Blind Magazine : photography at first sight
Photography at first sight
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Paris en photographies, une histoire accessible

Paris en photographies, une histoire accessible

Et si vous commenciez une collection photo ? Grâce à Internet, les ventes aux enchères se démocratisent. Si certaines s’adressent à des spécialistes, étant dédiées à de grandes figures ou à des collections célèbres, d’autres visent les amateurs. L’exemple de « Paris vu par divers photographes » organisée par Christophe Gœury.
Rue de Rivoli, Paris 1er, ca 1880 © Neurdein – adjugé 150 €

Pas besoin d’être riche pour collectionner! C’est la conviction de longue date de Christophe Gœury, expert en photographie et organisateur depuis plus de vingt ans de ventes aux enchères couvrant l’histoire du médium. Il a notamment à son actif celles de la collection Michel Tournier en 2020 et de la succession Brassaï en 2006. Les 764 lots de cette dernière ont totalisé 5 millions d’euros. « En marge de ces enchères exceptionnelles, j’organise des ventes pour les jeunes collectionneurs deux à trois fois par an dont les prix démarrent à 40 ou 50 euros : Photographies pour tous et Photographies de cinéma pour tous online, respectivement depuis 2012 et 2017 », explique-t-il. 

Cela fait de Christophe Gœury un précurseur. Le succès de ces ventes l’a incité, en 2019, à proposer un nouveau rendez annuel, Paris vu par…, avec la maison Millon. Cela se passe sur la plateforme de vente en ligne artprecium.com. « J’organisais déjà des ventes en lignes avant la crise sanitaire mais on peut dire que depuis le premier confinement, les choses s’accélèrent : cloîtrés chez eux, les gens se sont tournés vers leurs écrans et n’hésitent pas à sauter le pas ».

Vitrines et enseignes : épicerie « Au soleil d’or » (5, place de l’École, 5e), « A l’homme armé », devanture d’antiquaire, Paris 5e, ca 1900 © Eugène Atget (1857-1927) – adjugé 460€
Triple autoportrait du photographe sur un panoramique, place de la Concodre, Paris 8e, ca 1870 © Eugène Disdéri (1819-1889) – adjugé 3310€

Le succès ne se dément pas : début février dernier, 62 % des 180 lots de Paris vu par…, ont été vendus, ce qui est un bon score car habituellement il avoisine plutôt les 45-50 %. Qui achète ? « D’un côté des amateurs à la recherche d’images “plaisir” pour décorer leur intérieur – pas forcément des tirages d’époque mais de qualité –, de l’autre des spécialistes et des experts comme les marchands »

De 40 à 3 310 euros 

La photo la moins chère est partie à 40 euros. Il s’agit d’un tirage des années 1980 d’une marchande de ballon prise dans un jardin parisien dans les années 1900. La plus onéreuse, vendue 3 310 €, est une rareté d’un grand photographe, Eugène Disdéri (1819-1889), représentant un lieu mythique de la capitale, la place de la concorde. « Le tirage est exceptionnel, non seulement parce qu’il date des années 1870, mais aussi parce que sur ce panoramique figurent trois autoportraits », explique Christophe Gœury.

Marchande de ballons, scène dans un jardin parisien, Paris, ca 1900 – adjugé 40€

Il faut dire que Paris est un grand classique en photographie, sujet éternel par excellence. Ce qui plaît particulièrement, ce sont les images anciennes de quartiers historiques, « ce qui a disparu », mais aussi les scènes de genre ou les vues architecturales : les baigneurs, les pêcheurs ou les amoureux au bord de la Seine, les bistrots, les lieux emblématiques comme la rue de Rivoli ou la place du Tertre. La Tour Eiffel tient bien sûr une place à part. Mais surprise, une vue de la Dame de Fer en construction de 1888 n’a pas trouvé preneur tandis qu’une autre montrant un visiteur à l’étage est partie à 100 euros. 

Tour Eiffel, montage des piliers au dessus du 1er étage, 2 juin 1888, Paris 7e – non vendu
Mimi Pinson, Aubergiste, Paris, 1952 © Willy Ronis (1910-2009) – adjugé 510€

Si nombre de ces images sont anonymes d’autres sont signées. Parmi elles, celles des frères Séeberger deuxième génération, Jean (1910-1979) et Albert (1914-1999) qui ont repris le flambeau dans les années 1930 : on y voit des vues de mode en extérieur ainsi que des scènes de genre, comme un vendeur de légumes devant le Cabaret du Lapin agile à Montmartre.

Les années 1950 étaient également à l’honneur avec d’autres célébrités : Willy Ronis (1910-2009) avec un tirage d’époque signé représentant une jolie parisienne arrosant ses fleurs à sa fenêtre ou Pierre Boulat (1924-1998) avec un colleur d’affiche du film Un Tramway nommé désir avec l’inoubliable Marlon Brando. Surtout du noir et blanc donc, charme de la nostalgie oblige, mais pas seulement. La cathédrale Notre-Dame de Paris en flamme, photographie couleur du 15 avril 2019 de Gilles Bassignac a été adjugée 2 110 euros. La preuve que les événements exceptionnels font aussi les grandes photos.

Incendie de Notre-Dame de Paris 15 avril 2019, Paris 2019 © Gilles Bassignac – adjugé 2110€

Par Sophie Bernard

Sophie Bernard est une journaliste spécialisée en photographie, contributrice pour La Gazette de Drouot ou le Quotidien de l’Art, commissaire d’exposition et enseignante à l’EFET, à Paris.

Plus d’informations sur Paris vu par… ici.

Ne manquez pas les dernières actualités photographiques, inscrivez-vous à la newsletter de Blind.