l’appareil photo 4×5 à rendre et à préserver magnifiquement les moments de leur vie qui changeaient rapidement. »

Joan Albert a créé son œuvre photographique durant une courte période, allant des années 1970 au début des années 1990. Ses photographies intimes, en noir et blanc, de ses fils en pleine croissance sont empreintes d’émotion et d’humour, dressant un portrait des adolescents à la fin du siècle dernier. Désireuse de saisir les subtilités des relations dans d’autres familles, elle a aussi photographié ses amis, voisins et étrangers avec leurs enfants.

Joan Albert
© Joan Albert
Joan Albert
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Joan Albert
© Joan Albert

Jean-Jacques Gonzales face aux archives de ses parents

Le père de Jean-Jacques Gonzales était un photographe amateur, il avait même initié son fils aux techniques de la prise de vue et à l’usage du Folding, un Voigtländer que Jean-Jacques Gonzales utilise toujours. Quand ses parents sont morts, le fils s’est retrouvé dépositaire de leurs archives photographiques en noir et blanc, « usées, abîmés, raturées, au format inhabituel ». Que faire de ces images ? Jean-Jacques Gonzales entreprend l’écriture d’un récit photo/texte et raconte un monde deux fois disparu, celui de l’enfance, mais aussi celui du pays natal, l’Algérie, qu’il avait quitté (il avait onze ans) définitivement avec sa famille, chassée par la guerre. Dans un récit émouvant, on voit passer la vie de sa famille, deux fois exilée, d’Espagne, puis d’Algérie. L’amour, l’exil, l’absence sont autant de thèmes traversés dans cet ouvrage sensible. « Qu’y avait-il dans cette photo qui me touche tant ? » s’interroge l’écrivain devant l’une de ses images de famille, question universelle devant ces traces du passé.

Family photographs de Joan Albert, édité par Stanley Barker, 104 pages, 50€.

Conversation tardive de Jean-Jacques Gonzales, édité par L’Atelier contemporain, 240 pages, 25€.

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